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Le sentiment collectif des marocains et l’inconnu

Evoquer le sentiment collectif des marocains conduit immédiatement à une épreuve de catégorisation sociale basée sur les perceptions individuelles prédominantes et marquantes de la sociologie collective. En d’autres termes, les individus, à travers leurs relations avec l’Etat se solidarisent et  se désolidarisent des affaires qui les concernent et qui touchent leur citoyenneté en fonction du comportement des autorités publiques chargées de gérer les affaires publiques.

Le grand retour du citoyen en tant que sujet et acteur incontournable de l’Etat de droit au Maroc dans la Constitution de 2011, a mis de la pression sur les épaules des autorités publiques pour faire en sorte que les sentiments individuels s’additionnent pour former un sentiment collectif solide et citoyen en faveur d’un Etat de droit solide et crédible aux yeux de ses sujets.

Toutefois, les individus se trouvent devant l’incertitude, l’instabilité et l’imprévisibilité des réformes et des politiques publiques. Chose qui remet en cause leur confiance à l’égard de l’Etat et par conséquence fragilise le sentiment collectif supposé confiant et tranquille  dans un contexte hautement changeant et instable.

Le dernier exemple de la réforme sur la flexibilité du dirham témoigne des troubles et des violences psychologiques que subissent les citoyens à chaque fois que l’Etat engage une réforme unilatérale sans aucune communication préalable visant à expliquer et argumenter ses choix qui risquent d’hypothéquer l’avenir de toute une génération forcée d’y adhérer malgré elle.

La violence des réformes place les citoyens en marge des choix de l’Etat. Le saut dans l’inconnu caractériserais presque toutes les réformes entreprises par les autorités publiques. C’est l’un des facteurs majeurs qui oblige les citoyens, par la force des faits, à décliner leur amour de la patrie et à tout faire pour s’indigner face à l’Etat. Cet dernier, par absence de communication et d’information, s’éloigne petit à petit des aspirations individuelles de ses citoyens ; il  trouble ainsi et fragilise inéluctablement le sentiment collectif d’appartenance au Royaume.

La tendance alarmante du sentiment collectif des marocains à l’égard de leur appartenance collective devrait interpeller les autorités publiques afin d’y intervenir avant qu’il soit trop tard. Une remise en cause des comportements de l’Etat envers les citoyens s’impose en urgence. Pour y parvenir il incombe à l’Etat de placer le citoyen au centre de ses actions et ses politiques et le considérer comme un vrai acteur de ce qu’il entend entreprendre au lieu de le solliciter uniquement à l’occasion des élections ou lorsque les circonstances internationales et régionales l’oblige.

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