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Bourita à Alger: «La stabilité n’est pas compatible avec l’irresponsabilité»

À défaut de dialoguer directement, le Maroc et l’Algérie s’envoient des piques verbales par ministres interposés. Un nouvel échange de piques peu amènes a eu lieu dimanche.

Une petite flèche, rouge et bien aiguisée, a été lancée hier dimanche par le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, à son homologue algérien, Abdelkader Messahel. Ce jour-là, Alger acceuillait la 14ème réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres du dialogue en méditerranée occidentale « 5+5 ».

À la fin de son discours consacré à la jeunesse et à la migration – le Maroc présentera un agenda africain de la migration au sommet de l’Union africaine (UA) fin janvier -, le ministre marocain a déclaré : « Davantage qu’un principe, le bon voisinage est une valeur et un engagement, pour les États aussi, pour les États surtout. La stabilité n’est pas compatible avec l’irresponsabilité. Et ça, tout le monde le sait ! ».

Le retour de la polémique du haschisch

Tout le monde sait d’où vient le haschich en Afrique du Nord, il ne vient pas d’Afghanistan, c’est trop loin

Cette dernière phrase – écrite en gras et en rouge dans le texte transmis aux journalistes- se veut une réponse à une ancienne déclaration du chef de la diplomatie algérienne prononcée en octobre. Devant un parterre d’hommes d’affaires algériens, ce dernier avait alors dit que les banques marocaines blanchissaient du haschich en Afrique. Il était même allé jusqu’à soutenir que « la Royal Air Maroc transportait autre chose que des passagers. Et ça, tout le monde le sait ! « .

Depuis, cette dernière expression n’arrête pas de susciter l’amusement de la toile. Son brin de satire témoigne du profond désaccord entre les deux frères ennemis qui ne dialoguent pratiquement plus, se livrant à une guerre d’influence acharnée sur tout le continent.

Samedi 20 janvier, le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, en a rajouté une couche en déclarant, à l’issue d’une réunion du Conseil national de son parti le Rassemblement national démocratique (RND), que « tout le monde sait d’où vient le haschich en Afrique du Nord, il ne vient pas d’Afghanistan, c’est trop loin. ».

Entre fâcheries et évitements

Jusqu’à samedi 20 janvier, la presse algérienne a nourri la polémique sur la participation du ministre marocain au dialogue 5+5, affirmant qu’elle était incertaine. Abdelkader Messahel avait reçu ce jour-là les délégations officielles participant à ce dialogue.

La délégation marocaine, annoncée pourtant ce joue-là, n’était pas présente. Elle n’atterrira à Alger que le lendemain. « Le ministre marocain est arrivé dimanche en retard pour éviter un accueil par son homologue Abdelkader Messahel « , écrit le site d’information TSA.

De son côté, la diplomatie marocaine a fait savoir que le déplacement de son ministre s’est fait dans un cadre spécifique, celui de la coopération régionale, et n’est aucunement lié aux relations entre le Maroc et l’Algérie.

Profondément divisés sur le sujet du Sahara occidental, les relations entre les deux pays ont atteint un tel degré de dégradation qu’elles se limitent au strict protocolaire : des échanges de salutations comme l’avait fait Ahmed Ouyahia avec le roi du Maroc lors du sommet UA-UE, en novembre à Abidjan. Les fâcheries diplomatiques sont monnaie courante entre les deux pays, avec leur lot de rappels d’ambassadeurs, comme ce fut notamment le cas lors de la crise des réfugiés syriens, bloqués à la frontière entre les deux pays, ou encore après les précédentes déclarations de Messahel sur l’argent du haschich qui avaient hautement fâché Rabat.

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