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Tourisme: Le fonds de défaisance verra bel et bien le jour (ENTRETIEN)

TOURISME – Invitée de la Chambre de commerce britannique au Maroc, Lamia Boutaleb, secrétaire d’État auprès du ministre du Tourisme, a présenté la vision de son département dans le cadre d’une conférence autour des leviers de compétitivité, des enjeux et des défis du secteur touristique national. Le HuffPost Maroc est allé à sa rencontre pour une interview exclusive.

HuffPost Maroc: Pourquoi le marché britannique revêt-il autant d’importance pour le tourisme marocain ?

Lamia Boutaleb: Le marché britannique a beaucoup de potentiel. Il est quand même notre deuxième marché en termes de nuitées après le marché français (troisième si l’on prend en considération les touristes nationaux qui représentent le premier marché en termes de nuitées, ndlr). Il a également connu une croissance solide ces dernières années, alors que d’autres marchés ont été moins résilients. Il ne faut pas oublier aussi que deux des plus importants opérateurs low-costs aériens au Maroc sont britanniques (EasyJet et Ryanair). Nous avons beaucoup de liaisons avec ce marché qu’on devrait développer encore plus.

Quel est le profil du touriste britannique?

Les Britanniques voyagent beaucoup, en particulier en hiver lorsqu’il fait froid. Ils sont alors à la recherche du soleil et c’est tout naturellement qu’ils viennent au Maroc. Globalement, le touriste britannique est un touriste qui a plus de 45 ans et dont les enfants ont grandi. Il cherche surtout du city-break, même s’il lui arrive d’opter pour du all-inclusive, notamment à Agadir. Il dépense à peu près 700 dirhams par nuitée.

Plus globalement, le secteur touristique marocain souffre encore du manque de financements. Quelles sont les actions que vous comptez entreprendre pour y remédier?

Effectivement, les outils dont on dispose actuellement pour le financement du tourisme ne sont pas nécessairement avancés, mais nous travaillons dessus. Le volet investissement sera d’ailleurs l’un des trois axes principaux sur lesquels va porter la feuille de route de la vision 2020 qui sera présentée le 2 avril prochain lors du Forum d’Agadir. Il faut dire aussi que parler de financement n’implique pas automatiquement les banques: le financement en fonds propres est également important. L’idée est aujourd’hui de mettre en place des mécanismes de soutien en fonds propres pour accompagner les investisseurs qui ne parviennent pas à arriver au TRI (taux de rentabilité interne, ndlr) minimum dont ils ont besoin pour réaliser leur investissement. On a déjà le fonds Itmar, mais il y a la possibilité de faire davantage.

Quid des créances en souffrance chez les banques? Un Fonds de défaisance pour assainir les dettes a été évoqué. Cette éventualité est-elle étudiée par le ministère?

Oui et ce fonds verra bel et bien le jour. Le développement du tourisme devra forcément passer par les banques et tant qu’on n’aura pas réglé ce problème, il est normal que ces institutions ne puissent pas continuer à financer le secteur de façon agressive. Avec la mise en place du Fonds de défaisance, les créances en souffrance détenues par les banques marocaines sur le secteur seront isolées, ce qui apportera un nouveau souffle et leur permettra de contribuer à nouveau au financement du secteur.

Qu’avez-vous fait suite aux doléances des professionnels du tourisme de Ouarzazate?

Il y a deux problèmes importants à Ouarzazate. Premièrement, la ville n’est pas bien connectée que ce soit à travers les routes et par les airs. Nous travaillons en ce sens avec le ministère de l’Équipement pour accélérer la mise en place du tunnel de Tichka ce qui, je pense, va pouvoir faciliter le transport. D’autant plus que la région de Marrakech et la région de Ouarzazate sont déjà prêtes à contribuer et qu’une solution a même pu être trouvée pour le financement. Sur l’aérien, beaucoup de lignes sont aujourd’hui en train d’être mises en place à des prix défiant toute concurrence. On est en pleine négociation avec des low-costs pour augmenter les points à points sur Ouarzazate. Une solution devra être trouvée pour l’hiver prochain.

Le deuxième problème concerne les investissements. Ces derniers se sont faits par endettements massifs, ce qui fait que les banques se retrouvent aujourd’hui quasi-actionnaires de la plupart des établissements hôteliers de la ville. Beaucoup d’hôtels ont donc fermé ou se sont retrouvés dans l’incapacité de survivre. Nous sommes en train de réfléchir à une solution pour cela, qui rentrera de toute façon dans les mécanismes sur lesquels nous travaillons pour le volet financement de manière globale.

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