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Jerada: Suite à l’arrestation d’une vingtaine de personnes, des comités de soutien s’organisent

JERADA – “Nous avons observé ce matin à 10h un sit-in devant le palais de justice à Oujda. Les détenus de Jerada ont été déférés, aujourd’hui, devant le tribunal qui a décidé, à la fin de l’audience, de reporter le procès au lundi prochain, le 26 mars”. Karim Saïdi, membre du bureau exécutif de l’Association nationale des diplômés chômeurs, déclare au HuffPost Maroc que la tension à Jerada risque de durer encore longtemps. La détention des manifestants a suscité la colère, mais aussi un élan de solidarité ayant amené plusieurs organes associatifs et syndicaux à constituer le 15 mars un comité de soutien. “Ce sit-in en a été le première initiative. Nous allons en décider d’autres dans les prochains jours dans le cadre d’une réunion”, annonce Ahmed Bousmaha, président de la section locale de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Oujda.

 Pour ce dernier, de nouvelles manifestations ou marches pourraient être envisagées. “En plus des 4 premiers détenus, se sont ajoutés au total 23 autres arrêtés ces derniers jours. La tension est montée d’un cran à Jerada où la présence sécuritaire se fait très imposante”, affirme Ahmed Bousmaha.
 “Jerada est encerclée et au village Laâouinat, les agents de l’autorité ont carrément planter des tentes”, raconte encore ce natif de Jerada.

Le comité de soutien aux prisonniers politiques du Hirak à Casablanca a dénoncé, dans un communiqué publié ce lundi, “l’approche sécuritaire” appelant à y mettre un terme. “Nous ne pourrons jamais considéré l’approche sécuritaire comme une réponse digne d’un État qui se veut démocratique”, dit-il. Et de souligner que “manifester en vue de revendiquer plus de justice sociale est un droit reconnu par le droit international”.

 Ce comité de soutien appelle à “l’arrêt de la militarisation de Jerada” et à la libération immédiate de tous les prisonniers politiques du Maroc, et en particulier ceux du Hirak du Rif et de Jerada”. Il annonce, également, “la constitution d’un front unitaire de toutes les forces vives du Maroc pour lutter contre la régression continue des droits de l’Homme au Maroc, et en particulier contre l’emprisonnement politique”. Un programme devrait définir dans les prochains jours les démarches que les membres comptent entreprendre.
 Le bureau  central de l’AMDH a, pour sa part, mis en garde le gouvernement contre l’intensification de la crise à Jerada appelant ce dernier, dans un communiqué, à “ouvrir le dialogue”.

Soulignant que seul la libération des détenus pourrait apaiser le climat à Jerada, l’AMDH insiste aussi sur l’application du principe de la réédition des comptes visant à sanctionner les responsables de “la crise économique” de Jerada.

Pour rappel, au lendemain de l’interdiction par les autorités locales de Jerada de toute forme de protestation non autorisée, mardi 13 mars, une manifestation  a secoué la ville le lendemain. De violents affrontements ont fait “312 blessés chez les forces de l’ordre et 32 chez les manifestants”, a indiqué le secrétaire général de la préfecture de l’Oriental, dans un entretien à l’AFP.

Le porte-parole et ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et la Société civile, Mustapha El Khalfi, avait déclaré, jeudi dernier, à l’issue du conseil de gouvernement, que les affrontements ont fait 10 blessés graves, dont 8 agents des forces de l’ordre et 2 manifestants, tous transférés au CHU d’Oujda.

Rappelant que la manifestation avait pris départ par le sit-in de cinq personnes dans un puits à charbon, El Khalfi a assuré que le ministère de l’Intérieur était en droit de mettre en garde contre les manifestations et rassemblements non autorisées. Et d’engager la responsabilité collective du gouvernement visant à apaiser la situation pour œuvrer concrètement.

Par ailleurs, le porte-parole du gouvernement a précisé qu’il n’y a aucun décès à déplorer dans ces affrontements, rejetant catégoriquement toutes les rumeurs évoquant des décès ou des suicides qui seraient liés à la situation.

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