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décryptage: les conflits interétatiques au Moyen-Orient

le Moyen-Orient est une région du globe qui a pris forme sur les vestiges des empires musulmans. Notamment ottoman et persan, et de l’empire des Moghols. Il s’étend sur environ 4000 km entre les détroits turcs et la pointe sud-est de l’Arabie sur l’océan Indien d’une part, et d’autre part, entre la vallée du Nil et les frontières de l’Afghanistan. Le tracé de ses frontières résulte desAccords Sykes-Picot-Sazonov de 1916, qui ont enclenché le découpage de l’Asie Mineure entre les puissances européennes, soit la Grande-Bretagne, la France et la Russie. Aujourd’hui, on associe généralement le Moyen-Orient aux états suivants: les pays centraux du croissant fertile (l’Irak, Palestine, la Jordanie, le Liban, la Syrie, Israël), les états de la péninsule arabique (l’Arabie saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït, l ’Oman , le Qatar, et le Yémen), ainsi que les trois grands pays périphériques (l’Egypte, l’Iran et la Turquie). De plus, si l’on ajoute les Etats compris dans la définition du Moyen-Orient de l’administration Bush (soit le Grand Moyen-Orient), on y ajoute l’ensemble des états du Maghreb ainsi que le Pakistan et l’Afghanistan.

La région moyen-orientale possède d’importantes réserve pétrolières, constituant près de 61% des réserves prouvées de pétrole a l’échelle mondiale (en excluant les pays du Maghreb, le Pakistan et l’Afghanistan) et plus de 80 % des réserves prouvées de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Annuellement, le Moyen-Orient produit un peu plus de 30% du pétrole mondiale et exporte près de 92% de sa production. Plus concrètement, les réserves pétrolifères prouvées de l’Arabie Saoudite sont de 264 milliards de barils, celles de l’Irak de 115 milliards de barils, celles du Koweït de 97 milliards de barils, celles de l’Iran de 138 milliards de barils et celles du Qatar de 27 milliards de barils, (données provenant de la société BP, 2007). De plus, les réserves gazières de la région sont considérables. Elle possède plus de 41% des réserves mondiales de gaz naturel. Ainsi, bien que cette région soit riche en ressources naturelles, elle demeure le théâtre de conflits déclarés et d’autres latents qui risquent d’exploser si les conditions se présentent.

D’ailleurs, la plupart des frontières dans la région moyen-orientale ne sont pas naturelles, mais plutôt conventionnelles, puisqu’elles ont été tracées par l’ex-colonisateur français ou britannique. Elles sont donc également sources de tensions dans cette région. En effet, ces frontières ont eu pour résultat de diviser des groupes ethniques et religieux auparavant homogène. De ce fait, ces tracés restent encore contestés, ou du moins non reconnus, ce qui accentue la possibilité de conflits ou d’affrontements découlant de ces différends. Voici quelques exemples de ces différends frontaliers:

* un différend frontalier entre le Sultanat d’Oman et le Yémen a déjà dégénéré en un conflit armé en 1988.

* le Qatar et le Bahreïn n’ont pas encore résolu leur différend frontalier portant sur les iles d’Hawar et Fast al Dibel et qui persiste depuis plus de 50 ans. Un autre litige frontalier oppose le Qatar à l’Arabie Saoudite, sur la zone d’Al Khofous.

* les Emirates arabes unis et l’Iran n’ont toujours pas réussi à régler leurs différends concernant les Iles. Tomb (petite et Grande) et Abou Moussa, occupées par l’Iran en 1971.

*la zone frontalière de Halaib reste toujours contestée entre l’Egypte et le Soudan.

* Au Cachemire, le conflit qui l’oppose à l’Inde absorbe une grande partie des ressources du Pakistan et l’a beaucoup affaibli en politique étrangère, l’obligeant notamment à faire des concessions aux Etats-Unis pour les rallier à sa cause contre l’Inde, ou du moins garantir leur neutralité.

* Le conflit du Sahara Marocain persiste depuis 1975 et envenime les relations entre le Maroc et l’Algérien. Ce qui retient l’attention , c’est l’absence de négociations directes entre les deux pays voisins.

D’autre types de conflits, à caractère idéologique, ont également retenu l’attention au Moyen-Orient, et ce, bien qu’il n’engendrent pas automatiquement une confrontation entre les protagonistes. Parmi eux, nommons les rivalités entre l’Iran chiite et non arabe et l’Arabie Saoudite sunnite. Malgré une absence de confrontation, ces rivalités persistent et sont liées à la volonté d’obtenir un leadership régional, de même qu’à un conflit historique et doctrinal plus profond du monde musulman, entre sunnites et chiites.

Cela étant, eu égard à sa situation géographique et à son importance géopolitique et énergétique, vu le déficit de la modernisation étatique et de la démocratisation. La faiblesse des forces de la société civile et les ingérences externe, sans oublier le manque des mécanismes de résolutions des conflits, le Moyen-Orient reste une région sujette aux turbulences et aux soubresauts. Du coup il suscite les convoitises, l’éclosion de conflits et leur complexification.

Youssef El Kiasse

Chercheur en relations internationales.

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