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Un Mondial 2026 au Maroc serait une excellente nouvelle pour la jeunesse africaine

 Le 13 juin, veille de l’ouverture de la Coupe du monde de football en Russie, les 207 délégués de la FIFA voteront pour attribuer l’organisation de la compétition en 2026. Le Maroc, candidat de l’Afrique, fera face au trio Etats-Unis – Canada – Mexique.

Même s’il ne part pas favori, le royaume chérifien a des chances d’organiser cet événement et doit en ce sens obtenir l’appui des pays africains.

Plusieurs raisons plaident en faveur d’un soutien à Rabat. La plus évidente reste l’argument continental. Le Maroc représente l’Afrique dans cette compétition.

« Panafricanisme du réel »

Je n’ignore pas le traitement très souvent réservé aux populations noires dans le pays. Ceci, cumulé à l’attitude du royaume en 2015 qui avait, en pleine crise Ebola, refusé d’abriter la Coupe d’Afrique des nations, pousse de nombreuses personnes à refuser de le soutenir. Cette décision de Rabat en 2015 fut scandaleuse. Elle a montré encore une fois le mépris que les autorités et une partie des citoyens du pays éprouvent vis-à-vis de ce qu’ils appellent « l’Afrique », refusant symboliquement de s’inclure dans notre ensemble.

Mais cet épisode peut être dépassé, sans ignorer les réalités parfois difficiles qui polluent la relation avec le royaume. Géographiquement, politiquement et émotionnellement, le Maroc est un pays africain. Sa candidature à l’organisation de la Coupe du monde doit nous concerner au premier chef. La soutenir est une preuve de ce que nous appelions, au sein du cercle de réflexion L’Afrique des idées, « le panafricanisme du réel », celui qui, au-delà des discours incantatoires, contribue à construire une unité concrète du continent.

Soutenir le Maroc afin qu’il obtienne le Mondial 2026, c’est aussi participer à une plus grande inclusion de l’Afrique dans le temps du monde. En 22 éditions – dont celle qui va s’ouvrir en Russie et celle de 2022, attribuée au Qatar –, nous n’aurons accueilli la compétition qu’une seule fois, en 2010, en Afrique du Sud.

Le football est politique

La FIFA ne fait pas mieux que les autres organisations internationales, dans lesquelles le continent a souvent une voix largement minoritaire. Seules cinq places pour la Coupe du monde sont réservées aux 55 fédérations affiliées à la Confédération africaine de football (CAF). A titre comparatif, les sélections européennes en ont 13, alors que leur instance continentale, l’UEFA, compte le même nombre de membres que la CAF.

Je fais partie de ceux qui pensent que le football est une matière politique. Le sport génère trop d’argent, de passions et de tensions sociales et identitaires pour être relégué au rang de simple divertissement. Donald Trump ne s’y est pas trompé en menaçant les pays bénéficiaires de l’aide américaine qui seraient tentés de ne pas voter pour les Etats-Unis. M. Trump estime sûrement que la FIFA ne devrait pas confier une Coupe du monde à un « pays de merde »,terme qu’il a récemment utilisé vis-à-vis des Etats du continent.

Après le choix plus qu’étrange de confier l’organisation du Mondial 2022 au Qatar, ne pas céder aux pressions américaines serait pour la FIFA un geste qui aiderait à redorer son blason terni par les affaires de corruption. Une victoire de la candidature marocaine le 13 juin serait un pied de nez à Donald Trump, un rééquilibrage géopolitique nécessaire et, surtout, une excellente nouvelle pour une jeunesse africaine qui vibre plus que toute autre pour le football. Cette jeunesse habituellement obligée de suivre les compétitions à la télé car constamment confrontée au filtre du visa d’entrée dans les pays organisateurs.

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