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Un poste, trois possibilités: qui pour remplacer Boussaid à la tête du ministère des finances?

POLITIQUE – Finalement, l’acte II du “séisme politique” a bien été enclenché par le roi Mohammed VI ce mercredi, au travers d’un communiqué laconique du cabinet royal annonçant le limogeage du titulaire du maroquin de l’Économie et des Finances, Mohammed Boussaid. Alors que la plupart des observateurs s’attendaient à ce que l’opération d’élagage du gouvernement intervienne lors du discours du trône, le souverain marocain a encore une fois joué sa partition à contre-tempo, attendant que les festivités de la fête nationale soient terminées avant de sonner le début des sanctions contre l’exécutif. Plusieurs possibilités s’ouvrent désormais pour remplacer Boussaid à la tête des Finances. Revue de détail.

À la différence des limogeages précédents, l’analyse du très bref communiqué du cabinet royal ne donne aucune indication quant à la prochaine étape pour désigner le futur grand argentier du pays, ce qui en soi constitue une indication sur la volonté de ne s’interdire aucune option. En effet, à aucun moment il n’est fait mention d’ouverture de discussions au sein de la majorité afin de soumettre au roi des candidats potentiels. Or, le plus grand perdant avec le limogeage de Boussaid est sans conteste le Rassemblement national des indépendants (RNI), qui voit lui échapper le plus gros portefeuille dévolu au parti dirigé par Aziz Akhannouch, qui contrôlait jusque-là l’essentiel des portefeuilles dits économiques. En attendant qu’un probable ministre intérimaire soit désigné avant la nomination.

Dans ce contexte, trois options se dégagent, sans pour autant être exclusives l’une de l’autre, car au Maroc plus qu’ailleurs, une combinaison de plusieurs d’entre elle peut être choisie.

Option 1: la désignation d’un ministre “de souveraineté”

Dans un contexte ou l’Économie et les Finances sont sous pression du fait de la rétractation des ressources fiscales et du ralentissement de l’investissement privé, il peut être envisagé de nommer une personnalité “incontestable”, à l’autorité avérée en matière de pilotage des affaires économiques, afin de prendre en main le vaisseau des finances, réputé difficile à manœuvrer avec ses innombrables baronnies, ses milles intrigues et ses centaines de dossiers urgents. Il faudrait pour cela aller chercher soit dans la société civile et les milieux d’affaires, voire dans le pré carré des personnalités à l’expérience avérée. Dans ce contexte, plusieurs noms pourraient faire valoir leur expérience ainsi que leur capacité à gérer un ministère aussi stratégique tout en ayant le bénéfice de jouir de la confiance du souverain. De facto, cela ferait basculer le ministère des Finances dans le giron des ministères de souveraineté, à l’instar de l’Intérieur, des Affaires étrangères ou encore des Affaires islamiques, permettant au titulaire du poste de ne pas entrer dans les logiques partisanes et d’entretenir une ligne directe avec le palais.

Option 2: mercato interne au sein du RNI

S’il est choisi de respecter la logique de la coalition gouvernementale et de redonner au RNI le portefeuille des Finances, le scénario le plus probable serait alors qu’un poids lourd du parti de la colombe soit désigné pour cette tâche. En tête de liste, bien entendu, le patron du parti, Aziz Akhannouch, qui avait laissé une très bonne impression au sein du ministère lors de son passage comme intérimaire au cours du “blocage gouvernemental”. Il faudrait alors trouver au milliardaire originaire du Souss un remplaçant pour reprendre le ministère de l’Agriculture, ce qui ne constitue pas une mince affaire et déboucherait sur un remaniement plus vaste. Autre option envisageable, le “transfèrement” de Moulay Hafid Elalamy vers le ministère des Finances ou la création d’un super-ministère incluant l’Économie et l’industrie, quoique peu probable du fait du périmètre très large que cela créerait. Enfin, le RNI pourrait, dans cette configuration, puiser dans sa vaste réserve de cadres pouvant se prévaloir d’une solide expérience ministérielle, à l’instar d’Anis Birou, de Nawal El MoutawakEl ou encore de Moncef Belkhayat.

Option 3: l’ouverture vers l’Istiqlal

Officiellement dans l’opposition depuis l’arrivée de Nizar Baraka à sa tête, l’Istiqlal n’a jusqu’à présent pas fait d’appels du pied pour rejoindre la coalition gouvernementale. Toutefois, au vu des difficultés que connaît l’exécutif, et “si les circonstances l’exigeaient” pour reprendre une formule d’un haut cadre du parti de la balance, l’Istiqlal pourrait être appelé à pourvoir le département des Finances, surtout que le parti s’est positionné sur le terrain économique en proposant une loi de finances corrective plus axée sur le social fin mai dernier, une proposition sèchement rejetée par l’exécutif. Reste que cette option est également liée à un remaniement plus large et à une redéfinition de la vision gouvernementale, dont rien n’indique en ce moment qu’elle soit à l’ordre du jour. De surcroit, rien n’indique que Baraka, engagé dans une opération de “nettoyage des écuries d’Augias” après le départ de Hamid Chabat, souhaite que son parti ne rejoigne un exécutif fragilisé, ce qui compromettrait son plan de bataille pour les législatives de 2021.

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