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Le « médecin des pauvres » condamné à une amende de 30.000 dirhams

Devant le tribunal de première instance de Tiznit, des hommes, des femmes et des enfants brandissent des pancartes en solidarité avec le chirurgien pédiatrique Mehdi Echafî, surnommé le “médecin des pauvres” par ses soutiens depuis qu’il a dénoncé, notamment, des cas de corruption dans le système hospitalier.

Ce lundi matin, son procès dans lequel il est poursuivi pour “insulte et injure” à l’encontre de son supérieur hiérarchique, le directeur de l’hôpital Hassan 1er, s’est achevé par sa condamnation à une amende de 30.000 dirhams.

Un verdict que dénonce la foule venue nombreuse revendiquer en choeur “l’acquittement du docteur” en lançant des youyous qui ont retenti dans l’enceinte du tribunal, comme le montre cette vidéo partagée par le Dr Mehdi Echafî sur sa page Facebook:

Ce n’est finalement pas un acquittement qui a été prononcé par le tribunal de première instance. Son verdict a eu l’effet d’un choc au sein des manifestants restés amassés à la sortie du tribunal pour accueillir le médecin et lui témoigner leur soutien. Dr Echafî rejoint la foule et lève sa main pour faire le signe de la victoire.

Appelé à s’exprimer sur sa condamnation par un jeune qui se fait appeler “Facebooker libre”, le médecin déclare dans une vidéo en direct publiée sur sa page qu’il s’attendait à “une sentence plus grave”, accusant le directeur de l’hôpital et les représentants du ministère de la Santé de “vouloir l’empêcher de dénoncer la corruption dans ce secteur”. Une tentative vaine, assure-t-il, précisant qui “continuera à militer pour les enfants”.

Dr Echafî réitère le discours qu’il a toujours tenu à l’égard de son employeur (le ministère de la Santé), rappelant avoir frappé à plusieurs portes, en adressant des lettres restées sans suite. Pour lui, le ministère de la Santé a préféré “lancer la balle à la justice” au lieu de traiter le problème.

Sa démission déposée le 23 juillet pour protester contre des “abus” et des “problèmes administratifs” dont il se dit victime, il y tient plus que tout autre jour. D’ailleurs, vendredi dernier, il a souligné sa détermination de la maintenir en réaction à une interview du ministre de la Santé, Anass Doukkali, accordée à Horizon TV et dans laquelle ce dernier annonce son refus de la démission du Dr Echafî. “Nous avons besoin de compétences” a justifié le ministre, estimant qu’il n’est pas possible “de renoncer au Dr Echafî et à ses semblables” pour la bonne marche du système de santé public.

Pour le chirurgien pédiatrique exerçant depuis un an à Tiznit, le ministre “défie” sa décision et ne montre “réellement aucune sollicitude envers les médecins”.

La direction régionale de la Santé Souss Massa, pour sa part, a assuré, par le biais d’un communiqué, que tout fonctionnaire a le droit de déposer sa démission mais que c’est à la direction de refuser ou d’accepter, conformément à la loi de la fonction publique.

Cette direction a aussi accusé le médecin en question d’avoir commis “des erreurs administratives” ayant nécessité le recours au conseil de discipline et qu’il “a refusé de soigner un enfant” et l’a renvoyé vers l’hôpital régional d’Agadir “sans raison valable”.

Ce médecin, ajoute la même source, est tenu responsable aussi d’avoir “publié le dossier médical de l’enfant sur sa page Facebook”. Ce qui représente une violation du secret professionnel, rappelle le communiqué, précisant qu’en sanction, le Dr. Echafî s’est vu priver de son salaire pendant quatre mois.

Quant au procès dans lequel il a été condamné, la direction estime que c’est “une affaire personnelle”, sans aucun lien avec son activité professionnelle.

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