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Sanctions américaines Le gendarme économique de la planète

Faire au mal au portefeuille de certains Etats. Voila résumé l’objectif final des sanctions économiques prises au cours de l’histoire par certains pays et organisations internationales, contre différents régimes.

Si la guerre dans sa forme traditionnelle a quasiment disparu, la violence existe toujours, et s’est même renforcée avec le refus de l’Etat d’assumer un rôle de soldat. Des solutions de rechange sont aujourd’hui mises en avant par les institutions internationales et par les démocraties dont les options publiques refusent le principe des conflits armés. Les Etats-Unis ont proposée des moyens de persuasion susceptibles d’éviter le recours à la force armée, sans pour autant faciliter un désordre international. Contre les Etats ont ainsi été adopté un ensemble de mesures économiques connues sous le nom de sanctions, et reproduite sur le modèle des résolutions votées aux Nations Unies, mais de façon unilatérale. Toutefois, ces sanctions ne permettent pas  toujours d’obtenir les résultats souhaités, notamment parce que leur formulation s’explique davantage par des considérations internes que des enjeux internationaux. Par ailleurs, si elles se montrent parfois peu efficaces pour frapper des Etats, elles sont totalement inopérantes face à des groupes non étatiques, et semblent dés lors peu adaptées aux nouvelles menaces. Pis encore, elles ont souvent pour effet de générer de nouvelle tensions.

Les sanctions économiques sont perçues par les Etats-Unis comme des actions peu couteuses, car elles ne nécessitent aucune attributions de fonds et les conséquences sur les entreprises américaines ne sont pas directement visibles. C’est également l’avis de James Schlesinger, ancien secrétaire à la défense, pour qui « les sanctions américaines semblent être moyen peu couteux de montrer notre désapprobation de l’attitude d’autres gouvernements sans courir le risque d’une action militaires. Pour cette raison, les sanctions sont devenues une arme de premier emploi et non de dernier emploi ». En effet, alors que les sanctions économiques unilatérales mises en place par les Etats-Unis sont souvent perçues comme des mesures brutales, et que de nombreux pays étrangers reprochent aux Etats-Unis d’abuser de leur puissance politique et économiques pour imposer leur conception des relations internationales. Les Américainsconsidèrent au contraire que les sanctions sont une méthode douce. L’alternative entre ne rien faire et faire la guerre. C’est ce caractère jugé inoffensif aux Etats-Unis qui rend les sanctions sipopulaires. Richard Haas explique cette popularité par le fait que « les sanctions apparaissent comme réponse à un défit dans lequel les intérêts en jeu ne sont pas vitaux. De plus les sanctions sont un moyen de montrer le désaccord avec un certains comportement. La réticence américaines à utiliser la force miliaires est une autre motivation ». Ainsi, a rappelé que lorsque le président Wilson ajouta de façon formelle les sanctions à la liste des armes diplomatiques, il entendait en faire un substitut à l’usage de la force. Les sanctions, une approche wilsonienne des relations internationales.

On peut remarquer que, dans ces discussions, la question de l’efficacité des sanctions n’est pratiquement jamais évoquée. Quand elle l’est, c’est simplement pour souligner que le plus important est d’agir. Que les sanctions soient inefficaces, qu’elles soient contre-productives ou qu’elles pénalisent davantage les populations que les dirigeants des pays visées, ce n’est pas le plus important, l’éditorialiste Thomas Friedman a parfaitement résumé cette attitude en parlant, à propos des  sanctions contre l’Iran, de Feel-Good Containement, qu’il définit comme étant « une politique qui nous fait nous sentir bien, sans que l’Iran se sente assez mal pour changer de comportement ».

Pendant de longues années, les sanctions économiques américaines sur l’Iran et ses clients potentiels avaient permis d’amener la République islamique à la table des négociations, qui aboutirent au texte signé en 2015. Désormais, ces mêmes sanctions américaines pourraient tuer l’accord issu de ces pourparlers. La logique est d’empêcher le monde entier de commercer avec l’Iran afin de mettre une pression maximale sur le régime de Téhéran.

Washington entend donc désormais forcer les entreprises étrangères à choisir entre faire des affaires en Iran ou aux Etats-Unis. Ces sanctions dites « extraterritoriales », s’appliquerait immédiatement pour les contrats nouvellement signés et à l’issue de 90 à 180 jours pour les contrats déjà validés.

Le choix donné par Donald Trump à de nombreuses entreprises dans le monde est lourd de conséquences. En annonçant sa sortie de l’accord sur le nucléaire iranien et le rétablissement des sanctions visant les entreprises qui travaillent en Iran, le président américain frappe au portefeuille.

Une « erreur économique » selon le ministre français de l’économie Bruno le Maire, « ça fait des Etats-Unis le gendarme économique de la planète et je considère que ce n’est pas une situation qui est acceptable ».

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