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Affaire Khadija: L’Unicef déplore l’absence d’un système de protection de l’enfance au Maroc

L’affaire Khadija, du nom de la jeune fille de 17 ans qui dit avoir été kidnappée, violée et tatouée de force par une dizaine d’hommes à Oulad Ayad, dans la région de Beni Mellal, a fait réagir l’Unicef. L’agence de l’ONU qui promeut les droits de l’enfant a publié un communiqué ce mercredi 5 septembre déplorant l’absence d’un vrai système de protection de l’enfance au Maroc malgré les politiques publiques élaborées en la matière.

L’Unicef “appelle à ce que les droits des enfants impliqués dans ce cas soient respectés, qu’ils soient victimes, témoins ou accusés”, et estime que les enfants, quels que soient leur cas, “sont d’abord victimes de l’absence d’un système intégré de protection de l’enfance au Maroc”.

“Le cas de Khadija n’est pas isolé”

“Le cas de Khadija n’est pas isolé”, indique l’Unicef, rappelant qu’en 2017, les différents tribunaux du royaume ont traité près de 6.000 affaires de violence à l’encontre des enfants. L’Unicef appelle ainsi les différents intervenants, y compris les médias, ”à placer l’intérêt supérieur de l’enfant avant toute autre considération et à se conformer aux standards de la prise en charge des victimes de violence”.

En 2013, le royaume a lancé le processus pour l’élaboration de la Politique publique intégrée de protection de l’enfance au Maroc (PPIPEM), une stratégie mise en place avec l’aide de l’Unicef et adoptée deux ans plus tard, dont le deuxième objectif est de mettre en place des dispositifs territoriaux intégrés de protection de l’enfance, rappelle l’organisation onusienne.

“Le cas de la jeune Khadija alerte tous les intervenants de l’urgence d’opérationnaliser rapidement ces dispositifs territoriaux”, indique-t-elle. “Ces derniers doivent être centrés sur l’enfant et la famille, favoriser les mesures préventives, être fondés sur la gestion de cas individuels, autour desquels s’organisent une prise en charge et une offre de services de qualité adaptée à chaque situation, et coordonnée entre les différents intervenants”.

Certains enfants stigmatisés

Lors du processus d’élaboration de la PPIPEM, le ministère de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social avait dressé un certain nombre de constats peu réjouissants, comme l’absence de mécanismes de protection de l’enfance, l’augmentation des phénomènes de violence, d’abus, de négligence et d’exploitation des enfants, et la grande vulnérabilité de certains enfants, liée notamment à leurs conditions de vie sociales et économiques.

“La stigmatisation, par la société, de certains enfants est souvent de mise”, indiquait par ailleurs le ministère, notant qu’un enfant pubère victime d’exploitation sexuelle, en particulier s’il s’agit d’une fille, “n’est pas obligatoirement perçu comme une victime mais plutôt comme coupable”.

Le ministère appelait au renforcement du cadre légal de protection des enfants, à la mise en place de dispositifs territoriaux intégrés, à la standardisation des structures, des services et des pratiques, à la promotion de normes sociales protectrices des enfants et à la mise en place de systèmes d’information fiables et standardisés et de suivi-évaluation régulier et effectif.

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