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Les Maladies Non Transmissibles au Maroc: La SMN a un autre point de vue

Suite au plaidoyer fait par certains Collègues chercheurs et Spécialistes dans le domaine Nutrition-Santé, et suite à l’article publié en date du 3 décembre dernier dans le journal L’Economiste, il nous appartient, au nom des membres de la Société Marocaine de Nutrition (SMN) qui suivent de près tous les débats et les nouveautés qui intéressent la population marocaine dans ces domaines, de donner notre point de vue, basé sur des évidences scientifiques.

Pour rappel, la SMN, fondée depuis 1987, est considérée comme Société-Mère savante faisant partie de l’International Union des Sciences de la Nutrition (IUNS), et rassemble des Universitaires-Chercheurs, des Médecins-Nutritionnistes, des Diététiciens, des Ingénieurs Agronomes, des Pharmaciens, etc. ….

D’abord, nous sommes tous d’accord avec nos collègues sus-cités sur la règle que tout excès de n’importe quel aliment est néfaste pour la santé et engendre des pathologies graves, en l’occurrence les maladies dites émergentes, non-transmissibles (MNTs), qui sont associées dans le cas de la surconsommation du sucre à l’obésité, qui est à la fois résultat et cause de ces MNTs.  Conformément aux recommandations de l’Organisation Mondiale de la santé pour la prévention des Maladies Non Transmissibles, l’apport total en matières grasses, en sucres et en sel ne doit pas dépasser certains seuils.

Mais, dans le contexte Marocain, pays en transition nutritionnelle et épidémiologique d’une part, où les deux types de malnutritions (par carence et de pléthore) coexistent chez le même individu, voire dans la même famille et, d’autre part, où une large tranche de la population, surtout rurale et périurbaine, est analphabète et/ou à niveau intellectuel bas et où il en est de même pour le niveau socio-économique, se pose la question suivante : Une taxation des produits sucrés est-elle la solution efficace ?

          Surtout qu’il n’y a pas que dans les Sodas et les boissons gazeuses que l’on trouve du sucre, mais également dans une panoplie de produits agroindustriels non concernés par cette taxation. Et puis, est-ce qu’une taxe supplémentaire payée par le contribuable contribuera à l’éducation nutritionnelle de la population ? Et cela ne va-t-il pas pénaliser l’industrie formelle et encourager le consommateur à se diriger vers le secteur informel omniprésent dans notre société ?

Il importe de signaler ici que, pour trouver des solutions alternatives efficaces car adaptées aux contexte de la transition, parmi les rares études réalisées récemment dans ce domaine de l’obésité et des maladies non-transmissibles (MNT), on évoque la dernière étude (Obé-Maghreb, projet international, 2007-2011) réalisée conjointement au Maroc (Université Ibn Tofaïl de Kénitra) et en Tunisie (Institut National de Nutrition et de Technologie Alimentaire INNTA) avec le concours de l’Institut de Recherche et Développement (IRD) de Montpellier (France) et de l’Université de Nottingham (Angleterre)  sur la montée de l’obésité et des MNTs dans ces deux pays dits émergents afin d’asseoir une stratégie de lutte, voire d’inversion de tendance de ces pathologies multifactorielles.

 Parmi les résultats saillants de ces études ‘’Acteurs-Clés’’ et qui sont adaptés au contexte de transition nutritionnelle et épidémiologique de ces deux pays ressortent ‘’la sensibilisation’’, ‘’l’éducation nutritionnelle et du goût’’, ‘’la formation et l’information’’, ‘’l’étiquetage nutritionnel vulgarisé et facilité pour cette tranche de la population’’, la réalisation des espaces pour l’activité physique’’, la revue des teneurs en sel et en sucre dans la restauration’’, la réforme institutionnelle pour mettre sur le même diapason les politiques Alimentaires-Agricoles-Santé’’ etc. ainsi que la forte présence sur le terrain du secteur informel qui entrave toute action.

Si on taxe l’industrie formelle qui ne représente qu’une très faible partie du commerce national, que dirait-on du secteur informel omniprésent et de forte présence partout ?

Constats de la SMN à ce propos

La SMN avance les constats suivants :

  1. Tous d’accord sur le constat global, mais pas sur les messages et les remèdes ;
  2. Il existe très peu d’études Maroco-marocaines ;
  3. Pas de mesures de l’élasticité des prix ;
  4. Différence importante entre les pays développés (réglementation et concurrence transparente) et les pays sous-développés (Informel et contrebande, contrefaçon …) ;
  5. L’origine des excès de sucre, sel, gras provient à plus de 90 % du secteur industriel formel dans les pays développés, contre moins de 40 % au Maroc (ex : thé à la menthe,  …..) ;
  6. L’augmentation du prix incite la population au passage à l’informel et la contrebande.

Recommandations

  1. Sensibiliser :

               -Les entreprises formelles avec des guides alimentaires ;

                     – Les consommateurs à pouvoir d’achat moyen et faible ;

                     – Les consommateurs analphabètes et à bas niveau intellectuel ;

                     – La population la plus vulnérable (enfants et femmes aux foyers).

  1. Programmer des recherches et études ciblées auprès des universitaires ;
  2. Lutter contre l’informel et la contrebande ;
  3. Eviter la surmédiatisation qui fait peur aux consommateurs et qui créé chez eux une psychose, et trouver de bonnes alternatives ;
  4. Reformuler la composition des aliments et les ingrédients ;
  5. Redimensionner et contrôler les tailles des portions ;
  6. Insister sur l’étiquetage nutritionnel ;
  7. Promouvoir et assurer un suivi de la croissance des enfants ;
  8. Travailler sur la nutrition scolaire et les standards alimentaires ;
  9. Lutter contre l’alimentation non saine autour des établissements scolaires et dans les buvettes universitaires ;

Signé : Un  groupe de Chercheurs Nutritionnistes Membres de la SMN

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