Opinions

La question naïve !

En tant que citoyen, entre le Maroc à deux vitesses, j’ai choisi aujourd’hui de parler de l’autre face du Maroc : celle que l’on évite souvent de voir, mais que nous vivons tous d’une manière ou d’une autre.

Le résultat des récentes manifestations est accablant : des arrestations en série qui alimentent un climat de méfiance entre citoyens et institutions . Tandis que les partis politiques ont failli à leurs devoirs, oscillant entre opportunisme et impuissance, affaiblissant ainsi leur rôle naturel d’intermédiaire social et politique.

N’oublions pas que, depuis la COVID, le pays a connu des vagues de migration sans précédent. Ce qui était jadis qualifié de migration clandestine s’est transformé en un rituel collectif de tentative de franchissement des barrières frontalières. L’histoire la plus connue remonte à 2024, avec plus de 3 000 candidats marocains — la plupart adolescents — qui ont tenté de passer vers Ceuta par la force. De nos jours encore, les jeunes continuent de prendre la mer à ciel ouvert, au péril de leur vie, rêvant d’un meilleur avenir.

En parallèle, rien qu’en 2023, plus de 106 000 Marocains ont obtenu la nationalité d’un pays de l’Union européenne, faisant du Maroc l’une des nationalités les plus représentées dans ce processus.

Le plus frappant, dans les deux cas de figure, c’est que ces jeunes, Marocains et Marocaines, ne manquent pas de compétences. Bien au contraire : ce sont des forces vives, pour certains hautement qualifiées, dont rêveraient bien des nations. Mais faute de perspectives, ils trouvent ailleurs un environnement propice à leur épanouissement. On estime aujourd’hui que près de 5,1 millions de Marocains vivent à l’étranger, soit environ 15 % de la population totale.

Sur un autre volet, la réalité socio-économique interne n’est pas meilleure :
Le taux de chômage national a atteint 13,3 % en 2024 (contre 13 % en 2023). Tandis que l’éducation nationale demeure fragile, loin des standards de compétitivité mondiale.

Quant au secteur privé, il tend à se refermer sur une élite et se transforme en une oligarchie accaparant les services de base et instaurant une culture de l’exclusion :
« Si vous avez les moyens, bienvenue. Si vous ne les avez pas : pas d’école de qualité, pas de soins corrects, pas de services de bon niveau… bref, pas de dignité. »

En guise de conclusion, et dans l’esprit d’une maxime de la culture occidentale, proche des proverbes marocains, je m’interroge : si nous avons laissé le renard garder le poulailler, et que chaque matin nous trouvons des plumes partout, alors pourquoi nous demandons-nous : Mais pourquoi y a-t-il moins de poules dans notre poulailler ?

 

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