Société

Les habitants du douar d’Arbat dans la province d’Azilal boycottent le recensement en raison de l’inaction des autorités face aux inondations

Les habitants du douar Arbat, situé dans la commune rurale de Tabant, au cœur de la province montagneuse d’Azilal, ont décidé de boycotter les équipes chargées de mener le recensement national, en raison d’un profond sentiment de frustration et de colère. Cette réaction fait suite à une série de négligences de la part des autorités locales, lesquelles n’ont pas pris les mesures nécessaires pour soutenir la population durement affectée par les récentes inondations dévastatrices. Ces inondations ont provoqué une situation critique dans la région, plongeant plusieurs douars, y compris celui d’Arbat, dans un isolement total du reste du pays, sans aucune intervention ou aide tangible de la part des autorités responsables.

Une source locale, a déclaré à « Al Oamk fr » que le douar Arbat a été parmi les zones les plus gravement touchées par les inondations. Les pluies torrentielles ont non seulement englouti les maisons des habitants, mais aussi dévasté les champs agricoles qui constituent la principale source de subsistance des familles locales. Les terres agricoles, en particulier les cultures vitales comme les pommes et les céréales, ont été détruites par les coulées de boue, laissant les agriculteurs dans une situation désespérée.

Face à cette situation, les habitants d’Arbat se sont sentis abandonnés par les autorités locales et régionales, qui n’ont pas répondu à leurs multiples appels à l’aide. Ils ont dénoncé l’inaction des responsables, qui n’ont envoyé ni équipements ni main-d’œuvre pour dégager les décombres laissés par les inondations. « Nous sommes des oubliés », a déclaré un habitant avec amertume, ajoutant que le douar Arbat avait été « effacé du programme de recensement », en référence au fait que les autorités semblaient indifférentes à leur situation.

L’arrivée des équipes de recensement dans le douar, vêtues de leurs uniformes officiels, n’a fait qu’exacerber la colère des habitants, en particulier des jeunes. Ces derniers ont pris sur eux de déblayer jour et nuit les routes, les maisons et les champs envahis par les sédiments boueux. Le contraste entre leur lutte désespérée et l’apparente désinvolture des autorités a créé une atmosphère explosive. Les jeunes ont exprimé leur mécontentement en expulsant les équipes de recensement du village, menaçant même d’interrompre les travaux de dégagement des routes si les autres habitants décidaient de coopérer avec les autorités.

La situation est rapidement devenue une crise locale, nécessitant l’intervention d’acteurs politiques pour tenter de calmer les esprits. Selon les informations obtenues par « Al Oamk fr », le président de la commune de Tabant ainsi que le caïd de la région ont dû se rendre personnellement sur les lieux pour tenter de convaincre les habitants de l’importance du recensement. Leur argumentation s’est concentrée sur le fait que le recensement est une opération d’envergure nationale et qu’il pourrait, à long terme, contribuer à une meilleure planification des infrastructures et des services dans les régions rurales reculées. Toutefois, cette explication a rencontré des résistances de la part des habitants qui, face à leur souffrance immédiate, estimaient que les priorités des autorités étaient complètement décalées par rapport à leurs besoins urgents.

Un compromis a finalement été trouvé, reportant la procédure de recensement dans le douar d’Arbat jusqu’à ce que la situation s’améliore et que les débris causés par les inondations soient entièrement dégagés. Ce report visait également à lever l’isolement du douar, permettant ainsi aux équipes de recensement de travailler dans des conditions plus sereines et de garantir une meilleure coopération de la part des habitants.

Cependant, les doléances des habitants d’Arbat ne s’arrêtent pas là. Un autre résident a confié que plusieurs autres douars de la commune de Tabant, confrontés à des conditions similaires, ont également exprimé leur colère contre l’absence de réaction des autorités. Il a insisté sur la nécessité de fournir des équipements spécialisés, adaptés aux conditions montagneuses difficiles, afin de sauver les dernières récoltes encore intactes, d’évacuer la boue et de rouvrir les cours d’eau naturels pour éviter que des inondations similaires ne se reproduisent à l’avenir. Sans ces mesures, le risque de voir ces douars sombrer dans une crise encore plus grave est bien réel.

En outre, il convient de rappeler que ces inondations ont ravagé au moins quinze douars dans la région d’Aït Bougmez, infligeant des pertes considérables aux habitants. Les terres agricoles, qui constituent le pilier économique de la région, ont été les plus touchées, en particulier les vergers de pommiers. Ces derniers, qui représentent une source de revenus cruciale pour de nombreuses familles, ont été complètement ensevelis sous la boue, laissant les agriculteurs face à des perspectives sombres pour les récoltes futures.

Cette crise met en lumière la vulnérabilité des zones rurales marocaines face aux catastrophes naturelles et l’urgente nécessité pour les autorités de mettre en place des mécanismes de réponse plus efficaces pour protéger ces populations souvent négligées.