Économie

Jouahri : 10 % des prêts sont à taux variable, et les clients doivent négocier avec les banques pour obtenir une réduction des taux d’intérêt

Pourquoi la décision de baisser les taux d’intérêt ne s’est-elle pas répercutée dans les poches des emprunteurs à taux variable ? C’est la question que se posent aujourd’hui des milliers de Marocains.

En effet, après que Bank Al-Maghrib a décidé de réduire le taux directeur de 0,25 point de pourcentage pour atteindre 2,75 %, les attentes étaient grandes quant à une baisse des mensualités des emprunts à taux variable. Or, la réalité sur le terrain semble bien différente : plusieurs citoyens ont constaté que les taux d’intérêt de leurs prêts n’ont pas bougé d’un iota.

À cet égard, Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib, a précisé que les prêts à taux variable ne représentent que 10 % de l’ensemble des crédits, alors que 90 % des prêts sont à taux fixe. Il a ainsi souligné l’importance pour les clients de négocier avec leurs banques afin de bénéficier d’une réduction des taux.

Lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion trimestrielle de la Banque, Jouahri a également rappelé que les contrats entre les clients et les banques font référence au taux directeur de Bank Al-Maghrib, qui joue un rôle clé dans la détermination des taux d’intérêt. Il a assuré qu’aucune banque ne peut refuser une demande légitime d’ajustement de taux, encourageant les citoyens à déposer des réclamations en cas de non-réponse favorable.

Les prêts à taux variable se définissent comme des crédits dont le taux d’intérêt n’est pas figé sur toute la durée du remboursement, mais fluctue en fonction du temps. En d’autres termes, ils sont indexés sur un taux de référence, généralement celui fixé par la banque centrale.

Lors de cette réunion, Bank Al-Maghrib a opté pour le maintien du taux directeur à 2,75 % lors de son troisième conseil de 2024, estimant que la situation actuelle justifie une continuité dans la politique monétaire. La Banque a également déclaré qu’elle continuerait à suivre de près l’évolution des conditions économiques et sociales.

Il convient de noter que la Réserve fédérale américaine a récemment décidé de baisser ses taux d’intérêt de 0,5 %, les plaçant désormais entre 4,75 % et 5 %, ce qui devrait permettre aux emprunteurs de bénéficier de taux plus bas. Cette décision, qui intervient après une longue période de hausses, vise à stimuler l’économie.

Par ailleurs, après avoir maintenu ses taux stables lors de sa réunion précédente, la Banque centrale européenne a annoncé, le 12 septembre, une réduction de 25 points de base du taux applicable aux facilités de dépôt, le ramenant à 3,50 %.

Dans ce contexte, Abdellatif Jouahri a souligné que la décision américaine aurait des répercussions initiales sur les conditions des prêts sur les marchés internationaux, précisant que le Maroc pourrait tirer parti de cette baisse des taux, en particulier dans ses transactions libellées en dollars.

Jouahri a également prédit que cette réduction pourrait avoir un impact sur les prix de certains produits importés, contribuant ainsi à une baisse des prix sur le marché local.

En outre, Bank Al-Maghrib a noté que la croissance économique devrait ralentir à 2,8 % en 2024, avant de rebondir à 4,4 % en 2025. Cette prévision reflète une contraction de la valeur ajoutée agricole de 6,9 % en 2024, suivie d’une hausse de 8,6 % en 2025.