Dans un tournant préoccupant pour l’enseignement supérieur marocain, la Faculté des Sciences de l’Université Moulay Ismail a pris la décision radicale de fermer sa filière « Mathématiques et Intelligence Artificielle ». Cette mesure drastique, motivée par une pénurie criante d’inscriptions, soulève de profondes interrogations sur l’avenir des sciences exactes dans le royaume.
Un communiqué laconique de la faculté expose sans ambages la situation : « Compte tenu du nombre extrêmement faible de candidats inscrits, du taux réduit de participants au concours d’accès et de l’impossibilité d’atteindre le seuil minimal d’étudiants requis, la fermeture de la filière ‘Mathématiques et Intelligence Artificielle’ a été décrétée. »
Ce phénomène de désaffection ne se limite pas à une seule institution. L’École Supérieure d’Éducation et de Formation, rattachée à l’Université Ibn Tofail de Kénitra, rapporte un cas encore plus alarmant : un unique candidat a été retenu pour l’inscription définitive en troisième année de licence d’éducation, spécialité « Enseignement secondaire des mathématiques ».
Cette tendance inquiétante se généralise à l’ensemble des universités marocaines. Depuis plusieurs années, les enseignants et les cadres pédagogiques du domaine mathématique tirent la sonnette d’alarme, pointant du doigt une baisse significative des effectifs dans les filières de sciences mathématiques, tant au niveau universitaire que dans les écoles normales supérieures. Cette situation exacerbe la pénurie déjà critique d’enseignants dans cette discipline fondamentale.
Un cadre éducatif, s’exprimant sur les réseaux sociaux, déplore : « La fermeture d’une filière, particulièrement celle des mathématiques qui est le socle de nombreuses sciences et spécialités, est indubitablement un événement affligeant. Les mathématiques ne sont pas qu’une simple branche des sciences, mais le langage universel qui tisse des liens entre diverses disciplines, de la physique et l’ingénierie à l’économie et l’informatique. »
Il poursuit : « La fermeture d’un département de mathématiques en raison d’un manque d’inscriptions est véritablement regrettable et soulève de nombreuses questions sur les raisons qui poussent les étudiants à se détourner de cette spécialité. Cependant, ceux qui connaissent les arcanes de l’enseignement en détiennent les réponses. »
Le même intervenant souligne « l’importance de méditer sur les répercussions à long terme de telles décisions et de s’efforcer de trouver des solutions alternatives. Il faut renforcer la prise de conscience de l’importance des mathématiques et élargir l’éventail des opportunités professionnelles qui garantissent, d’une part, des moyens de subsistance décents, et d’autre part, une exploitation optimale des compétences des diplômés de cette filière. »
Cette situation alarmante pose la question cruciale de l’avenir des sciences mathématiques au Maroc et de leur rôle dans le développement technologique et économique du pays. Elle appelle à une réflexion profonde sur les stratégies à adopter pour revaloriser cette discipline essentielle et attirer à nouveau les talents vers ces filières fondamentales pour l’innovation et le progrès.