l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption a signalé une chute de cinq points du Maroc dans l’indice de perception de la corruption au cours des cinq dernières années, soulignant que ce fléau coûte au pays plus de 50 milliards de dirhams par an.
Lors de la présentation des grandes lignes du rapport annuel de l’instance pour l’année 2023, ce mardi à Rabat, le président de l’instance, Mohamed Bachir Rachdi, a indiqué que la corruption engloutit entre 3,5 % et 6 % du produit intérieur brut, représentant ainsi un coût annuel dépassant 50 milliards de dirhams.
Rachdi a dressé un tableau des répercussions socio-économiques de la corruption, évoquant l’abus de pouvoir, la méfiance généralisée, la prolifération du favoritisme et du clientélisme, ainsi que des privilèges indus. Il a également mis en lumière son impact sur la capacité de production et son atteinte au principe de mérite, soulignant que la corruption accentue les inégalités, un recul d’un point dans l’indice de corruption pouvant entraîner une diminution des revenus d’environ 7,8 % pour les pays les plus pauvres.
Parmi les conséquences de la corruption, on note l’étouffement de l’initiative individuelle, la limitation des potentiels, la destruction des fondements de la cohésion et de la stabilité sociale, l’élargissement de l’économie de rente, l’entrave à l’investissement, ainsi que le frein au développement porté par le secteur privé, sans oublier le resserrement de l’économie et la compromission des capacités de collecte équitable des impôts.
Le rapport de l’Autorité avertit que le Maroc a enregistré une baisse de cinq points au cours des cinq dernières années dans l’indice de perception de la corruption, atteignant un score de 38/100 pour 2023. Cette tendance met en évidence un processus de déclin qui a commencé en 2018, année où le pays avait obtenu un score de 43/100, la meilleure performance du Royaume depuis plus de vingt ans.
Ce déclin, selon le rapport, a eu des répercussions sur le classement du Maroc parmi les pays évalués par cet indice ; le pays est ainsi passé de la 73e position parmi 180 pays en 2018 à la 97e position en 2023, chutant de 24 places au cours des cinq dernières années.
Au niveau arabe, le Maroc se classe en 2023 à la neuvième position, précédé par les Émirats arabes unis, le Qatar, l’Arabie saoudite, la Jordanie, le Koweït, le Sultanat d’Oman, le Bahreïn et la Tunisie, et suivi par douze autres pays, dont l’Algérie, l’Égypte, le Liban, Djibouti, la Mauritanie, l’Irak, les Comores, le Soudan, la Libye, le Yémen, la Syrie et la Somalie.
Sur le plan continental, le Maroc a vu son classement reculer de deux places, se situant ainsi au milieu du peloton, précédé par 16 pays, dont les Seychelles (71/100), le Cap-Vert (64/100), le Botswana (59/100), le Rwanda (53/100), l’île Maurice (51/100), la Namibie (49/100), Sao Tomé (45/100), le Ghana (43/100), le Sénégal (43/100), le Bénin (43/100), le Burkina Faso (41/100), l’Afrique du Sud (41/100), la Côte d’Ivoire (40/100), la Tanzanie (40/100), la Tunisie (40/100) et le Lesotho (39/100).