L’hôpital provincial de Zagora traverse une crise sans antécédent, marqué par une quasi-paralysie de la totalité de ses services. Cette situation résulte notamment du transfert incompréhensible de l’une des deux anesthésistes de l’établissement, autorisée par le ministère de la Santé à rejoindre le Centre Hospitalier Universitaire d’Agadir pour y enseigner.
Selon des sources fiables, l’hôpital ne compte désormais plus qu’une seule anesthésiste, disponible uniquement deux semaines par mois, un système qui perturbe fortement la prise en charge des patients. Ce manque de personnel a conduit au report de nombreuses opérations chirurgicales, même en cas d’urgence, et au transfert de patients critiques vers d’autres hôpitaux, aggravant ainsi les souffrances des habitants.
Une situation sanitaire catastrophique
Ce déséquilibre est accentué par le refus de l’hôpital de Ouarzazate de prendre en charge certaines urgences, obligeant les familles à se tourner vers des cliniques privées, souvent inaccessibles financièrement pour la majorité des habitants de la région.
Par ailleurs, le départ de la seule spécialiste en endocrinologie et diabétologie, combiné à une situation critique au service de maternité, aggrave davantage les difficultés.
Une seule gynécologue reste en poste, mais son absence prolongée soulève des questions sur la gestion du ministère de la Santé face à une telle pénurie.
Les conséquences sont dramatiques : les patientes nécessitant des césariennes ou des interventions chirurgicales sont systématiquement transférées à Ouarzazate ou à Marrakech, engendrant des frais supplémentaires pour les familles. La semaine dernière, trois cas d’urgence obstétrique ont dû être transférés, illustrant la gravité de la situation.
Un hôpital en état de délabrement
Les témoignages des habitants décrivent un hôpital délabré, manquant de ressources les plus élémentaires. Les odeurs nauséabondes, l’absence de médicaments essentiels et les interruptions fréquentes des services d’analyses médicales et d’imagerie médicale en sont les principaux symptômes.
Ibrahim Rizkou, président de la section locale de l’Association Marocaine des Droits Humains, tire la sonnette d’alarme : « La situation sanitaire à Zagora n’a cessé de se dégrader depuis les années 1990. Aujourd’hui, nous avons dépassé le stade de la crise, c’est une catastrophe humanitaire. »
Rizkou critique aussi la conduite de quelques infirmières du département des maternités, qui ont laissé les patientes dans des couloirs dans des conditions déplorables, soumises à des insultes et un manque de soin, surtout en période froide.
Appel à une intervention immédiate
Malgré les efforts récents pour recruter du personnel médical et infirmier, la situation ne s’est pas améliorée, selon plusieurs sources locales. Les associations locales demandent une action immédiate du ministère de la Santé pour remédier à cette crise, tout en prévenant des dangers d’escalade des conflits dans la zone si aucune mesure n’est prise.
Dans un communiqué, l’Organisation Marocaine des Droits de l’Homme et de Lutte contre la Corruption a vivement critiqué l’absence de développement dans la région. Elle dénonce une situation sanitaire « indigne », marquée par la fermeture de nombreux dispensaires locaux et l’absence prolongée de spécialistes.
Cette crise met en lumière l’urgence d’une réforme structurelle et d’un soutien renforcé pour garantir aux habitants de Zagora un accès digne et équitable aux soins de santé.