À l’occasion de la table ronde « Protection sociale au Moyen-Orient et en Afrique du Nord : leçons et innovations pour protéger les populations », organisée en marge des réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI, Mme Wafâa Jamali, Directrice générale de l’Agence nationale de soutien social (ANSS), a souligné les avancées notables du Maroc dans le domaine de la protection sociale universelle.
Dans son intervention, Mme Jamali a salué l’initiative de la Banque mondiale et a rappelé que la protection sociale n’est plus l’apanage des pays développés. « Heureusement, les choses ont changé. Des pays en Asie, en Amérique latine, et plus récemment dans la région MENA, ont brisé cette règle. Le Maroc, fièrement, fait partie de ces pays qui redéfinissent cette réalité », a-t-elle affirmé.
Elle a mis en avant le rôle catalyseur de la crise du Covid-19 qui a révélé les limites des politiques sociales existantes et a accéléré la réforme du système de protection sociale sous l’impulsion et la vision du Roi Mohammed VI. Le Maroc a ainsi lancé en 2022 une assurance maladie universelle, suivie en 2024 d’un programme de transferts monétaires conditionnels en faveur des familles nécessiteuses.
Ce programme phare, qui bénéficie à près de 4 millions de ménages – soit plus de 12 millions de personnes, dont 5,6 millions d’enfants – vise à réduire les inégalités sociales et territoriales, tout en investissant dans le capital humain. Il est financé entièrement par le budget national, notamment à travers des contributions de solidarité, la réforme des subventions et l’optimisation des programmes sociaux existants.
Pour garantir l’efficacité du ciblage, le Maroc a mis en place un Registre Social National numérique, permettant d’évaluer le niveau de vie des ménages via un système de notation transparent.
Mme Jamali a également présenté les missions de l’ANSS, chargée d’opérationnaliser cette politique sur le terrain grâce à un réseau d’acteurs sociaux locaux, visant à promouvoir la scolarisation, la santé maternelle, la vaccination, la nutrition et l’emploi formel. L’agence prévoit également des actions ciblées pour les jeunes, les mères actives et le développement de l’enfant, notamment via des partenariats locaux et des incitations financières.
En conclusion, Mme Jamali a souligné que l’expérience marocaine prouve que la protection sociale universelle est non seulement possible, mais qu’elle peut également être un levier de développement inclusif et durable. « Il est essentiel d’articuler protection sociale et politiques d’emploi pour assurer plus d’efficacité et un développement véritablement inclusif », a-t-elle conclu, appelant à une mobilisation collective pour relever les défis sociaux dans la région MENA.