Il semble que le journaliste espagnol Ignacio Sembriero ne puisse pas vivre sans le Maroc. Chaque fois qu’une information, une rumeur ou une affaire judiciaire, même mineure, concerne des Marocains ou leurs institutions, il est le premier à bondir sur les plateformes médiatiques pour déverser sa rancune et transformer le fait en un récit quasi mythologique sur les « espions de Rabat » et les « complots du palais ».
En réalité, cette obsession n’est ni nouvelle ni surprenante : Sembriero a bâti une grande partie de sa notoriété en attaquant le Maroc et en répétant la même rengaine depuis des années, au point que son nom est désormais associé, dans la presse espagnole, aux articles à charge contre Rabat.
Ceux qui suivent son parcours savent qu’il a vécu au Maroc une courte période, où il tenta de tisser des liens avec certains responsables et appareils. Mais son approche trouble et sa volonté de jouer un rôle dépassant celui du simple journaliste – flirtant avec une forme de médiation pour des intérêts étrangers – furent vite démasquées. Résultat : son expulsion du Maroc et la rupture de toute coopération avec lui. Depuis, l’homme s’est mué en « journaliste rancunier », écrivant dans une langue saturée de haine, obsédé par tout ce qui peut nuire à l’image du Royaume.
Le plus grave est que ses reportages reprennent souvent la même narration que celle propagée par des services connus pour leur hostilité envers le Maroc, qu’ils soient maghrébins ou européens. De quoi alimenter une interrogation récurrente : Sembriero est-il vraiment un journaliste « indépendant », comme il le prétend, ou bien un simple instrument dans un jeu plus vaste visant le Maroc et sa sécurité nationale ?
Son dernier article, paru dans El Confidencial, au sujet d’un prétendu « nouveau front des espions de Rabat », illustre parfaitement ce procédé maladif. L’affaire est toujours en cours devant la justice néerlandaise : l’accusé n’a pas été condamné et continue de clamer son innocence. Pourtant, Sembriero n’a pas attendu que la justice tranche : il a rendu son propre verdict, présentant l’histoire comme si l’implication du Maroc allait de soi.
Pire encore, il a volontairement occulté un élément essentiel : la demande de convoquer M. Yassine Mansouri, directeur du renseignement extérieur marocain, ne venait ni du tribunal ni du parquet néerlandais, mais de l’avocat de la défense, qui cherchait par ce biais à démontrer l’innocence de son client. Le ministère public, d’ailleurs, a clairement répondu qu’il n’y avait aucune raison d’entendre M. Mansouri. Mais Sembriero, dans une pirouette bien connue, a présenté cela comme une « décision judiciaire » dirigée contre le Maroc, afin de nourrir sa fable favorite : Rabat, pays d’espions et de complots.
Ce n’est ni la première ni la dernière fois. Depuis des années, Sembriero publie les mêmes articles recyclés : tantôt sur « l’espionnage des téléphones de responsables européens », tantôt sur « des réseaux d’influence à Bruxelles », tantôt encore sur « des infiltrations en France ou aux Pays-Bas ». À chaque fois, la méthode est identique : sélectionner les éléments qui accusent le Maroc, passer sous silence ceux qui l’innocentent, amplifier les détails secondaires et enrober le tout d’un style dramatique destiné à l’effet sensationnel plutôt qu’à la vérité.
En y regardant de près, on constate que le journaliste espagnol ne s’attaque pas uniquement aux services de renseignement marocains : il tente aussi d’entacher l’image du Maroc en tant qu’État, en semant le doute sur ses relations avec sa diaspora en Europe, qu’il associe systématiquement à l’extrémisme, à la drogue ou à la mafia. C’est un discours stéréotypé qui rappelle la rhétorique de l’extrême droite européenne, mais signé par un « gauchiste » qui prétend défendre la démocratie.
En vérité, Sembriero souffre d’une « obsession marocaine ». Après avoir échoué à bâtir une carrière constructive à Rabat, et après que les portes du journalisme sérieux lui ont été fermées dans le Royaume en raison de ses comportements suspects, il n’a trouvé d’autre plan de carrière que d’exploiter son hostilité envers le Maroc pour se forger une place dans la presse espagnole. Avec le temps, cette animosité est devenue son métier principal et sa source de revenus. Chaque article anti-marocain lui assure l’attention de certains cercles et garantit sa visibilité médiatique.
Mais un métier fondé sur la haine a ses limites. La crédibilité repose sur l’équilibre et l’objectivité, non sur le règlement de comptes. Tout lecteur de bonne foi sait que Sembriero a perdu depuis longtemps toute neutralité, et que ses papiers ne sont plus des reportages journalistiques mais des communiqués politiques déguisés.
L’affaire d’Abderrahim M., devant la justice néerlandaise, suivra son cours normal : ce sont les juges, sur la base de preuves, qui trancheront, et non les passions d’un journaliste. Quant aux tentatives de Sembriero d’instrumentaliser cette procédure pour solder ses rancunes personnelles envers le Maroc, elles ne sont qu’un épisode de plus dans une longue série de haine et de venin qu’il diffuse inlassablement.
Un seul conseil pour lui : s’il veut être considéré comme un journaliste professionnel, qu’il traite d’autres sujets avec un regard critique et objectif, plutôt que de rejouer éternellement la même pièce contre le Maroc. Car le Royaume, lui, demeure bien trop grand pour être ébranlé par les articles d’opportunistes qui ont perdu l’éthique journalistique et se sont mués en relais d’une propagande noire.