De plus en plus de jeunes Marocains sont séduits par la cigarette électronique, perçue à tort comme moins nocive que le tabac traditionnel, voire totalement inoffensive. Cette croyance, largement diffusée par la publicité, contribue à une utilisation inquiétante, particulièrement parmi les adolescents.
Ces dispositifs se déclinent en multiples arômes fruités et attractifs, rendant la consommation très séduisante pour les mineurs. Selon les données disponibles, un adolescent sur huit dans les établissements scolaires marocains a déjà expérimenté ou utilise régulièrement la cigarette électronique.
Contrairement aux messages promotionnels, les cigarettes électroniques provoquent les mêmes effets néfastes que le tabac classique. Le pharmacien et spécialiste en médecine de l’addiction, Hicham Kharmoudi, précise que la différence réside uniquement dans le nombre de substances utilisées.
La cigarette traditionnelle contient plus de 4 000 substances extrêmement dangereuses, tandis que la cigarette électronique, bien que moins chargée, contient également des composés très nocifs, responsables de dépendance et de maladies similaires.
Le médecin et chercheur en politiques de santé, Tayeb Hamdi, souligne que quatre fois plus de garçons que de filles consomment ces produits, et que certains expérimentent dès l’âge de dix ans. Il explique que les arômes fruités, les couleurs attractives et la facilité d’accès, combinés à une publicité agressive, ont redonné “vie” à l’industrie du tabac.
Les études démontrent que ces cigarettes entraînent cancers, maladies respiratoires et cardiovasculaires, troubles anxieux et dépression, et affectent le cerveau en développement des enfants et adolescents. Elles présentent également un risque pour la santé des femmes enceintes et de leur fœtus.
Les chiffres sont préoccupants. L’ancien ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, indique que parmi les élèves de 15 à 17 ans, 2 % des garçons et 5 % des filles utilisent la cigarette électronique. Chez les enfants de moins de 10 ans, 7,7 % en ont déjà consommé.
Selon l’étude ESPAD 2022, 9,6 % des adolescents de 10 à 12 ans et 23,4 % de ceux de 13 à 14 ans ont expérimenté la cigarette électronique, et près de 60 % des jeunes de 15 ans et plus l’ont déjà utilisée.
Face à ce fléau, le ministère de la Santé a déployé une stratégie alignée sur les recommandations des agences internationales, visant à sensibiliser les jeunes aux dangers du tabac et à offrir un accompagnement médical et psychologique pour prévenir et traiter la dépendance à la nicotine.