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Confinement, une année blanche serait salutaire pour tout le monde !

Je suis fermement opposé à l’enseignement à distance durant ce confinement sanitaire. Celui-ci génère effectivement beaucoup de stress, aussi bien chez les élèves et les étudiants, que chez les enseignants et les parents, et ce stress chronique induit à son tour des perturbations psychiques et physiques.

D’ordinaire, l’enseignement à distance est un choix délibéré des parents pour répondre à des convenances idéologiques ou géographiques.

En revanche, imposer l’enseignement à distance en période de confinement ne peut être sans conséquences psychologiques néfastes sur les enfants et sur la relation parents-enfants.

  • Conséquences sur les élèves de l’école primaire

Les conséquences sont très graves, à savoir une extrême anxiété, des troubles de sommeil, des troubles alimentaires et  des troubles comportementaux (agitation motrice, disputes et bagarres entre frères et sœurs).

L’apprentissage se conflictualise d’avantage lorsque les parents imposent aux enfants de suivre les cours et de faire leurs devoirs, et malheureusement, l’éducation marocaine étant violente dans ses jours ordinaires, son intensité ne fera que croitre durant ce confinement et notamment à cause de l’enseignement à distance.

De plus, l’enfant a beaucoup de mal à imaginer et conceptualiser la pandémie et le confinement. Il ne comprend effectivement pas pour quelles raisons il est kidnappé de son école et pris en otage à la maison. Alors que nous constatons déjà que l’adulte lui-même n’intègre pas le rôle du confinement dans la lutte de la pandémie, comment voulez-vous alors qu’un enfant le saisisse?

Avec ces cours à distance, nous risquons de détruire de plus belle l’enfant, qui détestera alors encore plus l’école, l’enseignant et l’apprentissage. Nous risquons de fabriquer une nouvelle génération non pas détruite par le covid-19, mais par nous-mêmes !

Il aurait été plus judicieux de dispenser les enfants de l’école primaire de ces cours à distance, et de privilégier les jeux ludiques et la réconciliation de la relation affective parents-enfants en évaluant leurs vrais besoins en cette période de confinement. J’ai la certitude que l’enfant n’a pas besoin de l’enseignement à distance, mais plutôt de l’affection, de l’amour et de la sécurité.

Covid-19 ne nous donne-t-il pas une leçon ? Celle d’arrêter cette course effrénée, de se poser et de remettre en question notre mode de vie qui ne cesse de s’accélérer de jour en jour ?

  • Conséquences sur les étudiants universitaires

Beaucoup d’étudiants sont entrain de déprimer car ils suivent les cours à distance, mais sans aucune motivation. Ils me rapportent donc qu’ils dorment mal, mangent de façon anarchique  et ont beaucoup de difficultés pour se réveiller et se concentrer durant leurs cours. Le temps devient élastique, interminable et ils souffrent le martyre.

Effectivement, ils ignorent pour quelles raisons ils devraient travailler, étant dans l’ignorance totale quant à leur futur, sans savoir s’ils retourneront dans leurs établissements un jour, ou même s’ils auront des épreuves de fin d’année. Ils travaillent alors avec lassitude et déplaisir, voire même avec douleur. Et si certains ont décidé de ne pas suivre leurs cours à distance, ils se culpabilisent et stressent tout autant.

Le comble est que personne ne maitrise ni le jour de la fin de cette pandémie, ni même son évolution. Pourquoi donc embarquer ces étudiants dans le doute et l’aventure sans terminus ?

Alors qu’ils subissaient déjà le stress d’ignorer ce que leur réservera leur avenir post-graduation, Corona ajoute le sien et on couronne cette panoplie de désespoir par le stress des cours à distance, qui éventuellement seraient inutiles.

Que faisons-nous alors ? Nous préparons une génération covid-19 aigrie et déprimée!

Là aussi, une année blanche serait salutaire pour ces étudiants, un temps de pause, de repos et de réflexion sur l’avenir, l’occasion pour que l’étudiant prenne les rênes de sa vie et trace son propre chemin,  selon ses désirs !

Docteur Jaouad MABROUKI, Psychiatre, Chercheur, Expert en psychanalyse de la société marocaine et arabe

 

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