Politique

Le dossier des enseignants suspendus met-il fin à la « trêve » entre le ministère Benmoussa et les syndicats de l’éducation ?

L’« accord de trêve » signé entre les syndicats de l’enseignement et le ministère de l’Éducation nationale semble toucher à sa fin, en raison de « non-respect » par le ministère de plusieurs clauses de l’accord du 26 décembre 2023, et du maintien du dossier des enseignants suspendus sans résolution depuis plus de trois mois, selon des observateurs du secteur éducatif.

Ces observateurs estiment que le retour des grèves dans le secteur de l’éducation représente un danger pour l’année scolaire, qui ne compte plus que deux mois avant sa fin. Ils soulignent que les grèves dans ce contexte pourraient menacer l’avenir de centaines de milliers d’élèves qui attendent les examens de certification. Par conséquent, le ministère devrait intervenir avant qu’il ne soit trop tard.

Mandat pour protester

Dans ce contexte, le bureau national de la Fédération Nationale de l’Éducation (FNE), qui dirigeait la coordination nationale du secteur de l’éducation, a décidé d’autoriser les bureaux régionaux de la fédération à entreprendre toutes formes de protestation, y compris des sit-in, des grèves et des marches de protestation, en défense des enseignants suspendus et pour dénoncer « les mesures punitives et les suspensions arbitraires » qui ont affecté de nombreux enseignants.

Dans un nouveau communiqué, la fédération a réaffirmé son opposition à toutes les mesures qu’elle a qualifiées de « punitives » et aux décisions administratives « arbitraires » qui ont touché les enseignants à la suite de leur exercice de leur droit de protester et de faire grève, appelant le ministère à réintégrer sans condition les enseignants suspendus et à retirer immédiatement tous les avertissements et réprimandes, ainsi qu’à permettre à tous les suspendus de percevoir leurs salaires.

La Fédération Nationale de l’Éducation a demandé au gouvernement et au ministère de l’Éducation nationale d’accélérer l’application et la mise en œuvre de tous les articles des accords des 10 et 26 décembre 2023, et de garantir aux enseignants suspendus le paiement de leurs salaires, tout en se déclarant prête à entreprendre toutes formes de protestation.

La fédération a également exprimé son opposition à toute « législation restreignant le droit de grève et de protestation et de liquidation », mettant en garde contre l’exclusion des enseignants des augmentations de salaire dans le cadre du dialogue social central actuel.

De son côté, le secrétaire national de la Fédération Nationale de l’Éducation (FNE), Younes Firachin, a déclaré que son syndicat avait exigé dès le début la résolution de ce dossier, soulignant que, dans le cadre de la communication avec le ministère, il avait insisté sur la nécessité de régler le dossier des enseignants suspendus et de ceux qui avaient fait l’objet de mesures disciplinaires dans un délai d’une semaine au maximum.

Demandes de rétractation et menaces de retour sur le terrain

Firachin a précisé dans une déclaration au journal « Al3omk » que, bien que le ministère ait pris des mesures contre certains enseignants, il en a laissé d’autres suspendus jusqu’à présent, ajoutant que le ministère s’était engagé à former un comité pour examiner ces dossiers, mais que le processus avait pris beaucoup de temps, ce qu’ils ont déploré.

Répondant à une question du journal sur l’éventuelle non-réponse du ministère aux demandes syndicales à cet égard, il a précisé que son syndicat serait aux côtés des enseignants suspendus, que ce soit au sein des conseils disciplinaires lors de leur convocation ou à travers des luttes de mobilisation que le porte-parole n’a pas exclu d’entreprendre.

Il a également souligné que son syndicat avait alerté les responsables dès le début sur la nécessité de mettre fin à ce sujet afin de créer une atmosphère de mobilisation pour compenser le temps scolaire perdu en raison des grèves des enseignants et de l’engagement de tous dans le chantier de réforme du système pour clarifier l’atmosphère et le climat social.

Firachin a également indiqué que le sujet des enseignants suspendus faisait partie des dossiers que la Confédération Démocratique du Travail avait abordés lors de sa rencontre avec le Premier ministre dans le cadre du dialogue central, notant qu’il s’agissait de dossiers essentiels pour la paix sociale.

Quant au secrétaire national de la Fédération Nationale de l’Éducation (FNE), Sadiq Rghioui, il a confirmé dans une déclaration au journal « Le Maroc Profond » que son syndicat continuait à demander au ministère de revenir sur ces décisions de suspension et de réintégrer les personnes concernées à leurs postes de travail, affirmant qu’à ce jour, il n’y avait rien de nouveau de la part du ministère.

Rghioui a déclaré au journal que la position de son syndicat était ferme concernant le dossier des enseignants suspendus, demandant d’accélérer les procédures et de revenir sur ces suspensions pour rétablir la tranquillité et la stabilité du système.

Il convient de noter que le gouvernement avait annoncé en février dernier la formation d’un comité administratif pour régler la situation des enseignants suspendus du travail, suite aux grèves menées par plusieurs coordinations dans le secteur en opposition à la première version du statut de base des employés du secteur.

Le ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement primaire et des Sports, Chakib Benmoussa, avait alors déclaré qu’il avait été décidé de former un comité administratif pour examiner les dossiers des enseignants suspendus.

Le responsable gouvernemental a ajouté que le comité administratif examinerait les dossiers des enseignants suspendus, chaque dossier individuellement, pour prendre une décision en fonction de chaque cas, précisant que ces enseignants avaient été suspendus en raison de violations commises et non à cause de la grève.

La décision de suspension temporaire du travail avait initialement affecté plus de 500 enseignants après une grève qui avait duré environ 12 semaines et qui avait paralysé la plupart des établissements éducatifs du royaume, dans le but de garantir le droit des élèves à l’éducation et de faire face à tout comportement perturbant le bon déroulement des études, selon les justifications du ministère de l’Éducation nationale.

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