Politique، Société

Une étude relève l’échec du « soutien financier direct » à corriger les inégalités sociales

Une récente étude intitulée « Les transferts monétaires conditionnels dans la région arabe et l’impasse de la justice sociale » met en garde contre le fait que, malgré les grands espoirs placés dans les transferts monétaires directs pour renforcer la justice sociale, ceux-ci rencontrent des défis et des problèmes qui pourraient entraver la réalisation de cet objectif.

L’étude, préparée par le chercheur marocain Abderrafie Zaanoun et publiée sur le site de la revue « Rawaq Arabi », note que le passage de l’universalité à la ciblage dans les programmes de soutien social pourrait exclure certaines catégories méritantes, nécessitant une révision continue des algorithmes de ciblage.

L’étude met également en garde contre le fait que les transferts monétaires conditionnels pourraient renforcer la dépendance à l’égard de l’État et restreindre les libertés des citoyens en contrôlant leur comportement économique et social. Elle soulève également des inquiétudes sur le fait que ces transferts pourraient encourager les activités non structurées plutôt que de les réduire.

Malgré ces défis, l’étude considère que les transferts monétaires directs peuvent être un outil efficace pour réaliser la justice sociale s’ils sont conçus et mis en œuvre correctement. Ces programmes devraient reposer sur une approche fondée sur les droits, garantissant l’équité dans les mécanismes de financement, renforçant le pouvoir d’achat des familles bénéficiaires et améliorant leur indépendance financière.

Le chercheur insiste sur la nécessité de s’attaquer aux effets négatifs des programmes de soutien monétaire conditionnel et d’éviter de suivre aveuglément les recommandations des institutions financières internationales qui pourraient conduire à éloigner l’État de sa fonction sociale, tout en soulignant l’importance de repenser les transferts monétaires dans une perspective fondée sur les droits et la justice sociale.

Les défis économiques actuels imposent à la plupart des pays arabes, y compris le Maroc, de revoir le système de soutien matériel global qui inclut le soutien énergétique et alimentaire. Selon l’étude, il s’avère que les aides matérielles échouent souvent à corriger les inégalités sociales, et que la majorité des ressources allouées à ces aides profitent aux catégories les plus riches plutôt qu’aux plus nécessiteuses.

Dans le cadre de ce changement, le chercheur mentionne qu’une politique publique intégrée de protection sociale pour la période 2020-2030 a été mise en place au Maroc avec l’objectif de fournir un financement suffisant pour les transferts sociaux, afin d’inclure toutes les familles pauvres et les catégories vulnérables, telles que les personnes âgées et celles souffrant de maladies chroniques. Dans le cadre de cette politique, la loi-cadre n° 09.21 a été promulguée, renforçant le modèle de l’État social à travers des programmes majeurs incluant la généralisation de la couverture santé, l’indemnisation en cas de perte d’emploi, l’expansion des régimes de retraite, et la fourniture de transferts monétaires directs aux familles pauvres pour renforcer leur pouvoir d’achat.

En décembre 2023, le système de soutien social direct a été activé avec un budget annuel de 25 milliards de dirhams, où les familles en situation de vulnérabilité reçoivent des subventions mensuelles variant entre 500 et 1000 dirhams, en plus des indemnités pour handicap, orphelins et naissance. Pour assurer une distribution équitable de ces transferts, un registre social unifié a été utilisé comme base de données pour l’enregistrement des bénéficiaires, et la numérisation des procédures de transferts monétaires via une plateforme électronique spéciale.

L’étude considère que « les registres sociaux unifiés constituent une base importante pour trier les bénéficiaires du soutien public et pour consolider un ciblage efficace qui peut aider à atteindre les personnes les plus pauvres, ce qui pourrait aider à réduire le ‘rent-seeking social’ qui a longtemps favorisé les catégories aisées bénéficiant de biens subventionnés par l’État, avec une tendance croissante à rendre les programmes d’aide sociale plus réactifs aux besoins des pauvres ».

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