Opinions

La sécurité nationale en tant que bien commun au Maroc: Enjeux de la gestion de la réputation de l’institution sécuritaire à l’ère de la post-vérité

Les services de police et de renseignement marocains occupent une place prépondérante sur les scènes nationale et internationale. Leurs succès opérationnels répétés et leur contribution essentielle à la stabilité régionale et mondiale leur valent une reconnaissance et des éloges de la part des partenaires du Royaume. Cette notoriété positive a engendré depuis des d’année des tentatives de déstabilisation, notamment cybernétiques, orchestrées par des parties qui cherchent à entacher leur réputation.

Ainsi, l’institution sécuritaire marocaine, dirigée par M. Abdelatif Hammouchi, se retrouve au cœur de l’actualité, tant pour ses réalisations admirées que pour être la cible d’attaques auxquelles elle doit faire face. Le défi pour l’institution est bien celui de la confiance publique et d’une communication adaptée en direction de l’opinion nationale d’abord, dans le contexte de la guerre de désinformation.

Le pôle DGSN-DGST : un modèle sécuritaire à l’audience internationale
Sous la direction de M. Abdellatif Hammouchi, la DGSN et la DGST ont opéré une mutation stratégique et technologique sans précédent, les érigeant en modèle d’excellence sécuritaire. Cette transformation, minutieusement documentée et saluée par les plus hautes instances internationales, est au cœur de la récente étude du R.O.C.K Institute intitulée « Renseignement au Maroc : évolution juridique, mutations stratégiques et enjeux de souveraineté à l’ère des menaces hybrides ».

Ce rapport analyse comment, sous impulsion de M. Abdellatif Hammouchi, le renseignement marocain a su anticiper l’ère des menaces hybrides en opérant des mutations profondes : une modernisation juridique pour encadrer son action, une restructuration organisationnelle pour gagner en agilité, et le développement d’une capacité unique à fusionner le renseignement stratégique et l’action opérationnelle.

Cette vision proactive et créatrice de l’avenir, précisément citée par le R.O.C.K Institute, a été largement validée sur la scène internationale. L’INTERPOL, l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (UNODC) et le Comité Contre le Terrorisme (CCT) du Conseil de Sécurité de l’ONU et sa Direction Exécutive (DECT), ne cessent de souligner le rôle crucial et la fiabilité du Maroc comme partenaire de premier plan. Leurs rapports font régulièrement référence à l’efficacité des services marocains dans la déconstruction des réseaux criminels transnationaux, une efficacité directement issue de la feuille de route de modernisation et de professionnalisation implémentée par M. Abdellatif Hammouchi.

Ainsi, l’héritage de ces vingt années de leadership se mesure à l’aune de cette reconnaissance unanime. Des organismes spécialisés comme le Global Initiative Against Transnational Organized Crime citent l’expertise marocaine en cyber-sécurité et en formation comme une référence. Le travail du R.O.C.K Institute ne fait que confirmer et consolider cette stature internationale : M. Abdellatif Hammouchi a bien créé le futur de la sécurité marocaine en bâtissant des institutions souveraines, professionnelles, résilientes et admirées, capables de relever les défis du XXIe siècle.

À l’ère de la « post-vérité », l’enjeu de la connaissance et la confiance du public marocain
La réputation du modèle marocain de sécurité intérieure et la notoriété de ses piliers institutionnels et opérationnels sont établies et saluées sur le plan international. Cette réputation repose sur une efficacité démontrée, notamment dans la lutte anti-terroriste.

Sur le plan national, le rapport du public marocain à ses institutions sécuritaires et la perception de leur rôle sont marquées à la fois par la confiance et la méconnaissance. En effet, les marocains ont conscience de vivre dans un pays où règne la sûreté et qui, bien que visé, est exceptionnellement bien protégé par ses services contre le terrorisme et la criminalité organisée. Les marocains font confiance de manière globale et inconditionnelle à leurs services de police et de renseignement pour la simple raison qu’ils voient leur efficacité au quotidien.

Il n’existe quasiment pas d’étude qui explore ou analyse les connaissances du public marocain au sujet de ses services de sécurité et de renseignement. Néanmoins, les rares études ou sondages publiés font état d’une popularité et d’une confiance élevées, plaçant l’institution sécuritaire marocaine en tête des institutions plébiscitées par les marocains. Et si le public connait beaucoup mieux le travail de la DGSN grâce notamment à une communication publique bien installée et grâce aussi aux Journées portes ouvertes organisées annuellement par la DGSN dans les grandes villes du Royaume, il connait moins bien le travail de ses services de renseignement et de la DGST notamment, dont les prises de parole publiques se limitent souvent aux conférences de presse du BCIJ lors des opérations antiterroristes ou bien aux entretiens accordés par ses responsables à la presse.

Tout cela est normal pour des institutions dont la règle d’or est la discrétion. Les gens diront, à juste titre, pourquoi nos services de renseignement auraient-ils besoin qu’on sache ce qu’ils font, ou même qu’on leur fasse confiance ? Tant qu’ils font du bon travail nous n’avons pas besoin d’en savoir plus sur eux. C’est juste jusqu’à un certain point, car même une institution de renseignement et de lutte contre les activités terroristes et subversives ne peut pas fonctionner en vase clos. Elle a besoin de communiquer pour son recrutement mais aussi communiquer sur les menaces et les questions de sécurité. La confiance et la connaissance du public sont au cœur de tout cela. Il en va de la légitimité sociale de ces institutions, c’est-à-dire leur reconnaissance et le consentement que la population leur accorde.

Dans une époque marquée par la montée du scepticisme public, l’infox, le trolling, la cybercriminalité et la propagande computationnelle, le grand public attend de ses services de police et de renseignement un type de communications en ligne qui améliore la connaissance et dévoile les manipulations. Ces dernières années, le pôle sécuritaire marocain a adopté une approche plus ouverte envers le public, utilisant les réseaux sociaux pour parler de son rôle et ses actions. Mais la fonction de ces communications reste encore supplémentaire, un canal de diffusion subsidiaire plus qu’un moyen d’influence sociale et de contre subversion. Or l’enjeu est bien celui de la fonction sociale des réseaux sociaux. Et bien que les institutions sécuritaires et les agences de renseignement aient parfaitement assimilé cet enjeu complexe, leur marge d’action sur ce terrain est nécessairement limitée en raison des défis spécifiques pour elles et pour la nature de leur travail (secret, opacité, anticipation, etc.)

Les enjeux de la défense des institutions nationales de sécurité
L’institution sécuritaire marocaine fait face à un double défi : 1) continuer d’accroître sa légitimité sociale et 2) faire face à la tentative de déstabilisation institutionnelle dont elle fait l’objet.
1) L’enjeu de la légitimité sociale et de la confiance publique
Sur le premier enjeu, celui de la légitimité sociale, le défi pour l’institution sécuritaire marocaine est de poursuivre la quête déjà amorcée de l’équilibre entre l’impératif de transparence et de communication publique, d’une part, et celui de l’exigence du secret et de l’opacité pour protéger l’efficacité, d’autre part. Ce défi, lié à la nature du travail de toutes les institutions similaires, constitue le paradoxe fondamental.

L’institution sécuritaire marocaine s’est attelée depuis quelques années à relever le défi de la transparence contrôlée. En témoigne le développement par le BCIJ d’une communication publique qui informe sur les menaces terroristes neutralisées. Les conférences de presse du BCIJ et les sorties médiatiques de ses responsables relèvent de cet effort de transparence. Toutefois, ces communications restent ponctuelles et axées principalement sur l’actualité de la menace et les interventions sécuritaires.

L’accès à l’information sur les opérations antiterroristes est important pour construire la confiance avec la société. Mais la communication publique en matière de sécurité intérieure pourrait être davantage institutionnalisée et s’’étendre à d’autres aspects fondamentaux de la mission de la DGST susceptibles de renforcer sa légitimité sociale et améliorer la perception qu’a le public de son rôle et de sa contribution au bien-être national au-delà de la seule sécurité.

Parmi les aspects non directement liés à la lutte antiterroriste, sur lesquels la DGST pourrait communiquer de manière plus proactive, on pourrait citer à titre d’exemple :
La lutte contre les cybermenaces civiles. Certaines pratiques consistent à publier (directement ou indirectement) des rapports ou évaluations formelles sur les menaces visant le pays.

La protection des intérêts économiques stratégiques et notamment la protection des secteurs économiques vitaux contre l’espionnage économique, le sabotage ou les manipulations boursières.
La vigilance face aux menaces hybrides : être la source fiable d’information et d’alerte du public et des médias sur les campagnes de désinformation ou d’ingérence visant à déstabiliser le pays.

La formation, innovation et excellence : mettre en avant les partenariats pour la recherche en cybersécurité, intelligence artificielle ou analyse de données. Montrer le dynamisme de l’institution et communiquer sur les profils recherchés pour attirer les jeunes compétences marocaines.

Enfin, et de tous les aspects susceptibles d’être mis en avant, celui du respect des droits humains et de l’État de droit est certainement le plus déterminant pour la légitimité sociale. C’est également celui sur lequel l’institution dirigée par M. Abdellatif Hammouchi a le plus de mérite à faire valoir contrairement à une certaine opinion.

En effet, il convient de souligner que le travail de la DGST, et du BCIJ notamment, est depuis des années rigoureusement encadré par la loi. Et s’il n’existe pas au Maroc, comme il existe aux USA et dans des pays européens (France, Allemagne, GB), une loi spécifique intégrée sur le renseignement qui encadrerait le travail des différents services et différentes techniques, il n’en demeure pas moins que les pratiques des agences sécuritaires marocaines sont juridiquement formalisées et encadrées au moyen de différents textes législatifs et réglementaires (modèle dispersé vs modèle intégré), comme c’est d’ailleurs le cas de pays comme le Canada, l’Australie, la Belgique ou l’Espagne. Et bien que les législations spécifiques sur le renseignement soient la norme dans les vieilles démocraties, le modèle centralisé de la loi unique n’est pas universel. La tendance est à la volonté d’adapter le droit aux menaces changeantes tout en veillant à garantir le respect des droits et libertés.

Au Maroc ce cadre légal fait appel notamment à la loi antiterroriste 03-03 modifiée et complétée, la loi 12-18 modifiant et complétant le Code pénal et la loi 43-05 sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, la loi 35-11 qui confère aux officiers de la DGST le statut d’Officiers de Police Judiciaire opérant sous la supervision du Parquet général, toutes les dispositions pertinentes du Code pénal et du Code de Procédure Pénale en particulier les dispositions relative à la garde à vue, etc.)

Outre la formalisation juridique et la supervision judiciaire des pratiques de l’institution sécuritaire marocaine, une politique de respect des droits de l’homme est mise en œuvre depuis des années au sein des différentes entités du pôle dirigées par M. Abdellatif Hammouchi. Cette politique est matérialisée par le biais de la formation initiale à l’Institut Royal de Police qui intègre une composante sur les droits de l’homme, développée et mise à jour avec l’appui d’organismes spécialisés dont le CNDH, les programmes de formation continue, l’humanisation des lieux de garde à vue et des lieux de placement des mineurs sous observation et enfin par le biais de la coopération avec les visites d’inspection indépendante et inopinée des lieux de détention conduite par le Mécanisme de Prévention de la Torture.

L’ensemble de ces éléments de réforme de l’institution sécuritaire, d’encadrement légal de ses pratiques, de sa professionnalisation, sa modernisation et de son engagement pour le respect des droits humains, constitue une politique ordonnée, inspirée d’abord par la volonté royale post IER, et mise en œuvre de manière disciplinée par M. Abdellatif Hammouchi. Cette politique rehausse indéniablement la légitimité sociale et démocratique de l’institution.

En ancrant son action dans le respect de l’État de droit, des droits humains et de la transparence, l’institution sécuritaire marocaine, jadis crainte et secrète, a opéré une mue stratégique fondamentale. Cette évolution lui permet progressivement de troquer une légitimité fondée sur la seule efficacité contre une légitimité durable, reposant sur la crédibilité institutionnelle et la confiance populaire, gages indispensables de son action au service de la sécurité nationale.

2) L’enjeu de la défense du bien commun de sécurité nationale
Si l’institution sécuritaire est la première concernée par la communication et la pédagogie pour démontrer qu’elle opère dans le cadre de l’Etat de droit, par contre la société entière devrait être concernée par les campagnes de déstabilisation institutionnelle dont elle est l’objet. Il est en effet impératif que le public et la classe politique s’impliquent pour défendre les institutions nationales de sécurité, en tant que piliers de la stabilité et de la souveraineté du pays. Ces institutions, reconnues mondialement, ont prouvé leur efficacité dans la lutte anti-terroriste et la préservation de l’ordre public, contribuant à faire du Maroc l’un des pays les plus sûrs du monde.

Il ne s’agit pas de sacraliser nos services ni les dispenser de responsabilité, mais il s’agit, face à une véritable « guérilla » médiatique, orchestrée depuis l’étranger contre les premiers responsables de nos institutions sécuritaires, de rappeler que ces institutions sont un bien commun précieux de la nation, dont la protection est une responsabilité collective partagée entre l’Etat et la société.

La stabilité et la crédibilité de ces institutions nationales régaliennes sont essentielles non seulement pour la sécurité intérieure, mais aussi pour la pérennité du modèle de développement marocain.
L’orchestration depuis l’étranger de cette « guérilla » médiatique qui utilise des plateformes de médias sociaux comme Telegram pour diffuser des contenus anonymes et difficilement traçables, est un véritable acte de belligérance contre la nation, une forme moderne de guerre hybride qui combine cyber-intrusion et influence en ligne et qui vise à la fois à semer le chaos dans le pays, à affaiblir sa cohésion, en inventant des luttes de pouvoirs, et à miner sa position et sa réputation internationales.

Dire que c’est seulement le problème et le devoir de l’institution sécuritaire de faire face à ces campagnes de désinformation et de cyber-déstabilisation, explicitement liées à des intérêts ennemis dans un contexte de tensions géopolitiques, est une conception légère et réductrice. L’institution n’est pas une forteresse isolée mais le pilier central d’un écosystème de sécurité nationale beaucoup plus large et résilient dans lequel l’Etat et la société ont des rôles complémentaires.

Le rôle de l’État et des agences de sécurité renvoie au devoir premier et au mandat régalien. L’État, via toutes ses institutions policières, sécuritaires et militaires, a la responsabilité institutionnelle et technique de fournir en premier ressort ce bien commun. Il en est le garant ultime, le planificateur et l’opérateur principal. Quant au rôle de la société, des citoyens, des médias, de la société civile, des entreprises, il se réfère au devoir de vigilance, de collaboration et de sauvegarde de ce bien commun. Sans cela, l’action des institutions de sécurité est affaiblie. Cette responsabilité se manifeste par :

− La vigilance citoyenne, qui consiste à ne pas propager des fausses informations ou des données sensibles (identités, références bancaires) qui peuvent nuire à la sécurité ou à la cohésion sociale.
− La résilience collective, qui se traduit par l’adoption de comportements sains et avisés (cyber-hygiène, protection des données) qui renforcent la sécurité globale face à des menaces comme la cybercriminalité.
− La légitimation, qui pourrait par exemple consister pour la société civile à afficher sa confiance et son soutien aux institutions, ce qui contribue à consolider l’autorité et l’efficacité de ces dernières.
− Le contre-discours et les messages alternatifs positifs, par lesquels la société civile, les acteurs politiques et les leaders d’opinion déconstruisent la propagande et jouent un rôle d’éducation aux médias notamment auprès des publics vulnérables.

La réponse aux manœuvres de déstabilisation du principal pilier de sécurité et de stabilité du Royaume ne peut pas être seulement technique (cybersécurité) mais doit être politique. L’institution sécuritaire doit continuer de construire sa crédibilité et sa légitimité en alignant ses pratiques sur l’Etat de droit. Cela contribuera à fortifier sa propre résilience institutionnelle et renforcer la confiance publique. Mais cela lui permettra aussi de réaffirmer un principe fondamental : la sécurité nationale est un bien commun précieux. Sa protection ne saurait être la seule responsabilité des agences de sécurité ; elle est une œuvre collective qui engage, dans un cadre défini, la vigilance et la collaboration de chaque citoyen et de l’ensemble du corps social marocain. C’est dans ce partenariat de confiance entre une institution respectueuse des droits et une société responsable que se construit une sécurité durable et légitime.

Mourad Errarhib
Politologue, Expert en droits de l’homme et spécialiste des normes et mécanismes des droits de l’homme appliqués aux questions de police et de sécurité.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *