Du 20 février à la génération Z212

Dans cet article, nous examinerons les origines historiques des mouvements sociaux, en mettant l’accent sur les protestations les plus marquantes au Maroc, du Mouvement du 20 février jusqu’à la GenZ212, tout en mettant en lumière sur leurs revendications et les facteurs déclencheurs de leur mobilisation.
Historiquement, plusieurs chercheurs et théoriciens associent l’émergence des mouvements sociaux aux événements survenus en Europe, notamment aux protestations ouvrières menées contre la mécanisation au début de la révolution industrielle et l’émergence de la société libérale, entre les XVIIIe et XIXe siècles. La violence qui a marqué profondément ces manifestations s’est progressivement atténuée sous l’effet de la révolution intellectuelle et culturelle et de l’urbanisation. Dès le début du nouveau siècle, ces mouvements ont davantage privilégié des formes de lutte pacifiques pour exprimer leurs revendications.
D’autre part, selon le sociologue américain Charles Tilly, le XVIIIe siècle a connu la naissance des « mouvements sociaux », suite aux changements profonds qui ont parcouru principalement des pays européens à tous les niveaux : économiques, sociales, politiques, etc. De même, la révolution française en 1789, la révolution haïtienne en 1803 et la révolution pour la constitution à Bologne en 1791constituaient les premiers mouvements sociaux au Monde.
Au Maroc, à l’instar de plusieurs pays arabes, ces nouvelles formes protestataires tendent progressivement à supplanter le rôle occupé, traditionnellement, par les partis politiques et les syndicats. Elles se mobilisent à travers des formes plus proches des préoccupations des citoyens : des défenseurs des droits de l’homme, des associations féminines ou encore des mouvements de diplômés chômeurs.
Depuis l’avènement du troisième millénaire, le pays continue de s’affronter à une vague protestataire sans précédente, reflétant des mutations profondes à divers niveaux et remettant en cause l’efficacité de plusieurs institutions et organisations soutenues par l’état pour jouer le rôle de médiation sociale. Manifestés sous forme des groupes exclus du processus du développement, parfois instrumentalisés ou freinés par les partis politiques, les syndicats ou d’autres acteurs, ces mouvements ont suscité des débats inédits et mettent en exergue des causes à la fois économiques, culturelles et politiques.
Le recours aux médias sociaux a offert à ces mouvements un élan considérable, conformément à l’analyse de Charles Tilly, et d’un adversaire clairement identifié d’après ALAIN Toraine. À cet égard, le mouvement du 20 février constitue une référence fondatrice, suivi par le mouvement contestataire du « RIF » qui a inauguré une nouvelle ère dans la conscience des marocains. Aujourd’hui, la génération Z212 prolonge cette dynamique en dénonçant la marginalisation et prononçant des revendications fondamentales et légitimes, notamment la mise en place d’un système de santé garantissant la dignité des citoyens et d’un système éducatif capable de réduire les inégalités sociales.
L’évolution du plafond des revendications et l’impatience croissante des citoyens d’une part, ainsi que l’incapacité des institutions officielles et les acteurs politiques à déchiffrer le discours, la nature et les causes d’autre part, interrogent l’efficacité des mesures adoptées pour répondre aux attentes sociales.
Le mouvement de la Génération Z22 a tiré la sonnette d’alarme quant à l’obsolescence des moyens de la gouvernance nationale, tout en rendant plus difficile la prévision du lieu, de l’origine ou du moment des prochaines manifestations similaires. Toutefois, cet événement constitue une occasion propice pour mettre en place les réformes nécessaires et répondre ainsi aux attentes du peuple.
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