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Des directeurs d’établissements publiques seraient sur le départ

Plusieurs haut commis de l’Etat seraient sur le départ suite au dernier remaniement ministériel. Les orientation royales relatives au choix de profils « compétent » dans la composition du deuxième gouvernement El Othmani ont bien été mis en œuvre, alors que celles concernant « un remaniement administratif » sont restés, jusqu’à présent, lettre morte. Elles ne seraient tarder, selon nos informations.

Plusieurs directeurs d’administrations et d’établissements publics seraient ainsi concernés. Parmi les candidats potentiels au départ figurent : le directeur général du groupe Al Omrane, le directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable, le directeur général de la Société nationale des autoroutes du Maroc, le directeur général de la CDG, le directeur général de l’OCP et le haut-commissaire au Plan (HCP). Ce dernier a d’ailleurs laissé entendre, récemment, devant une commission parlementaire : « C’est peut-être le dernier budget que je vous présenterai. » Lors de son discours à l’occasion de l’anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, le roi Mohammed VI avait déclaré: « Afin de relever les défis de la nouvelle étape, J’exhorte le gouvernement à donner la priorité à cette question, en corrigeant les dysfonctionnements de l’Administration et en mobilisant les compétences qualifiées, aux niveaux régional et local » et d’ajouter : «Au point où nous en sommes, toute réticence ou erreur est inadmissible. Il est donc plus que jamais nécessaire de remédier aux problèmes qui entravent le développement de notre pays.»

Une dette considérable

Ce remaniement administratif devrait toucher des responsables qui gèrent 225 entreprises et établissements publics, dont 43 financés directement par l’État, 179 sociétés bénéficiant d’une filiation ou de participations publiques, 20 sociétés commerciales, 183 sociétés non commerciales, et 4 sociétés de la prévoyance sociale, etc. La contribution de l’ensemble de ces institutions au budget de l’État ne dépasse guère 4% des recettes ordinaires, soit environ 12 milliards de dirhams, tandis que l’apport du gouvernement, rapporterait à ces établissements plus de 30,792 millions de dirhams, soit 25% de leurs recettes. La dette des établissements publics s’élèvent, par conséquent, à 261 milliards de dirhams.

Le rapport de la Cours des comptes sur «Les entreprises et les établissements publics au Maroc» a d’ailleurs signalé les risques courus par certains d’entre eux du fait de l’endettement, et de la mauvaise gestion, tout en soulignant les menaces qu’ils font peser sur le budget de l’État, ce dernier étant le garant  de leurs prêts extérieurs.

Un changement qui tarde à venir

Pour le professeur de sciences politiques Mustafa Sehimi, les changement à la tête des administrations et des entreprises étatiques est un processus qui s’étale dans le temps. Il prévoie que cela se fasse au cours des années 2020, 2021, 2022, car il est « impossible », souligne t – il, de le faire immédiatement dés le début de l’année prochaine, vu le nombre considérable des postes concernées : Plus de 200 personnes pour les seuls directeurs centraux.

Pour appréhender l’importance de ces changements il faut d’abord, selon cet analyste politique, appréhender les conditions et les modalités qui président au changement des secrétaires généraux des ministères, des directeurs généraux et des directeurs, ainsi que la différence entre les administrations, les établissements publics et semi publics.. D’après les informations de Mustafa Sehimi, le chef du gouvernement n’a pas encore entamé l’étude de ce dossier. Il n’a pas non plus entrepris des contacts pour avoir les avis des ministres au sujet de ces changements pour connaitre le nombre des postes concernés, et où trouver ces oiseau rares… etc.

S’agissant du nouveau gouvernement, Sehimi a critiqué le retard pris dans la mise en œuvre de la recherche des profils compétents, tout en soulignant que le résultat n’a pas été à la hauteur des réformes attendues par les Marocains. Il estime, en effet, que le chef du gouvernement n’a pas réussi à intégrer de nouvelles compétences dans son équipe à l’exception, précise t-il, du ministre de la Santé.

Pour Sehimi, il y a un problème d’ordre politique lié au fait que le gouvernement est composé de différents partis politiques, ce qui nécessite la recherche d’un consensus entre ses composantes à travers un dialogue politique. Il souligne la nécessité de déployer une procédure claire dans le choix et la recherche des compétences, une procédure qui doit, selon lui, être suivi d’un dialogue politique avant de passer à la nomination et à l’approbation du ministre, du chef du gouvernement et du gouvernement dans son ensemble.

Une mentalité complexe

Pour sa part, Mohamed Mesbah, directeur de l’Institut marocain d’analyse des politiques (MIPA), indique que « le problème de la modernisation de l’administration n’est pas d’une nature technique. Il dépend, principalement, d’une décision politique liée au modèle administratif ». Changer ce modèle est, selon lui, le pari le plus important sur lequel il faut travailler afin de moderniser l’administration. Il estime que ce qui se fait actuellement relève plus d’un recyclage des élites, que d’un changement de la mentalité du fonctionnement de l’administration. La modernisation de l’administration reste, selon, lui encore lente. Elle ne prend pas en compte l’intégration des technologies modernes, et la nécessaire convergence des politiques publiques. «L’administration ne pourra pas avancer, si ces problèmes structurels ne sont pas résolus, assure t – il », rappelant, à cet égard, que deux années se sont déjà écoulés depuis le discours du roi Mohammed VI sur la réforme de l’administration.

Malgré les discours, note l’analyste politique, l’administration est toujours marquée par la lenteur, à l’image du projet de l’administration judiciaire qui s’est arrêté suite au départ d’un ministre. Il ajoute que si certains services administratifs sont disponibles en ligne, de nombreux documents nécessitent toujours les déplacements des citoyens aux administrations judicaires.

Insistant sur la nécessité de changer les mentalités de l’administration,  Mohamed Mesbah estime que «la mentalité de l’administration est la chose la plus difficile à changer. C’est l’élément le plus important. En somme, le changement des têtes et le rajeunissement sont important pour trouver des solutions. Cependant, tout cela doit s’inscrire dans le contexte d’une réforme dans laquelle le gouvernement doit rester le moteur principal. Il ne faut pas que cela consiste à prendre des initiatives saisonnières. « 

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