Le journal « Jeune Afrique » a publié un reportage dans lequel il s’interrogeait sur ce qui se passerait si les deux pays voisins, culturellement proches et éloignés politiquement et économiquement, le Maroc et l’Algérie, devenaient partenaires dans le domaine économique.
Le journal précise que la question de la coopération économique entre le Maroc et l’Algérie est un sujet épineux, plutôt tabou, au vu de l’enlisement de la situation et du silence de nombreux experts maghrébins sur cette question, s’interrogeant sur le coût de cette « obstination ».
Le journal a relevé qu’en 2020, selon OEC Monde, les exportations marocaines vers l’Algérie s’élevaient à 134 millions d’euros. Et en 2021, selon la base de données de l’Organisation du commerce international de l’ONU, les exportations ont atteint 115 millions d’euros.
Le journal a cité Jean-Michel Huet, disant : « Les relations économiques entre le Maroc et l’Algérie sont très faibles compte tenu des opportunités possibles. Pour être plus clair, le Maroc et l’Espagne échangent 30 fois plus que le Maroc et l’Algérie. Un rapport de la Banque mondiale a également indiqué que s’il y a une véritable intégration entre les deux pays, d’ici dix ans, les PIB de l’Algérie et du Maroc augmenteront respectivement de 35% et 30%.
La même source a expliqué que les exportations algériennes vers le Maroc ont considérablement augmenté, avec 395 millions d’euros de produits algériens exportés en 2020, et 650 millions d’euros en 2021. Selon l’Office des changes, 90% de ces exportations sont constituées d’hydrocarbures.
Selon le rapport économique et financier relatif au projet de loi de finances marocain pour l’exercice 2022, l’Algérie est l’un des principaux fournisseurs africains du Maroc, avec l’Egypte et la Côte d’Ivoire.
Selon les dernières données du Fonds monétaire international, en 2021, 20 milliards de dollars représentent la différence entre le PIB marocain et algérien. Mais l’écart pourrait se creuser sur la période 2022-2024 pour monter à 40 milliards de dollars en faveur de l’Algérie grâce à l’augmentation des revenus des exportations d’hydrocarbures.
Le journal a souligné que les économies des deux pays ont un point commun, à savoir qu’elles ne sont pas assez diversifiées, ajoutant que Rabat et l’Algérie tentent avec des stratégies différentes de corriger cette situation. Mais pour de nombreux experts, utiliser une plus grande coopération entre les deux pays comme levier pourrait accélérer cela.
Comme le montrent les chiffres, et compte tenu de sa richesse en hydrocarbures, ajoute le journal, l’Algérie est bénéficiaire de son commerce avec le Maroc.
Dans un rapport publié le 11 octobre, le Fonds monétaire international prévoyait que l’Algérie enregistrerait une croissance de 4,7% en 2022. De son côté, la balance commerciale a enregistré un excédent de 14 milliards de dollars à fin août. « Nous prévoyons un excédent de plus de 17 milliards de dollars d’ici la fin de 2022 », a déclaré le Premier ministre algérien Ayman Ben Abdelrahman. Mais en réalité, malgré les nombreuses déclarations de l’exécutif, l’économie algérienne peine à se débarrasser de sa forte dépendance aux revenus pétroliers.
Pour Anisse Terai, banquier d’affaires et spécialiste des relations internationales affilié à l’Université de Harvard, « la diversification économique de l’Algérie ne se fera que par des réformes internes et une politique économique prudente, indépendamment des éventuels accords économiques avec d’autres pays, dont le Maroc ».
Le journal ajoute que les experts internationaux interrogés, quel que soit le courant de pensée économique qu’ils suivent, s’accordent à dire que le Maroc et l’Algérie seront gagnants s’il y a une coopération économique, notant que le coût de l’incompréhension entre le Maroc et l’Algérie oscille entre 1,5% et 5% PIB total pour chaque pays.