Culture

Festival du film de la femme à Salé : 100 millions pour célébrer un film controversé sur l’homosexualité

Le rideau tombe sur la 17ème édition du Festival International du Film Féminin de Salé, marquée par une assistance clairsemée, tant du côté des artistes que du public. Les fauteuils du cinéma Hollywood et ses abords demeurèrent désespérément vides tout au long de cette manifestation culturelle.

Le jury, présidé par la réalisatrice marocaine Meryem Touzani, a décerné une mention spéciale au film français « Langue étrangère » de Claire Burger lors de la cérémonie de clôture. Cette œuvre, qui aborde la thématique de l’homosexualité féminine adolescente, met en scène deux jeunes filles, l’une française, l’autre allemande. Fanny, 17 ans, d’un naturel timide et sensible, part en Allemagne pour un séjour linguistique où elle rencontre Lina, sa correspondante aux aspirations politiques. Au fil des discussions sur les frontières entre anciens pays ennemis, la montée de l’extrême droite et la crise climatique, leur amitié évolue vers une relation amoureuse.

Face aux critiques croissantes concernant la promotion de l’homosexualité dans les festivals marocains, les organisateurs ont dû procéder à la suppression de certaines scènes intimes. Cette décision fait écho aux controverses suscitées par des films tels que « L’esclave ne perd rien pour attendre » et « Le Bleu du Caftan », respectivement présentés au Festival National de Tanger et au Festival International de Marrakech.

Dans une déclaration à « Al Oamk fr » Le critique cinématographique Mustapha Taleb souligne que malgré sa renommée artistique et organisationnelle, le Festival de Salé a parfois suscité des débats houleux en raison de la sélection de films aux scènes audacieuses, en contradiction avec les valeurs de la société marocaine. Il questionne la pertinence de projeter « Langue étrangère », même partiellement censuré, dans un pays où l’homosexualité est pénalement répréhensible et où la Constitution ne reconnaît pas de telles mœurs.

Taleb plaide pour une approche du sujet de l’homosexualité qui s’ancre dans les valeurs marocaines et humaines fondamentales, rappelant que même en Occident, de nombreuses organisations s’opposent à la promotion de l’homosexualité auprès des jeunes. Il s’interroge sur l’acceptabilité sociale de telles pratiques au sein des familles marocaines et met en garde contre les menaces qu’elles représentent pour l’intégrité physique et psychologique des enfants.

Le critique exprime sa perplexité quant à la pertinence d’un tel film dans un festival dédié aux femmes et à leurs causes. Il appelle les organisateurs à résister aux éventuelles pressions internationales, soulignant qu’aucune liberté artistique ne saurait prévaloir sur la Constitution du pays.

En outre, cette polémique soulève des questions fondamentales sur l’équilibre délicat entre liberté d’expression artistique et respect des valeurs sociétales, invitant à une réflexion approfondie sur le rôle du cinéma dans le dialogue interculturel et l’évolution des mœurs.