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SI LA GRANDE MUTATION NE S’OPERE

Si la grande Mutation ne s’opère,

La pire des pestes s’en prendra à ton corps, frère, à mon corps,

Aux corps de tous les précaires et  les démunis de tout poil,

Qui naissent au monde du labeur et y meurent.

 

La pire des pestes,

Quelle écriture pourrait en rendre compte

Et nous en rendre compte ?

 

Et n’ayant nul abri en campagne ou habitation de plaisance,

Tu tourneras en rond, comme moi, comme eux,

Cherchant vainement à nous échapper.

 

Il y a le large, bien sûr,

Mais un frère, c’est de l’aimant.

Tes frères te retiendront donc à eux,

Et à leur propos fameux :

Il n’y a de salut que collectif.

 

Et sache que tout sauf-conduit est illusoire.

Tout sauf-conduit ramène à la peste,

Joint ta base à ton sommet dans le gisement.

Et tu chancelleras,

Et tu paieras de ta vie l’alliance

De la pénurie et  de l’oppression,

Si la grande Mutation ne s’opère

En toi, en moi, en nous, frères.

 

Perpétuelle menace sur nos corps,

Elle (la pire des pestes) sera si massive, si ravageuse

Qu’il faudra pour en témoigner un œil surhumain.

Et ton cri et nos cris, nous populations infectées, seront longs,

Si longs et tragiques qu’ils n’auront d’écho que chez des peuplades

Lointaines dont l’écoute  n’est pas encore souillée par les mœurs courantes.

 

Elle s’appelait Az-zahra.

Elle était ton amour et mon azur,

Notre nuage vert en somme.

Et maintenant que la peste l’a enterrée,

Nous la retenons de mémoire,

Comme signe de notre plénitude manquée

Et nous perdrons d’autres, de nouvelles filles du bon vent,

Si nous n’en prenons pas soin.

Ainsi devrai-je tout  comme toi, frère,

Garder un œil sur elles et un autre sur la menace

Qui sera  imminente,

Si mon tonus et ta teneur s’effondrent,

Si la grande Mutation ne s’opère.

« El deber de todo revolutionario »

Est de se tenir debout en éveil

Là où les générations décadentes sommeillent.

 

Je ne suis ni charognard,

Ni prédicateur de champs de ruines.

Mais mes nouvelles qui viennent du fin fond de la nuit

Pour informer le jour,

Mes nouvelles assorties de flammes fines

Ont pour source sûre mes agences intérieures,

Mes antennes sensibles

Et mon œil.

 

Ton œil hypertrophié, frère.

Ton œil exorbitant, dehors-dedans,

Ton œil aride ou larmoyant,

Il détient le meilleur chiffre, l’éclatante parole.

Il témoigne et te signe…

 

L’essentiel n’est pas que tu remportes des victoires sur les pierres.

Ni que tu te saisisses de quelques trêves au rabais ou passagères.

L’essentiel c’est que tu saches pour qui

Tu mets en état de culture les marécages.

Si c’est pour tes frères, vas-y et opère.

Si c’est pour d’ autres, NON.

Ton frère ?

Tu le reconnaîtras à sa plaie,

Visible ou cachée.

S’il est fou, enlace-le davantage.

Car il est celui qui a rompu avec la peur

Et s’est barricadé dans des périmètres interdis

Et a tout dit,

En disant l’alphabet vital et la clarté.

Quant aux autres, tes ennemis de classe, frère :

Ce sont ceux qui investissent ton for intérieur,

Ton sang et ta chair,

Ceux qui te poursuivent jusqu’au tréfonds de ta détresse

Et te torturent même en temps de trêve,

Ceux qui t’immatriculent, te fichent,

Et te rendent familier  à moult maladies,

En étouffant ton espérance de vie allègrement.

En te poussant à péter ta fleur prématurément.

 

Tu crèves donc, homme, sans même pouvoir crier.

T’annonçant le temps qu’il fera, je dirai :

Ni coupes de vie, ni miracles purs,

Mais mers de mainmorte et terres, volées,

Mais âmes en peine et corps abîmés,

Et nulle part où aller. Nulle part où aller…

Alors aménage tes assises et décrète l’état d’alerte.

Taille ta vigilance dans la hauteur du feu fertile,

Et renaîs aux fins les meilleures ;

Il est question de ton être en péril

Et de la peau d’hommes et de femmes,

Tes frères et sœurs  en humanité…

 

 

 

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