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La mariée marocaine, de la Rose au Chou-Fleur !

Lorsque j’observe la mariée marocaine la nuit de son mariage et quelques temps après, je me demande où est donc passée cette mariée belle comme une rose, joyeuse comme Euphrosyne ? Je la vois devenir comme un chou-fleur et accusée d’Achlys, cause de tous les malheurs de la famille.

Elle était belle et heureuse cette nuit, croyant qu’elle allait pénétrer Eden, mais en peu de temps, elle se retrouve dans un enfer. Rapidement elle perd sa fraîcheur, sa couleur et son parfum, sa sensualité, sa féminité et se transforme en une fleur maudite.

Que s’est-il donc passé  pour que la mariée marocaine s’éteigne à cette vitesse ?

La réalité est qu’elle est victime d’une succession de traumatismes dès les premiers jours de son mariage.

  • 1er traumatisme : la perte du prince charmant. 

La femme rêvait de son prince charmant qui allait conquérir ses rêves et vivre avec elle dans la joie et l’allégresse. Mais très vite, elle prend conscience que son mari est le prince charmant de La’e’gouza*.

  • 2ème traumatisme : elle seule est responsable de la joie. 

Pour elle, le bonheur du couple est à la charge des deux. Elle réalise cependant  que le mari ne se sent pas concerné et qu’elle a l’obligation de lui produire la joie ainsi qu’à La’e’gouza et au Cheikh**. Évidemment, ceci étant impossible, elle est accusée du malheur du mari et de sa famille. Ainsi La’e’gouza lui répète sans cesse « depuis le jour où on t’a connu, nous n’avons plus connu le bonheur »

  • 3ème traumatisme : transformation du palais en une prison. 

Pour elle, un studio joyeux est un palais de bonheur. Rapidement, elle réalise qu’elle n’est pas la maitresse des lieux, qu’elle est dans une prison et condamnée aux travaux forcés jour et nuit. Elle n’a pas le droit de sortir et même si elle travaille, La’e’gouza surveille l’heure de retour.

  • 4ème traumatisme : elle est inutile aux décisions.

Elle réalise que le mari n’a pas besoin de son avis. Elle n’a même pas le droit de gérer le budget et les rentrées de son mari. Elle entend souvent « Cet argent, j’ai travaillé pour le gagner » ! Comme si tout ce qu’elle faisait à la maison n’était pas un travail ! Peut-être que son  unique salaire est le pain qu’elle pétrit d’ailleurs elle-même ?

  • 5ème traumatisme : devenir une mendiante. 

La femme pensait que ce qui appartenait au mari lui appartenait également. Quel rêve ! Elle doit s’humilier en lui mendiant de l’argent pour ses besoins de femme. Et bien souvent la réponse est « je n’en ai pas et tout ce qui te préoccupe, toi, est de dépenser de l’argent » !

  • 6ème traumatisme : absence du mari à la maison. 

La femme pensait que son mari allait rentrer en vitesse une fois son travail fini, pour qu’ils se retrouvent, discutent et partagent tout ensemble. Elle pensait qu’elle allait être sa meilleure amie. Elle réalise qu’il passe son temps avec ses vrais amis dans les cafés ou ailleurs. Elle confronte seule sa solitude et souvent La’e’gouza.

  • 7ème traumatisme : la responsable de l’insatisfaction sexuelle. 

La vie sexuelle de la femme ne se résume pas en un rapport entre deux organes, mais plutôt dans l’affection, la sensualité, la complicité, les paroles douces et agréables,  le regard, la communication et le désir. Elle se rend compte que le mari voit les choses autrement. Elle doit se transformer tard le soir, après une journée de travaux forcés, en fille de joie. Évidemment tout ne se passe pas à son goût et il l’accuse de «sexuellement incompétente».

Comment une rose peu garder sa fraîcheur et son parfum à l’afflux de tous ces traumatismes? Je me demande alors qui est responsable de cette violence criminelle ?

*la belle mère

**le beau-père

Docteur Jaouad MABROUKI, Expert en psychanalyse de la société marocaine et arabe

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