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Voici les secteurs où les femmes sont discriminées au Maroc, selon la Banque mondiale

RAPPORT – Qu’il s’agisse du monde du travail, du business ou simplement des lois qui encadrent la vie des citoyens, la femme n’a pas toujours les mêmes droits ou avantages que les hommes au Maroc. Dans l’édition 2018 de son rapport intitulé “Les femmes, l’entreprise et le droit”, publié ce jeudi 29 mars, la Banque mondiale pointe du doigt certains domaines économiques et sociaux dans lesquels les Marocaines sont discriminées ou traitées de manière différente de leurs compatriotes masculins.

Selon les données de la Banque mondiale, qui a étudié les économies de 189 pays, le Maroc obtient des notes comprises entre 40 et 91 sur 100 concernant les sept indicateurs mesurés par l’institution économique mondiale, à savoir l’accès aux institutions (91/100), la jouissance de la propriété (40/100), l’obtention d’un emploi (67/100), les incitations au travail des femmes (60/100), l’accès à la justice (75/100), l’accès au crédit (50/100) et la protection des femmes contre la violence (70/100).

Travailler dans les mêmes industries que les hommes ou effectuer les mêmes tâches n’est pas garanti aux femmes

Ainsi, la jouissance de la propriété est le secteur où les femmes sont le plus discriminées par rapport aux hommes, selon le rapport, notamment à cause du fait que les filles et garçons n’ont pas les mêmes droits en matière d’héritage, les premières héritant moitié moins que les seconds. De même, en cas de veuvage, mari et femme ne sont pas sur un pied d’égalité en terme d’accès à la propriété de leur défunt époux.

Autre point faible relevé par le rapport: les femmes ne peuvent pas être légalement chef de famille au même titre que les hommes. Par ailleurs, la loi marocaine ne prend pas en compte les “contributions non monétaires”, c’est-à-dire les différentes tâches ménagères ou soins non rémunérés prodigués au sein du foyer aux enfants ou personnes âgées, généralement assumés par les femmes. En cas de divorce par exemple, ces contributions ne pèseront pas dans la balance lors de la répartition des biens matrimoniaux.

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Dans le monde du travail, si hommes et femmes ont généralement les mêmes droits, les femmes pourront être discriminées pour accéder à certains emplois jugés “dangereux, pénibles ou moralement inappropriés”, note le rapport. Travailler dans les mêmes industries que les hommes ou effectuer les mêmes tâches n’est pas non plus garanti aux femmes.

Aussi, si l’accès au crédit se fait sans distinction de sexe, le Maroc accordera, par défaut, des déductions fiscales ou des crédits aux contribuables masculins, souligne encore le rapport.

Enfin, en matière de protection des femmes contre la violence, le rapport note qu’il n’existe pas de loi sur le harcèlement sexuel dans l’éducation, ni de loi traitant spécifiquement de la violence domestique. Le code pénal prévoit cependant des peines aggravées pour les crimes commis contre un conjoint ou un membre de la famille.

“Aucune économie ne peut atteindre son plein potentiel économique sans la participation pleine et entière des hommes et des femmes.”Kristalina Georgieva, directrice générale de la Banque mondiale

Au niveau mondial, le rapport déplore que de nombreux obstacles juridiques empêchent encore les femmes d’accéder à certains emplois, de diriger une entreprise (en raison notamment d’un accès limité au crédit) et de contrôler l’utilisation qui est faite des biens matrimoniaux.

“Aucune économie ne peut atteindre son plein potentiel économique sans la participation pleine et entière des hommes et des femmes” souligne, dans un communiqué, Kristalina Georgieva, directrice générale de la Banque mondiale. “Et pourtant, dans plus de la moitié des économies du monde, les femmes ne peuvent toujours pas exercer certains emplois uniquement parce qu’elles sont des femmes. (…) Les femmes devraient avoir autant de chances que les hommes de subvenir à leurs propres besoins et d’offrir à leurs enfants le meilleur départ possible dans la vie.”

Le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et l’Espagne sont les économies les mieux notées. De manière générale, les pays de l’OCDE à revenu élevé affichent le meilleur score moyen pour la plupart des indicateurs.

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“Protéger les femmes contre la violence, au travers de lois sur la violence domestique et le harcèlement sexuel dans le milieu du travail ou dans l’enseignement, reste aujourd’hui un domaine dans lequel il y a encore beaucoup à faire”, relève la Banque mondiale, soulignant que sur les 189 pays examinés, 45 n’ont pas de loi sur la violence domestique et 56 n’ont pas de loi sur le harcèlement sexuel dans le milieu du travail.

“Globalement, 21 économies obtiennent un score de 0 pour l’indicateur sur la protection des femmes contre la violence. Nombre d’entre eux sont situés en Afrique subsaharienne et dans la région Moyen-Orient/Afrique du Nord”, précise la Banque mondiale.

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