Divers

Interview avec Walid Chahti, expert en énergies renouvelables et transition énergétique

) – Dans une interview accordée à la MAP, Walid Chahti, expert en énergies renouvelables et transition énergétique, analyse les enjeux économiques du changement climatique et des stratégies mises en place pour y faire face.

1. Aujourd’hui, certaines formes d’énergie à faible émission de carbone sont encore plus chères, comme l’hydrogène. Quelles sources d’énergie devrions-nous choisir ?

Plusieurs sources d’énergie à faible émission de carbone peuvent être envisageables, tel est le cas de l’énergie solaire, éolienne, hydraulique, géothermique, nucléaire, etc…

Quant à l’hydrogène, c’est un vecteur énergétique prometteur mais se projetant dans l’avenir vu que sa production revient actuellement très onéreuse.

Chacune de ces sources dispose de ses propres avantages et inconvénients en termes de coût, de disponibilité et d’impact sur l’environnement.

Pour sa part, l’énergie solaire, source renouvelable à long terme et inépuisable, constitue une option intéressante visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et peut être utilisée sous différentes façons : raccordé ou non au réseau avec ou sans stockage, destinée soit au pompage, soit à l’éclairage ou au chauffage. On peut éventuellement utiliser des centrales solaires thermodynamiques à concentration qui concentrent les rayons du Soleil à l’aide de miroirs paraboliques portant ainsi un fluide à des températures assez élevées pour produire de la chaleur et de l’électricité.

Bien que le coût des installations solaires reste encore élevé, les progrès technologiques auront, sans aucun doute, un impact positif et qualifieront de compétitive cette noble source d’énergie. De plus, le soleil reste le meilleur moyen d’alimenter les endroits les plus isolés et les plus inaccessibles au réseau.

2. Il est désormais largement admis que les aléas climatiques représentent une grave menace pour notre économie, comment peut-on accroître les efforts d’adaptation aux effets du changement climatique ?

Le renforcement des efforts d’adaptation est vivement recommandé. La mise en place d’une politique énergétique nationale qui vise l’adoption des nouvelles technologies à faible émission de gaz à effet de serre responsables des changements climatiques qui ne cessent de hanter notre planète. Cette politique énergétique du gouvernement s’avérera plus fructueuse si elle incite d’une part, la grande masse de la population à participer à la transition énergétique à travers un certain nombre de mesures telles que des subventions pour l’installation de panneaux solaires ou des crédits à des taux encourageants et la mise en application des lois relatives à l’injection du surplus de l’énergie stockée… Et d’autre part, les petites et moyennes entreprises œuvrant dans le photovoltaïque à s’investir davantage dans l’étude, l’installation et aussi dans l’innovation et ce, en procédant à la réduction du taux d’imposition à l’impôt sur le revenu (IR) et une baisse sur la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) afin de favoriser la relance de certaines entreprises en difficulté.

3. Face à cette montée des risques climatiques, comment peut-on améliorer la résilience des villes marocaines ?

L’augmentation de la température de l’air et de l’eau causée par l’effet de serre entraîne une élévation du niveau des mers et renforce l’intensité des tempêtes, des vents, des cyclones, des sécheresses et des incendies qui risquent de durer longtemps ainsi que des précipitations et des inondations, des tsunamis, des séismes, des glissements de terrain, etc. Nombreux sont ceux qui ont perdu la vie et des milliers d’autres qui ont disparu et derrière chaque chiffre se cachent des êtres humains : une sœur, un frère, une fille, un fils, une mère ou un père.

Face à ces aléas naturels et climatiques aigus ou chroniques qui prélèvent un tribut toujours plus lourd en vies humaines et soucieux de la qualité de vie et de la santé de leurs concitoyens, l’adaptation au changement climatique ainsi que la préservation de la biodiversité et des sols deviennent incontournables. Un nouveau modèle d’aménagement conciliant développement, bien-être et résilience doit être adopté. La renaturation des milieux urbains et la restauration des corridors écologiques (trames verte et bleue) sont nécessaires pour lutter contre l’érosion de la biodiversité et contribuent à l’atténuation des îlots de chaleur. Ainsi le recours aux solutions fondées sur la nature en ville, le développement des mobilités actives et décartonnées et l’intégration de toutes les réflexions de transition écologique sur l’aménagement urbain deviennent indispensables. C’est donc un véritable changement de paradigme pour s’offrir une ville résiliente capable de s’adapter pour mieux résister aux aléas qui l’affectent et garantir ainsi la sécurité, la santé et le bien être.

4. Que recommandez-vous pour une gestion efficace du climat urbain et côtier ?

Sur le plan pratique, certaines interventions ne peuvent que renforcer la résilience des villes, dont la mise en place de systèmes de gestion des eaux pluviales pour éviter les inondations, la construction des infrastructures robustes et résilientes (en utilisant des matériaux résistants aux intempéries, antisismiques, et écologiquement efficaces), et l’amélioration des systèmes d’information et de communication en cas de catastrophe.

A cela s’ajoute la diversification de l’économie de la ville pour la rendre moins vulnérable aux chocs, l’utilisation de modes de transport durables et l’adoption de pratiques de gestion durable de l’environnement, en mettant en place des programmes de compostage et de gestion des déchets.

En outre, il faut sensibiliser les citoyens aux enjeux climatiques et à l’importance de protéger l’environnement.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *