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Macron, un technocrate « peu soucieux des mouvements sociaux » (The Guardian)

La réputation du Président français, Emmanuel Macron, en tant que « technocrate arrogant peu soucieux des mouvements sociaux ou du sentiment civique » est définitivement scellée, a affirmé mercredi The Guardian, dans le sillage du recours à l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer la réforme controversée des retraites.

La France a connu ces derniers mois les plus grandes manifestations de l’histoire de la cinquième République, alors que M. Macron cherchait à faire passer un projet profondément impopulaire de relèvement de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, rappelle le quotidien britannique.

Lundi, son gouvernement a survécu de justesse à une motion de censure parlementaire qui faisait suite à la décision controversée du président d’utiliser les pouvoirs exécutifs pour parvenir à ses fins, en contournant un vote de l’Assemblée nationale qu’il pensait perdre, ajoute la publication.

Parmi ses propres députés, la manœuvre a suscité des doutes. Ailleurs, même en tenant compte du jeu politique habituel, la réaction a été authentiquement furieuse, détaille le média, reprenant les propos d’un député du parti de centre-droit Les Républicains, qui a accusé le président d’agir de manière « isolée, narcissique et insensible à la vie des Français ».

 »Sur ce point, on peut dire que le président a de la forme », soutient le journal, notant qu’en 2018, son approche autoritaire a contribué à transformer les manifestations provinciales contre une taxe sur les carburants en une révolte plus large des gilets jaunes contre les élites.

Pénitent, M. Macron s’est lancé dans une « tournée d’écoute » à l’échelle nationale. Puis, lorsque son parti Renaissance a perdu sa majorité en juin dernier, il a de nouveau promis une approche plus consensuelle. Mais moins d’un an après le début de son second mandat, dans un contexte d’inquiétude généralisée face à la baisse du niveau de vie, « il est revenu au type jupitérien, défiant les souhaits des deux tiers de la population française qui s’opposent à ses réformes, et contournant les subtilités démocratiques d’un débat au Parlement », constate le grand tirage.

« Pour un président intelligent, il s’agit d’une politique étrangement stupide », estime la même source.

Les manifestations et les grèves finiront peut-être par s’estomper, bien que d’autres soient prévues et que le sentiment d’indignation populaire soit réel, concède le journal, soulignant toutefois que la réputation de M. Macron en tant que « technocrate arrogant peu soucieux des mouvements sociaux ou du sentiment civique est certainement scellée ».

Sa première ministre, Élisabeth Borne, semble aujourd’hui avoir perdu la main, tout comme son gouvernement, mais elle semble déterminée à rester à son poste. Le second mandat du président risque de se transformer en « un long et acrimonieux adieu, avec peu de résultats », estime The Guardian.

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