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Crise ukrainienne : quel rôle de la Chine ?

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, est actuellement en tournée européenne. La crise ukrainienne et le rôle que Beijing peut jouer pour trouver une solution politique à la crise ont été au cœur des entretiens dans toutes les capitales visitées. La crise a eu un impact économique tellement négatif sur l’Europe, fortement dépendante du gaz russe, que ses dirigeants scrutent les horizons à la recherche de toute lueur d’espoir à même de mettre fin à une guerre qui menace de mettre à genou les économies de leurs pays. Cette lueur d’espoir semble venir de la Chine, pays qui maintient des canaux de communication avec toutes les parties impliquées dans la crise. Les médias internationaux se sont faits l’écho de déclarations faites récemment par l’ancien Secrétaire d’État américain, Henry Kissinger, qui a estimé sur la chaine de télévision CBS News, que l’implication de la Chine « devrait conduire à des négociations pour le règlement de la crise ». « Maintenant que la Chine est entrée dans les négociations, tout va se mettre en place. Je pense que d’ici la fin de l’année (2023), nous parlerons du début du processus de pourparlers et même de véritables négociations », a dit ce vieux renard de la diplomatie internationale. D’après lui, la crise ukrainienne pourrait désormais approcher d’un tournant décisif. Les prémices de l’engagement chinois sont palpables. La machine diplomatique du géant asiatique, forte de ses récentes réalisations au Moyen-Orient, s’est mise en branle ces derniers jours. Un développement qui incite les analystes à s’attendre à un apport plus tangible de la Chine pour faire sortir le conflit russo-ukrainien de l’impasse. Outre les entretiens tenus par le chef de la diplomatie chinoise en Europe, la question ukrainienne a été débattue lors d’une réunion de haut niveau, tenue mercredi et jeudi à Vienne, entre responsables chinois et américains. Les entretiens, qui ont réunis Wang Yi, plus haut conseiller diplomatique du président chinois Xi Jinping, et Jake Sullivan, conseiller américain à la sécurité nationale, ont été qualifiés de « francs, approfondis, substantiels et constructifs » par l’agence de presse chinoise, Xinhua. Mardi dernier à Berlin, M. Qin a indiqué que Beijing maintient « des lignes de communication ouvertes » avec toutes parties concernées par la crise en Ukraine en vue d’atteindre un cessez-le-feu. Cependant, il a concédé que la crise demeure « compliquée et ne peut être résolue d’une manière simple ou émotionnelle ». A cet égard, la Chine prône « le pragmatisme » pour pouvoir avancer vers un règlement politique. En février dernier, un an exactement après le déclenchement de la crise, la Chine a publié un document en 12 points, le présentant comme base d’une médiation possible entre Kiev et Moscou. Tout en offrant cette médiation, la Chine affirme qu’elle n’est pas partie prenante au conflit, mais un promoteur de paix et de pourparlers. Dans son plan, Beijing met l’accent sur le respect de « la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de tous les pays » et appelle la Russie et l’Ukraine à tenir des pourparlers de paix, soulignant que « le dialogue et la négociation sont la seule solution viable ». « La communauté internationale devrait rester attachée à la bonne approche consistant à promouvoir les pourparlers de paix, aider les parties (impliquées dans) ce conflit à ouvrir la porte à un règlement politique dès que possible, et créer les conditions et les plateformes nécessaires à la reprise des négociations », estime la Chine. Le plan a été accueilli favorablement en Russie qui a salué les efforts de la Chine visant à jouer un rôle plus important pour parvenir à un règlement politique à la crise. Moscou s’est même dite ouverte aux efforts visant à réaliser les objectifs fixés dans le plan chinois. De l’autre côté, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, s’est entretenu au téléphone, en avril dernier, pendant plus d’une heure avec le président chinois. A l’issue des discussions, la Chine a annoncé qu’elle enverrait en Ukraine, ainsi que dans d’autres pays, une délégation chargée de discuter du règlement du conflit. Suite à cette annonce, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a salué la volonté de la Chine de s’impliquer. Tous ces éléments portent, de l’avis des experts, les ingrédients d’une sortie d’une crise dont les impacts économiques se sont propagés dans les contrées les plus lointaines du monde.

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