Culture

Critique cinématographique: cinq questions à la critique égyptienne Fayza Hindawi

La journaliste égyptienne Fayza Hindawi et critique de cinéma ainsi que membre du jury de la compétition officielle longs-métrages du 23è Festival international du cinéma africain de Khouribga (FICAK), évoque, dans un entretien accordé à la MAP, la réalité du domaine de la critique et de l’industrie cinématographique en Afrique.

1. Comment avez-vous intégré le domaine de la critique cinématographique et quels sont les défis auxquels ce domaine est confronté ?

La critique cinématographique est un domaine artistique que j’apprécie et dans lequel je me sens à l’aise. Depuis mon plus jeune âge, je regardais les œuvres cinématographiques avec un œil critique, tout en relevant les points positifs et négatifs du film de manière spontanée. Par la suite, j’ai décidé de poursuivre mes études dans ce domaine et d’en faire mon métier.

Par rapport aux défis auxquels est confronté ce domaine, il faut d’abord noter qu’il y a deux principes fondamentaux de la critique cinématographique, à savoir l’objectivité et l’impartialité dans la mention des points négatifs et positifs de l’œuvre. Je trouve, en outre, que le domaine ne reçoit pas l’attention nécessaire dans les festivals de cinéma, car la plupart d’eux ne se soucient pas des critiques et du rôle de la critique cinématographique. Les festivals devraient accorder plus d’attention aux critiques, car ils sont le lien entre le cinéaste et son public, et ont un rôle important dans le développement de l’industrie cinématographique.

2. Selon votre regard en tant que critique, quelles sont les principales caractéristiques d’un bon film ?

Un film doit être parfaitement complet que ce soit par rapport à l’idée, aux acteurs et à la réalisation. Si tous ces éléments sont présents, je me concentre davantage sur le scénario qui me touche le plus souvent. Je considère que le film est bon quand l’idée du scénario me paraît claire. Pour moi, avoir un bon scénario a des répercussions favorables sur l’ensemble des éléments du film.

En outre, si le film propose des idées innovantes, et que le réalisateur est audacieux dans sa façon de traiter de nouvelles idées et de nouveaux sujets loin des idées traditionnelles, cela crée une belle œuvre cinématographique.

3. Quel regard portez-vous sur le domaine de la critique cinématographique entre hier et aujourd’hui ?

Il y a une différence entre la critique cinématographique d’hier et d’aujourd’hui. Actuellement, les réseaux sociaux ont fortement facilité la communication entre les critiques, les cinéastes et le public, alors qu’auparavant le critique avait du mal à atteindre le public.

Cependant, cette ouverture sur Internet fait que plusieurs personnes présentes sur les réseaux sociaux se permettent de faire de la critique cinématographique sans pour autant être familière avec le domaine.

4. Quelle est votre évaluation de l’industrie cinématographique en Afrique ?

L’industrie cinématographique en Afrique est sur la bonne voie et avance dans la bonne direction. En effet, certains pays du sud du continent ont développé une industrie cinématographique intéressante. Ils traitent dans leurs productions des sujets, des problématiques et des phénomènes dont souffre leurs sociétés. Par conséquent, le 7ème art est devenu un miroir de la société, de ses us et de ses coutumes.

Pour ce qui est de l’Afrique du Nord, je trouve qu’il y a un fort mouvement cinématographique dans certains pays, mais ce sont plus des tentatives individuelles. L’Égypte, par exemple, dont l’industrie cinématographique a connu un déclin ces dernières années, essaye actuellement de revenir sur le devant de la scène cinématographique.

Au niveau du Maroc, de nombreuses œuvres cinématographiques marocaines participent aux festivals internationaux, notamment le festival de « Cannes » cette année, qui verra la participation de marocains et d’égyptiens. En outre, de nombreux critiques arabes sont généralement présents dans les festivals de films internationaux.

Par ailleurs, le cinéma africain souffre de manière générale de problèmes de financement, et ce en raison du manque de soutien financier de la part des États à l’industrie cinématographique. Je lance à cette occasion un appel aux gouvernements pour soutenir les films et valoriser ainsi la créativité des cinéastes sur le continent africain.

5. Que pensez-vous de la place des femmes arabes dans le cinéma africain ?

Les sociétés arabes sont encore dans une certaine mesure dominées par les hommes. Ainsi, les femmes arabes n’auront pas tous leurs droits sur la scène cinématographique africaine. Par exemple, dans le cinéma égyptien on constate que la plupart des héros de films sont des hommes et non des femmes, et ce parce que la société favorise davantage les hommes. On peut donc dire que l’image de la femme arabe au cinéma va évoluer avec l’évolution de la femme dans la société.

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