Société

Autoroutes du Maroc : Licenciement des employés de Jawaz sans indemnités

La Société Nationale des Autoroutes du Maroc (ADM) a décidé de mettre fin, sans préavis ni indemnités, aux contrats de tous les employés chargés du rechargement des cartes de paiement prépayé « Jawaz ». Cette décision prendra effet à la fin du mois d’août en cours.

Selon des informations obtenues par le journal « Al omk Al Maghribi », les employés concernés ont reçu une notification les informant que le mois d’août serait leur dernière période de travail pour cette tâche, sans aucune perspective de renouvellement ou d’indemnisation pour la perte de leur emploi.

Les mêmes sources précisent que la mission de ces travailleurs consistait à accueillir les clients aux stations de péage ou aux points de vente et à recharger leurs cartes « Jawaz » en échange d’un paiement. Leur salaire était un montant journalier fixe de 100 dirhams pour chaque journée de travail effective.

Des sources professionnelles anonymes ont confirmé au journal « Al 3omk Al Maghribi » que ces employés travaillent depuis plusieurs mois sous un régime journalier et temporaire, sans contrats de travail permanents ni couverture sociale. Cette situation les prive de la possibilité de bénéficier d’une indemnisation pour la perte d’emploi ou de tout autre avantage légal. « Ils nous ont informés soudainement que notre mission était terminée, comme si nous n’avions pas passé des mois à servir les clients sous le soleil et dans des conditions difficiles, pour un salaire modeste », a déclaré l’un d’eux.

Hausse des prix et tensions sociale

Le service « Jawaz » est un système de paiement électronique mis en place par ADM il y a plusieurs années pour fluidifier le passage aux péages. Le client y recharge son solde à l’avance pour payer les frais de passage.

La récente décision de l’ADM d’augmenter le prix de la carte « Jawaz » à 80 dirhams sans aucun solde initial a suscité une vague de mécontentement parmi les usagers de la route. Auparavant, la carte était vendue à 50 dirhams avec un solde de 40 dirhams inclus.

Cette décision s’inscrit dans un contexte d’adoption croissante du système de paiement prépayé par la société, qui réduit le nombre d’employés aux péages et augmente le nombre de voies dédiées aux détenteurs de cartes « Jawaz ». Pour beaucoup, ce système est devenu un choix forcé.

Un rapport de la mission d’enquête parlementaire temporaire sur l’ADM a révélé une augmentation des protestations de la part des travailleurs sous-traitants aux péages. Ces derniers représenteraient environ 900 employés, soit près de 50 % des travailleurs des sociétés de sous-traitance sur les autoroutes. Le rapport a également noté une baisse du nombre d’employés permanents au cours des dix dernières années, passant de 550 à 440.

Les années 2023 et 2024 ont été marquées par des grèves et des protestations continues des employés des autoroutes, sur fond d’embouteillages récurrents aux centres de péage. Ces derniers sont dus à l’insistance de la société à imposer le service « Jawaz » aux clients et à réduire le nombre de voies de paiement direct.

Défis de sécurité et responsabilités juridiques

D’un autre côté, l’ADM est confrontée à des défis majeurs concernant sa responsabilité en matière de sécurité des usagers de la route. Des dizaines d’accidents sont enregistrés chaque année, dont beaucoup révèlent un manquement évident à l’entretien des routes et à la protection de leurs utilisateurs.

Le Tribunal Administratif de Première Instance de Tanger a récemment rendu un jugement condamnant l’ADM et la tenant pour entièrement responsable d’un accident survenu le 13 novembre 2020. Un véhicule avait percuté un chien errant qui s’était introduit sur l’autoroute entre Rabat et Tanger, au niveau de la commune de Larache.

Le tribunal a accordé une indemnisation de 154 576,22 dirhams, couvrant à la fois les dommages matériels subis par la voiture de type « Mercedes » (plus de 121 000 dirhams) et les dommages corporels subis par la mère et son fils. Le jugement était basé sur des rapports techniques et médicaux confirmant que la cause directe de l’accident était le manque d’entretien des clôtures de sécurité de la route, ce qui a permis à l’animal de s’introduire sur la voie rapide.

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