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Afrique du Sud : Une crise économique au relent politique

En Afrique du Sud, la crise économique se ressent de plus en plus, les Sud-africains s’appauvrissant d’avantage et l’inflation ayant atteint un sommet de 14 % en 2023, entraînant une érosion notable du pouvoir d’achat des ménages.

Une crise énergétique paralysante, une criminalité endémique, un environnement de faible croissance et une détérioration des paramètres budgétaires se sont combinés pour aggraver encore la situation.

A cela s’ajoutent la stagnation économique engendrée par des coupures de courant quotidiennes records, la désintégration des infrastructures et les faux pas de la politique étrangère, ce qui a contraint les investisseurs à la sortie, la monnaie locale, le Rand, s’approchant rapidement d’un creux record de 20 pour un dollar. Il a perdu 39 % de sa valeur durant cette période, soit la pire performance parmi les principales devises des marchés émergents après la livre turque et le peso argentin.

Le double impact de l’inflation galopante et de l’augmentation de 4,25 points de pourcentage du taux préférentiel de la Banque centrale au cours des 18 derniers mois a érodé le revenu disponible, tandis que l’Agence des statistiques a annoncé que l’inflation des prix des aliments et des boissons a augmenté de 14%, soit la plus forte hausse en 14 ans.

La Banque centrale a déjà procédé à un resserrement de 425 points de base depuis novembre 2021, la dernière augmentation de 50 points de base effectuée en mars dernier étant plus importante que prévu. La Banque de réserve se trouve désormais dans une position difficile, avec à la fois des hausses de taux et une pause dans le cycle de resserrement, susceptibles de saper le Rand.

Tous ces facteurs conjugués ont entrainé la désaffection croissante du monde des affaires à l’égard de l’administration du Président Cyril Ramaphosa. Le directeur général du groupe Investec, Fani Titi a bien résumé cette situation de cul-de-sac : « Nous n’allons nulle part, le gouvernement est totalement désorganisé ».

Dans une déclaration à la MAP, il a souligné que les chefs d’entreprise ont fait part de leurs inquiétudes concernant les nombreux problèmes auxquels fait face actuellement le pays, exhortant le gouvernement à travailler d’urgence pour faire face à la crise énergétique, à la criminalité et à la corruption qui affectent leurs activités et érodent le pouvoir d’achat des Sud-africains.

Et pour preuve de ce désintéressement, explique-t-il, les investisseurs étrangers ont vendu pour 10,5 milliards de dollars nets (204 milliards de rands) d’obligations d’État sud-africaines cette année, contre 15,9 milliards de dollars de ventes nettes l’année dernière. Il a, à cet égard, fait constater que le climat économique a poursuivi sa trajectoire descendante, avec une contraction du PIB attendue de 0,4 % pour le premier trimestre de cette année.

«Cette situation a été caractérisée par des délestages électriques récurrents, impactant significativement l’économie», a indiqué M. Titi, expliquant que l’augmentation des temps d’arrêt et des coûts associés à l’approvisionnement en énergie alternative a fait grimper les coûts de production et a nui aux revenus et à la rentabilité des entreprises.

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