Culture

Après une longue pause due au Covid, la vente aux enchères du tissu bzioui reprend des couleurs

Il est 15h00 quand les premiers priseurs prennent d’assaut la place « Souika de la médersa », principal artère et cœur battant du petit patelin de Bzou, et où se déroule chaque vendredi la célèbre criée du fameux coupon de tissu bzioui.

Après une longue pause due au Covid-19, voilà que la célèbre vente aux enchères de Bzou se refait une santé à la recherche d’un nouveau départ pour redorer le blason de la Jellaba bziouia, mise à mal par les retombées néfastes de la crise de la Covid-19 qui a jeté tout son poids sur ses ventes.

Sur place, plusieurs tisseuses s’affairent déjà à étaler l’une après l’autre dans une course frénétique leurs plus beaux coupons de cette djellaba créée de toute pièce par la femme de Bzou.

Témoin d’un héritage bien ancré et signe incontestable d’apparat et de pureté chez les Marocains, le Jellaba de Bzou, habit typiquement traditionnel marocain, est confectionnée à partir de laine et de soie naturelle à laquelle les tisserandes donnent libre cours à leur esprit inventif et imaginaire.

Très fine et transparente, la Jellaba Bziouia, est fabriquée après que les tisseuses préparent soigneusement la laine, procèdent à son cardage et à sa filature à la main. Un processus qui demande un doigté chirurgical en raison de la finesse du tissu très cher, fruit d’un travail long et fastidieux qui dure en moyenne 7 mois.

Les femmes artisanes, l’une après l’autre, commencent à mandater les priseurs pour faire découvrir aux vendeurs, commerçants et acheteurs leur étoffe de laine entièrement faite à la main.

Chaque priseur fait alors son tour en montrant toute la splendeur, les coloris ainsi que les motifs de chaque coupon soigneusement ouvragé par ces femmes en criant fort le prix de chaque enchérisseur. Le prix final est annoncé par le priseur. Le coupon est adjugé au plus offrant qui paye à la femme montagneuse de Bzou le fruit de son labeur.

La vente aux enchères a été reprise après un arrêt forcé dû à la Covid. Pourtant cette activité est exercée par environ 2000 femmes relevant de la province d’Azilal.

Une véritable aubaine pour celles-ci et un moyen pour surmonter les difficultés de la vie et s’offrir un revenu stable en plus de participer à revigorer l’économie locale de cette commune nichée dans les hauteurs du Haut Atlas.

La Jellaba bziouia en référence à sa ville d’origine, Bzou est sans conteste l’une des belles incarnations de la diversité du patrimoine vestimentaire marocain, a souligné à la MAP, Abdelhadi Jiddane, membre de la coopérative Al Wafae de la Jellaba bziouia, saluant la décision de la commune et des autorités locales d’Azilal de reprendre les ventes aux enchères de cette Jellaba qui constitue l’épine dorsale de l’économie locale.

Le secteur de la Jellaba Bzioui est un secteur clé qui permet à de nombreuses femmes tisseuses de la montagne de s’offrir un revenu stable et de garantir à leurs enfants une vie décente, a-t-il souligné, déplorant toutefois les difficultés liées à la pandémie du Covid-19 qui ont entravé les ventes de cette Jellaba.

La promotion du secteur de la Jellaba bzioui est tributaire du soutien aux femmes tisseuses et à Dar Djellaba bzioui qui a été créée dans le but de favoriser l’insertion socio-économique de ces femmes en plus de promouvoir ce secteur clé qui fait toute la renommée de la ville de Bzou.

Très présent dans la vallée de Bzou, le tissage de la Jellaba bziouia constitue le principal moteur économique de cette région. Grâce à la création de plusieurs coopératives actives dans la valorisation du tissu bzioui, ce dernier pourra contribuer à l’animation locale en drainant davantage investisseurs et couturiers pour promouvoir un produit purement « made in Morocco ».

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