A Rabat, se procurer un mouton n’est pas une sinécure !

Sous un soleil de plomb, des acheteurs aux visages visiblement déconcertés déambulaient dimanche au marché de bétail de Hay El Fath, à la recherche de l’affaire idéale. Une tâche qui, cette année, est loin d’être aisée pour les petites et moyennes bourses.
S’il est vrai que l’offre en ovins destinés au sacrifice demeure abondante et diversifiée, les prix sont généralement plus chers que l’an dernier en raison de la sécheresse couplée à la flambée des coûts du fourrage, entre paille et frais d’ensilage.
Devant une telle flambée, certains éleveurs ne dissimulent pas leur angoisse au regard de l’affluence timide des acheteurs potentiels qui, pour la plupart, sont encore plutôt réticents. Les mains dans les poches, un jeune homme se tient un peu à l’écart des enclos, se contentant d’observer de loin les troupeaux. « Les gens s’enquièrent des prix et s’en vont », se désole Abdennabi, éleveur de la région de Settat, approché par la MAP. Il assure que les prix auraient augmenté de 1.000 à 1.500 dirhams par rapport à l’Aid dernier, une hausse qu’il attribue aux fortes dépenses dont il a dû s’acquitter. « Depuis l’achat de ce troupeau il y a neuf mois, j’ai dû débourser de grandes sommes pour la location de pâturages et l’acquisition d’un fourrage de bonne qualité », explique-t-il, notant que le prix du fourrage à base de fève, à titre d’exemple, a atteint 7,5 DH/Kg.
D’autres éleveurs présents sur le marché partagent des récits similaires tout en se préoccupant de la viabilité économique de leur activité. Ils ont même dû réduire les prix aux dépens de leur marge de bénéfice pour écouler un maximum de têtes. D’après Rachid, « la majorité des ménages ont un budget limité à 2.800 DH environ et la race Sardi est dès lors hors de portée ».
« Au cours des deux derniers jours, les prix ont reculé de 2.000 dirhams sur certaines races, passant de 6.000 à 4.000 DH la tête », confie-t-il cependant.
Un point de vue que ne partage pas Hamid, vendeur de Mérinos, une race bovine importée d’Espagne. A son avis, ces ovins présentent des prix très compétitifs par rapport au cheptel local. Déjà présente dans certaines régions du Maroc, cette race serait réputée pour la bonne qualité de sa viande, fait-il valoir. Abdelkader, un père de famille, déplore la flambée des prix. « On trouve des moutons de la taille de chatons à des prix exorbitants allant de 3.000 DH à 4.000 DH la tête”, lance-t-il sur un ton satirique. Selon lui, « les petits budgets peinent à se procurer un mouton cette année et plusieurs vont se contenter d’acheter quelques kilogrammes de viande pour fêter l’Aid, du mieux qu’ils le peuvent ».
En plus des prix excessifs du fourrage et des frais de transport, les éleveurs se plaignent des lourdes charges liées à la location des tentes installées dans ce marché pilote. Des dépenses qui, au bout du compte, « se répercuteront sur la poche du citoyen », déplore Abdelkader.
Idem pour Maha qui, accompagné de son papa, ne cache ses inquiétudes tout à fait naturelles. « Avec un budget entre 2.500 et 3.000 DH, il est quasiment impossible de se procurer un mouton dans les normes », confie cette jeune femme qui dit ne pas être prête à débourser 4.000 DH pour un mouton ». Face à l’absence de chiffres officiels à l’échelle de la direction provinciale de Rabat-Salé, il est difficile d’estimer l’offre et la demande en ovins destinés à l’abattage. A noter qu’au niveau national, plus de six millions de têtes ont été identifiées pour répondre aux besoins du sacrifice, ce chiffre dépassant largement la demande estimée à environ cinq millions. Exceptionnellement, des opérateurs ont été autorisés à importer des ovins afin d’assurer un approvisionnement adéquat du marché.
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