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Espagne: Un manager de fermes de fraises arrêté pour abus sexuels envers des ouvrières marocaines

Alors que le ministère de l’Emploi au Maroc démentait, le 19 mai dernier, toute accusation d’agressions sexuelles envers les ouvrières marocaines dans les champs de fraises dans la province de Huelva, la police locale a arrêté, ce 25 mai, le manager d’une des serres.

 L’homme de 47 ans est accusé d’avoir abusé sexuellement les travailleuses qu’il supervisait pendant la journée, d’après le site d’information El Español. Le présumé agresseur a cependant été libéré sous caution après avoir donné une déclaration la police. Selon El Español, l’enquête a été remise au tribunal de Moguer.

Cette arrestation est la première suite a l’enquête menée par le site El Español,qui dénonce les conditions de vie de ces ouvrières marocaines devenues “esclaves sexuelles”.

Le site a recueilli les témoignages d’une dizaine de travailleuses qui accusaient leurs gérants de les faire chanter en les laissant sans travail -et donc sans  argent- si elles refusaient d’avoir des relations sexuelles avec eux.

“Ils savent que nous sommes pauvres, que nous avons des enfants, que beaucoup d’entre nous sont divorcées ou veuves […]. Dans les fermes, ils nous touchent, ils nous battent, ils nous insultent. Dans les chambres, ils nous forcent à dormir avec eux”, déclare une des victimes au site d’information.

Suite à ces allégations, la Direction générale des politiques migratoires de la Junta de Andalucía a déposé une plainte auprès du Bureau du Procureur de Huelva qui a ensuite ouvert une enquête pour vérifier ces allégations.

Un autre reportage effectué en avril dernier par le site Buzzfeed News Allemagne a également dénoncé ces abus. Une trentaine d’ouvrières interrogées par le site rapportent des agressions sexuelles et des violences verbales et physiques infligées par leurs supérieurs.

“Si je ne faisais pas ce qu’il dit, il me tuerait”, avait déclaré à BuzzFeed News Kalima (le prénom a été modifié), une travailleuse marocaine en Espagne, qui rapporte avoir été violée et frappée à plusieurs reprises par son superviseur en mars et avril 2017, avant qu’elle soit emmenée à un refuge pour femmes dans la Huelva.

Pas d’abus à rapporter pour le ministère de l’Emploi

Informé de la situation, le ministère l’Emploi et de l’Insertion professionnelle marocain est allé sur place, le 10 et 11 mai, pour vérifier les propos tenus par les ouvrières. Après une visite de terrain effectuée par une délégation maroco-espagnole, le ministère a confirmé samedi 19 mai dans un communiqué “qu’aucune violation à l’égard des ouvrières marocaines travaillant dans les exploitations agricoles de fruits rouges espagnoles n’a été enregistrée”.

La visite concernait les fermes, les usines de conditionnement des produits agricoles et les logements des ouvrières de trois entreprises majeures opérant dans la filière des fruits rouges et de la fraise en Espagne qui se trouvent dans la province de Huelva.

En février dernier, le ministère du Travail et de l’Intégration professionnelle avait annoncé le départ en avril de 11.000 ouvrières agricoles marocainesbénéficiaires de permis de travail en Espagne.

Cette opération a été lancée dans le cadre de la convention de la main-d’œuvre signée entre le Maroc et l’Espagne le 25 juillet 2001, rappelait le ministère dans un communiqué. Par ailleurs, le ministère avait reçu, le 21 décembre 2017, une demande de l’ambassade espagnole pour le recrutement de 11.000 ouvrières au profit d’entreprises de la province de Huelva, pour récolter les fruits rouges pour une durée de 3 mois. Celles-ci recevraient un salaire de 37 euros net par jour, avec transport et logement pris en charge par les employeurs, selon le ministère.

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