Culture

Le Festival national du film de Tanger organise une table ronde sur « l’adaptation cinématographique d’œuvres littéraires »

Le Festival national du film de Tanger a organisé une table ronde sur « l’adaptation cinématographique d’œuvres littéraires » qui a réuni plusieurs experts du domaine cinématographique, y compris des réalisateurs, des scénaristes et des critiques. Ils ont discuté des anciennes et nouvelles divergences entre les écrivains et les cinéastes et de leur impact sur la qualité de la production artistique. Des propositions ont été présentées pour rapprocher les points de vue des deux parties afin de servir la création artistique.

À cet égard, le critique et chercheur cinématographique Hamadi Kiroum a déclaré que les réalisateurs ne devraient pas considérer l’adaptation comme une démarche facile sans utiliser leur imagination. Il a également estimé qu’il ne fallait pas remettre en question l’adaptation d’œuvres littéraires, car cela serait « naïf« . Il a souligné que les réalisateurs devraient faire des œuvres littéraires une source de réflexion cinématographique, en explorant ce que les écrivains, dramaturges, artistes visuels et musiciens n’ont pas dit.

De son côté, Hamid Eidouni, responsable du laboratoire d’études cinématographiques et audiovisuelles à l’Université Abdelmalek Essaâdi, a souligné que la tension dans la relation entre cinéastes et écrivains était due à ce qu’on pourrait appeler « trahison ou non-trahison du texte« . Il a insisté sur le fait que la trahison du texte était présente dans tous les cas, car il y a un passage d’une forme d’expression à une autre, en plus d’un certain choix, car le texte littéraire ne peut pas être entièrement incarné.

Le même intervenant a estimé que les écrivains devraient accepter cette trahison et considérer que le film n’est qu’un moment parmi d’autres du texte, et non l’expression complète du texte, à l’instar du texte théâtral, qui peut être exprimé de différentes manières sans être considéré comme une trahison du texte.

Il a souligné que ce qui doit être recherché, c’est comment créer un espace unifié où cinéastes et écrivains se rencontrent volontairement, sans contrainte, et travaillent ensemble, à l’instar de certaines « duos » réussies en Europe qui collaborent sans tension.

Le chercheur cinématographique Abdelkrim Oubla a également souligné l’importance de l’adaptation dans le développement du cinéma, rappelant que ce sont les réalisateurs, à commencer par Georges Méliès, qui ont initié et développé l’adaptation, ce qui a conduit le cinéma occidental à sa situation actuelle. Sans cela, le cinéma aurait pu se retrouver dans une position différente.

Abdelkrim Oubla a estimé que la colère de certains écrivains envers les cinéastes qui adaptent librement ne devrait pas exister, et que les écrivains devraient accorder les droits d’adaptation au réalisateur, qui doit faire preuve de littérarité et ne pas être contrarié par les modifications apportées au film, car il n’en est pas le propriétaire. Le public jugera le film en fonction de sa lecture du roman, et non de son visionnage. Il a appelé les étudiants en cinéma à lire pour sortir de la crise de l’écriture et atteindre la créativité.

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