Société

Malgré la construction d’une station de dessalement d’eau de mer, la crise de l’eau à Safi continue de remettre en question l’efficacité de ces projets

La ville de Safi vit au rythme de coupures d’eau répétées pendant de longues heures chaque jour, et parfois d’un faible débit d’eau, ce qui a perturbé et irrité les citoyens. Cette situation intervient dans le contexte de la visite du ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, pour inaugurer l’usine de dessalement d’eau de mer à Safi, et de ses déclarations espérant que l’usine permettra de fournir en eau potable l’ensemble de la ville dès janvier dernier.

Cette situation soulève des questions sur l’efficacité et la réussite des projets de stations de dessalement d’eau au Maroc et leur capacité à répondre aux besoins quotidiens de consommation de cette ressource vitale, surtout avec les annonces répétées de l’Agence indépendante communale pour la distribution de l’eau et de l’électricité à Safi (RADEES), indiquant que la ville dispose d’une station de dessalement inaugurée fin de l’année dernière.

Déclaration officielle

Dans une sortie médiatique, le ministre de l’Équipement et des Transports, Nizar Baraka, a déclaré que l’usine de dessalement d’eau de mer à Safi fournirait à la ville 100 % de son eau potable dès le début du mois de janvier dernier.

Baraka a ajouté, lors de son passage au journal télévisé de la première chaîne, que la station de dessalement à Safi fournirait également 100 % de l’eau potable à la ville d’El Jadida à partir du début du mois de février en cours.

Selon le site d’information spécialisé dans l’eau et sa conservation, affilié au ministère de l’Équipement et de l’Eau, 10 millions de mètres cubes d’eau dessalée seront sécurisés pour la ville de Safi et 30 millions de mètres cubes pour la ville d’El Jadida en 2023.

Le même site ajoute que la production prévue pour les années 2024 et 2025 atteindra 15 millions de mètres cubes par an pour Safi et 32 millions de mètres cubes par an pour El Jadida. À partir de 2026, ce volume atteindra 30 millions de mètres cubes par an pour Safi et 45 millions de mètres cubes pour El Jadida.

Coupures sans préavis

L’activiste civique et des droits humains à Safi, Abdelilah Wathiq, a confirmé les coupures d’eau répétées, qui ont eu lieu ces derniers jours « sans annonce préalable » comme le faisait l’Agence indépendante communale pour la distribution de l’eau et de l’électricité en publiant des annonces sur sa page Facebook.

Wathiq a ajouté dans une déclaration téléphonique au journal « Al Omk » que l’agence « RADEES » annonçait chaque fois qu’elle coupait l’eau dans certains quartiers, attribuant cela à des travaux de maintenance, mais récemment, la ville a connu des coupures « sans annonce préalable », et la situation s’est aggravée après l’annonce de l’agence de réduire le débit, empêchant parfois les habitants des étages supérieurs d’avoir de l’eau à certains moments de la journée, selon ses mots.

La ville ne bénéficie pas de l' »eau annoncée »

Wathiq poursuit dans la même déclaration que les coupures d’eau répétées dans la ville côtière ont naturellement causé une grande frustration parmi les citoyens, les activistes et les acteurs, en raison de l’importance et de la vitalité de l’eau, et aussi parce que cela coïncide avec le débat national sur la gestion du stress hydrique.

Il a noté que la situation a été exacerbée par la récente déclaration du ministre de l’Équipement et de l’Eau, ainsi que par la déclaration du gouverneur de la province (lors d’une réunion du conseil provincial de Safi), qui ont tous deux confirmé que Safi bénéficierait du projet de dessalement par le biais de deux stations de traitement de l’eau de mer en janvier et février, sans que rien de cela ne se soit matérialisé sur le terrain, selon ses dires.

Manque d’accompagnement ou absence de convergence ?

La ville de Safi bénéficie de l’eau provenant du barrage Al Massira, stockée dans le barrage hydraulique Sidi Abdel Rahman situé en périphérie de la ville, dont les réserves sont sur le point de s’épuiser, selon Wathiq.

Il ajoute que la question qui se pose aujourd’hui est de savoir comment une ville dotée d’un projet de dessalement d’eau de mer peut connaître des coupures d’eau répétées, alors que d’autres villes sans stations de dessalement ne connaissent pas de telles interruptions.

Wathiq indique que l’attention se porte maintenant sur l’Agence indépendante de l’eau et de l’électricité « RADEES » et si elle a accompagné cette transition après avoir adopté une autre source d’approvisionnement en eau potable.

Travaux ou sécheresse ?

Les annonces de l’Agence indépendante communale pour la distribution de l’eau et de l’électricité à Safi RADEES varient à chaque fois quant à la raison des coupures annoncées, attribuant parfois cela à des travaux de maintenance du réseau d’eau, et parfois à la nécessité de rationner la consommation en raison de la rareté des précipitations et de la sévère sécheresse que connaît le Maroc.

Les annonces de l’agence RADEES, après avoir examiné les annonces publiées depuis le début de l’année en cours sur sa page Facebook jusqu’à aujourd’hui, indiquent que les coupures sont dues à des travaux de maintenance.

Les annonces révèlent également que l’agence a réduit le débit d’eau dans les maisons et coupe l’eau à des moments précis de la journée, surtout la nuit, dans le cadre de la rationalisation de la consommation d’eau distribuée.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *