Culture

Aïd Fitr, une occasion de consacrer les valeurs de solidarité et de préserver les traditions ancestrales

A l’instar des autres fêtes religieuses et nationales, Aïd Fitr, qui offre l’opportunité pour les familles marrakchies de se réunir et partager des moments de joie, représente aussi une occasion de mettre en valeur le patrimoine culturel immatériel, dans son volet lié aux habits traditionnels et à l’art culinaire avec des plats et friandises préparés spécialement pour cette fête religieuse marquant la fin du mois sacré du Ramadan.

Les premières heures de la journée de l’Aïd Fitr commencent dans la Cité ocre lorsque les femmes, vêtues de leurs plus belles tenues (caftans ou robes brodées), prennent le temps, dans une ambiance festive et bon enfant, à préparer des plats typiques, de quoi orner, comme il se doit, la table du petit-déjeuner (le Ftour).

A travers cette tâche transmise de mère en fille, les femmes cherchent à créer une harmonie singulière entre plats, couleurs et saveurs, de quoi séduire les membres de la famille, petits et grands et satisfaire tous les goûts même les plus raffinés.

Le plat principal qu’on retrouve en ce jour béni, sur toutes les tables des familles marrakchies n’est autre que le fameux plat de « Harbel », préparé à base de graines de blé légèrement concassées, cuites avec dy lait dans le brasero, qui permet une cuisson douce et lente au-dessus des braises, puis mélangés avec du beurre et du miel.

Servi au petit-déjeuner de l’Aïd Fitr, ce plat, qui représente une tradition culinaire ancestrale, transmise de génération en génération, est très apprécié aussi bien par les marrakchis que par les visiteurs et les touristes de la Cité ocre.

Cette spécialité typiquement marrakchie, a acquis ses lettres de noblesse, et se retrouve désormais dans les tables des familles dans plusieurs régions du Royaume.

Maha Madi, Directrice de la Fondation « Dar Bellarj », dédiée à la Sauvegarde de la Culture et du Patrimoine, a déclaré à la MAP que les rituels et traditions de l’Aïd chez les familles de Marrakech ont un charme et une caractéristique particulière et se déroulent dans une ambiance de joie et de liesse et ce, malgré un mode de vie tourné de plus en plus vers la modernité et l’ouverture aux évolutions et aux autres cultures.

Et de poursuivre que ce qui caractérise l’ambiance de l’Aid Al Fitr dans cette ville impériale, c’est le souci permanent de ses habitants de préserver certains détails. Les préparatifs pour cette heureuse fête débutent chez les familles avant le 27 Ramadan, avec le nettoyage minutieux et le grand ménage au sein des maisons, en vue de recevoir les invités et la famille dans de meilleures conditions.

Mme Madi a fait remarquer que la joie de l’Aïd Fitr a un charme si particulier et s’accompagne le plus souvent d’une grande dynamique commerciale au niveau des marchés et Souks traditionnels de la ville, qui exposent à la vente, des produits nécessaires pour ce genre d’occasion, tels que les ustensiles de cuisine associés à la harira (soupe traditionnelle) : (bols, louches et spatules en bois), les dattes, la chebakia, fruits et autres, en plus des différentes types de friandises.

Elle a de même mis l’accent sur l’ambiance festive qui caractérise cette fête religieuse, et l’esprit de solidarité entre proches et membres de la famille, ainsi qu’entre les voisins.

Cela se traduit par la préparation collective de friandises et gâteaux traditionnels, tels que « Faqas », « Ghraiba », « Kaâb el-Ghazal », « Briwat » et « Mesmen » (crêpes marocaines) nappées de miel. Une tradition ancestrale qui contribue à renforcer les liens familiaux et sociaux et surtout, à soulager les femmes, des charges ménagères supplémentaires à l’occasion du mois sacré du Ramadan.

Et de faire savoir que la table du petit-déjeuner de l’Aïd à Marrakech est souvent garnie de plats et spécialités sécculents, tels que « harbal », « mesmen et maloui » (sortes de crêpes traditionnelles), « Mekhmar » (pain traditionnel), entre autres, notant que plusieurs plats issus d’autres régions se sont introduits sur la table des familles marrakchies, grâce aux nouvelles technologies permettant ainsi, le partage et échange culturels à l’échelle du Royaume, tout en mettant en valeur les spécificités intrinsèques à chacune d’entre elles.

Après avoir évoqué la tradition hautement perpétuée à Marrakech et qui consiste à partager des plats entre voisins et proches à l’occasion de l’Aïd, Mme Madi a indiqué que le menu du déjeuner se compose du poulet grillé ou de la Tanjia préparé à la maison, alors que le diner comprend généralement un tajine préparé à base de viande, même si certains préfèrent un repas léger le soir.

Elle a estimé que malgré l’ouverture que connaît la société aux multiples cultures, l’habit traditionnel reste un élément essentiel de la célébration de l’Aïd Al Fitr, d’autant plus que les familles sont attachés à cet héritage vestimentaire tels que les « Jabadurs », « Djellaba », « Dara’iyya », « Balgha (babouches), « Selham » pour jeunes et hommes, alors que les femmes privilégient les Caftans et les robes brodées, qui témoignent du savoir-faire de l’artisan et de sa capacité à s’adapter aux exigences et aux multiples goûts des familles.

Et d’ajouter que les familles se doivent de préserver ce patrimoine, ainsi que les traditions liées à la célébration de la fête de l’Aïd Fitr, émettant le voeu de voir les établissements d’enseignement consacrer une journée par semaine aux travaux manuels liés à l’artisanat, afin d’inciter les générations montantes à s’attacher à leur patrimoine vestimentaire et autres, et le préserver.

La célébration de l’Aïd Al Fitr pour les familles de Marrakech reste une occasion de s’enorgueillir d’un patrimoine culturel marocain profondément ancré dans l’histoire, qui traduit dans ses diverses manifestations, un souci majeur de partager des moments de joie et de liesse avec les voisins, de consacrer les valeurs de solidarité auprès des générations montantes, et de préserver les spécificités séculaires qui caractérisent le Royaume et font de lui « un modèle unique » de coexistence entre ses différentes composantes.

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