Société

Des médecins fournissent une explication scientifique à la tragédie de Kénitra et mettent en garde contre les dangers du méthanol

Des experts dans le domaine de la santé ont fourni une explication médicale et scientifique des événements récents survenus près de la ville de Kénitra, après des décès et des blessures dus à la consommation d’alcool frelaté, désormais médiatisé sous le nom de « tragédie de Mahya ». Ils mettent en garde contre les dangers de ne pas distinguer les alcools destinés à l’industrie de ceux destinés à la consommation humaine.

Les médecins ont expliqué qu’il existe différents types d’alcool, certains utilisés à des fins industrielles et d’autres à des fins médicales ou alimentaires. Il s’agit du méthanol et de l’éthanol. Le premier est utilisé à des fins industrielles comme le vernis à ongles, la teinture du bois, et autres usages similaires, et c’est un produit très toxique. L’éthanol, quant à lui, est une substance alcoolique généralement utilisée dans les boissons alcoolisées après dilution.

Dans ce contexte, le professeur Taieb Hamdi, dans une déclaration au journal Al3omk a indiqué que l’alcool frelaté qui a causé l’accident de Kénitra n’a rien à voir avec les alcools destinés à la consommation, mais concerne plutôt le méthanol, qui est complètement différent de l’éthanol.

Il a expliqué que le méthanol est utilisé dans l’industrie et dès qu’une personne l’inhalé ou le consomme, elle est empoisonnée. Il a souligné la gravité de sa toxicité, expliquant que un millilitre par kilogramme de poids corporel peut causer un empoisonnement, et qu’un adulte consommant deux cuillères à soupe de cette substance pourrait rapidement souffrir d’un grave empoisonnement, tandis qu’une petite quantité suffirait à tuer un enfant.

Cette substance cible le foie où une réaction avec certaines enzymes libère une autre substance dans le corps qui cause un empoisonnement grave affectant le cerveau, le système digestif, les reins, et les cellules oculaires, pouvant entraîner une perte de la vue.

Hamdi a souligné que si une personne est empoisonnée par le méthanol, elle doit être présentée à un médecin pour un lavage d’estomac dans les deux heures suivant l’ingestion. Il a regretté que les symptômes de cette substance ne se manifestent pas avant 10 heures, se présentant sous forme de diabète grave, de nausées, de perte de la vue, de coma puis de décès, ce qui rend rare l’occurrence du lavage d’estomac en raison du retard des symptômes.

D’autre part, il a insisté sur le fait que les personnes affectées par l’alcool frelaté ne devraient pas boire d’eau ou de lait, ni être aidées à vomir, car cela pourrait entraîner des complications. Au lieu de cela, elles devraient être dirigées vers les urgences où les médecins décideront de l’intervention nécessaire, qui pourrait aller jusqu’à la réanimation.

Le docteur Zouhair Lyouby a commenté sur le sujet, précisant que l’incident était dû à un empoisonnement par le méthanol industriel toxique et non par l’éthanol habituellement présent dans les boissons alcooliques. Il a noté que cette substance toxique, une fois dans le corps, est transformée dans le foie en un composé dangereux qui attaque les cellules nerveuses visuelles, causant la cécité, en plus d’augmenter l’acidité du sang, entraînant la perte de conscience et la mort.

Il a expliqué que le méthanol et l’éthanol « ne sont pas amis mais plutôt de puissants concurrents, cependant, le foie préfère traiter l’éthanol. En présence de méthanol et d’éthanol dans le corps, le foie privilégie l’éthanol et le transforme en un métabolite qui ne cause pas de toxicité grave, retardant ainsi le métabolisme du méthanol en métabolite toxique qui conduit à la mort, donnant ainsi au corps le temps d’éliminer le méthanol par l’urine sans le transformer en substance toxique ».

Il a continué : « C’est pourquoi les patients ou leurs accompagnateurs ne doivent pas être surpris si on leur demande d’apporter une bouteille de boisson alcoolique à haute teneur pour administrer au patient afin de pousser le foie à se concentrer sur l’éthanol, donnant ainsi suffisamment de temps aux reins pour éliminer le méthanol mortel ; l’éthanol est donc un antidote efficace contre l’alcool méthanolique. »

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