Société

Défense rigoureuse pour une notaire détenue avec « l’Escobar du sahara » insiste sur l’absence de preuves contre Bioui

L’avocat de la barre de Oujda, Yassin Ibn Massoud, a plaidé jeudi 27 juin 2024 devant la cour d’appel de Casablanca, attirant l’attention sur la détérioration de l’état de santé de la notaire Salima B., détenue dans le cadre de l’affaire « l’Escobar du désert », qui souffre d’un cancer. Il a insisté sur le manque de preuves dans le dossier de son client Abdel Rahim Bioui, frère du président du conseil régional de l’Oriental, Abdenabi Bioui, soulignant que la période de détention préventive pour les délits était terminée.

L’avocat de la barre de Oujda a comparé le cancer dont souffre sa cliente à « un fleuve héraclitéen impétueux qui ne sera arrêté que par sa libération provisoire selon l’article 180 et suivants du Code de procédure pénale, avec toute autre mesure que le tribunal jugerait appropriée ». Il a précisé que c’était la seule voie pour qu’elle puisse rattraper les traitements de chimiothérapie manqués après six mois de détention non justifiée, selon Ibn Massoud.

L’avocat a insisté sur la libération de ses quatre clients, y compris la notaire, Abdel Rahim Bioui, et deux employés de l’entreprise Bioui, « soulignant que la poursuite de la détention de son deuxième client, le frère de Bioui, président du conseil régional de l’Oriental et homme d’affaires et ancien leader du parti Authenticité et Modernité, est en contradiction avec le principe bien établi de ne pas émettre d’ordre de détention en prison en l’absence de preuves suffisantes, une conviction partagée par tous les acteurs de la justice pénale, depuis le ministère public jusqu’au juge d’instruction et au tribunal de jugement ».

Le défenseur de la notaire détenue à la prison d’Oukacha, dans son plaidoyer initial, a considéré que « la dangerosité des actes ne peut pas être envisagée de manière abstraite car tous les crimes sont en eux-mêmes graves, mais il faut plutôt considérer que cette dangerosité existe ou non avec la preuve », rappelant « les cas de détention préventive qui se sont terminés par un acquittement ou un non-lieu, soulignant ainsi la responsabilité du ministère public, en particulier lorsque les procédures de référence ne sont pas soutenues par des preuves suffisantes comme dans le cas présent ».

L’avocat Yassin Ibn Massoud a également souligné que « la poursuite de la détention des deux autres accusés, les employés accusés de dissimulation d’objets obtenus par délit, conformément à l’article 571 du Code pénal pour plus de six mois, viole le principe de proportionnalité de la peine au fait, supposant leur condamnation conformément à l’article 146 du Code pénal, car la plupart des sentences prononcées à cet égard sont des peines avec sursis ou de courtes durées ».

Dans son plaidoyer pour le frère de Bioui, ses employés, et la notaire atteinte de cancer, il a insisté pour rappeler au ministère public qui s’oppose systématiquement à toutes les demandes de libération sans justification légale ou réaliste, citant l’écrivain égyptien Tawfiq Al-Hakim qui travaillait comme procureur dans les campagnes égyptiennes et qui a écrit dans ses mémoires, comme il l’a dit dans l’un de ses chapitres : « Je vis avec le crime dans les mêmes chaînes ».

L’avocat a souligné que « la poursuite de la détention préventive place tout le monde dans les mêmes chaînes, le ministère public, la défense et le soutien, et même la société dans son ensemble, car ce n’est pas juste une mesure ordinaire qui pourrait être traitée procéduralement à l’avenir, mais c’est une mesure substantielle et une décision cruciale dans la vie de nombreuses personnes contre lesquelles elle est prise, affectant directement leurs intérêts familiaux et professionnels ». Il a souligné que « cette situation exige de tous une grande prudence avant de la prendre, en particulier en l’absence de flagrant délit conformément à l’article 56 du Code de procédure pénale ».

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