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Le double aspect du socialisme sandien, dans Le Meunier d’Angibaut

Dés sa petite enfance, Aurore Dupain, la future George Sand, comprendra vite que sa mère adorée est quelqu’une qui n’est pas comme les autres personnes de son entourage aristocratique. C’est une femme pauvre. De cette mère, simple ouvrière parisienne, Sand héritera « ce sang plébéien » qui va souvent la pousser à dénoncer l’inégalité entre les classes, et à défendre la cause du peuple.

Par ses origines mixtes, Sand allie classes noble et populaire. Sa descendance lui a conféré un titre aristocratique mais avec un ample penchant vers la classe populaire. C’est pratiquement sur la cause du peuple que George Sand s’engage dans son Meunier d’Angibault. A l’écriture de ce roman, Sand était bien gagnée aux idées socialistes, sous l’influence de nombreux membres de son entourage et notamment de Pierre Leroux. C’est  l’époque où le courant romantique atteint son summum, avec un tout début d’apparition du réalisme. Ainsi, le socialisme sandien va être bien marqué par ces deux courants littéraires. C’est un socialisme qui va avoir un double aspect ; il est à la fois réaliste et romantique.

D’abord le socialisme sandien, est réaliste ; vu que la romancière avec son allure de peindre la réalité de la société berrichonne, garde les pieds sur terre et sa plume demeure ancrée dans la réalité. Le socialisme réaliste de Sand se manifeste notamment dans sa façon de critiquer la classe bourgeoise. Cette classe ascendante, d’après Sand, ne renferme que des égoïstes et des cupides. Résolument, et toujours selon Sand, il s’agit d’une classe qui n’a qu’un seul but : le redoublement de la fortune qui passe par l’accroissement de la propriété et l’exploitation des nécessiteux. Néanmoins, Sand et tout en dénonçant la classe bourgeoise, insiste sur la nécessité de l’éducation du peuple. Sand a un but clair ; celui de faire des pauvres, des gens haussés et autonomes. La châtelaine de Nohant, pense que sans instruction, l’émancipation de la classe populaire demeure absolument inexécutable, ce qui est entièrement réaliste.

En plus de la nécessité d’éduquer le peuple, Sand pense que la  stratégie qui est capable de gommer l’inégalité entre les différentes classes sociales doit faire appel à un double fait ; d’abord : l’abolition de la propriété, puis l’adoption du travail communautaire. Ce sont là, d’après Sand, les deux éléments nécessaires pour servir la cause du peuple. Toutefois sur cette question de propriété, Sand a une vision utopique. Sand croit que les riches doivent céder leur fortune aux pauvres, pacifiquement et sans aucune forme de violence. Pourtant, la solution que la romancière adopte pour améliorer le sort des classes basses, repose sur le précepte chrétien de la bienfaisance. Sand juge que c’est aux riches d’aider matériellement les pauvres. C’est une idée qui demeure trop romantique et difficilement réalisable.

Il y a certes une certaine ambivalence entre les buts et les moyens chez Sand, mais qui disparait complètement quand on  admet que le texte sandien est fondamentalement moral. Le but principal de l’écrivaine c’est de changer la société en anéantissant les inégalités sociales.  De tel changement doit aboutir incontestablement, selon Sand, à la réforme de la société. La romancière veut se soustraire à une révolution politique sanglante. Elle est pour un changement social doux et pacifique. C’est la voie d’un socialisme à la fois réaliste et romantique dont elle a profondément cru.

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