Après le rapprochement avec l’Éthiopie et le Kenya… le Maroc se rapproche-t-il de l’expulsion du « Polisario » de l’Union africaine ?

Depuis que le roi Mohammed VI a officiellement annoncé la décision du Maroc de revenir au sein de l’Union africaine, dont il était l’un des fondateurs, dans une lettre adressée au 27e sommet de l’UA tenu à Kigali, capitale du Rwanda, en 2016, le Maroc a décidé de travailler selon une stratégie plus large pour renforcer sa position au sein de l’organisation continentale.
Le royaume a entrepris de s’ouvrir à de nombreux pays par le biais de visites royales, y compris des pays qui, jusqu’à récemment, étaient considérés comme des bastions de soutien au front séparatiste du « Polisario », mais qui ont depuis retiré leur reconnaissance de la république fictive.
Dans ce contexte, la diplomatie marocaine poursuit des efforts intensifs pour renforcer ses relations avec plusieurs pays africains, notamment l’Éthiopie et le Kenya. Cette stratégie est perçue par certains observateurs comme visant à obtenir le soutien de ces pays aux positions du Maroc sur la question du Sahara marocain.
À cet égard, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, a reçu, au siège du ministère à Rabat, la nouvelle ambassadrice du Kenya au Maroc, Jessica Muthoni Gakina, concrétisant la décision des dirigeants du Maroc et du Kenya de développer et renforcer les relations bilatérales entre les deux pays. Le chef de la diplomatie marocaine a reçu de l’ambassadrice kenyane les copies de ses lettres de créance en tant qu’ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Kenya auprès du Royaume du Maroc.
Les relations bilatérales entre le Royaume du Maroc et la République fédérale démocratique d’Éthiopie, enracinées dans une riche et profonde histoire, connaissent également une nouvelle dynamique depuis la visite historique du roi à Addis-Abeba en 2016. Ce partenariat stratégique vise à renforcer les objectifs communs des deux pays, tout en contribuant activement au développement et à la stabilité du continent africain.
Fin août, le ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé de l’administration de la défense nationale a reçu, au siège de cette administration à Rabat, le maréchal Berhanu Gola Gelalcha, chef d’état-major des Forces de défense nationale éthiopiennes, qui effectuait une visite officielle au Royaume du 25 au 29 août, à la tête d’une importante délégation.
Un communiqué de l’état-major des Forces armées royales a précisé qu’après avoir passé en revue l’état de la coopération bilatérale dans le domaine de la défense et les possibilités de son renforcement, les deux responsables ont exprimé, lors de cette rencontre, leur satisfaction quant au niveau exceptionnel atteint par les relations d’amitié et de coopération entre les deux pays, tout en exprimant leur aspiration et leur volonté communes de renforcer à l’avenir ces relations exemplaires.
Commentant ce rapprochement, le chercheur en droit international, Noufel Bâamri, a déclaré que le rapprochement établi par le Maroc avec plusieurs pays africains reposait sur des bases économiques et de développement, construites sur des partenariats multiples. Ces relations ont été bâties sur le respect de la souveraineté de ces pays et la non-ingérence dans leurs affaires internes, tout en créant des opportunités de paix en Afrique.
Bâamri a ajouté, dans une déclaration au journal « Al Omk », que ce rapprochement avait débuté avec la signature par environ la moitié des pays africains d’une lettre soutenant le retour du Maroc à l’Union africaine. Cette orientation a été renforcée par les projets lancés par le Maroc en Afrique, ce qui a poussé plusieurs pays du continent à revoir leur position vis-à-vis de l’entité fictive, à geler leurs reconnaissances précédentes et à déclarer leur soutien à la marocanité du Sahara en ouvrant des consulats à Dakhla et Laâyoune.
Le chercheur a conclu que tous ces développements auront un impact positif sur l’Union africaine et sur la position des milices du Polisario en son sein. Le Polisario avait été accepté dans un contexte international lié à la guerre froide, un contexte qui a changé. L’Union africaine commence progressivement à s’éloigner du conflit autour du Sahara et de cette question dans son ensemble, et ses décisions tendent à soutenir l’exclusivité du traitement du dossier par les Nations Unies, en accord avec les résolutions du Conseil de sécurité. Cela pourrait éventuellement conduire à la suspension de la qualité de membre du Polisario au sein de l’UA, voire à son expulsion, le réduisant à un statut de simple entité politique secondaire aux côtés des deux parties principales du dossier : le Maroc et l’Algérie.
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