Conseil de la concurrence: La cupidité des entreprises, principale cause de l’inflation au Maroc

Le rapport annuel du Conseil de la concurrence pour l’année 2023 a révélé que certaines entreprises exploitent leur pouvoir sur le marché pour augmenter les prix de manière injustifiée, profitant ainsi de l’inflation qui a touché le Royaume récemment. Ce phénomène est connu sous le nom de « cupidité inflationniste » (Cupidflation), une pratique qui s’ajoute à d’autres phénomènes tels que l’« inflation rétractée » (Shrinkflation) et l’« inflation des produits bon marché » (Cheapflation).
En évoquant les principales causes de la vague inflationniste, le rapport souligne la diversité de ces raisons. Alors qu’en 2022, elles étaient principalement liées aux chocs externes qui ont affecté l’offre et augmenté les prix des importations, l’année 2023 a été marquée par une atténuation de ces pressions externes.
Cependant, certains facteurs ont continué à influencer l’inflation durant les premiers mois de 2023, notamment l’inflation importée, dont l’impact a nettement diminué en raison de la baisse des fluctuations des prix des denrées alimentaires et des carburants.
Selon le rapport, les chocs climatiques ont également joué un rôle majeur en impactant les prix des produits alimentaires locaux, ce qui a provoqué des variations dans les prix des légumes et des fruits.
Du côté de la demande, l’année 2023 a connu une légère reprise de la consommation des ménages, mais sans atteindre des niveaux excédentaires susceptibles de générer une inflation par la demande. Malgré cette reprise, les pressions inflationnistes sont restées sous contrôle grâce à d’autres facteurs tels que l’augmentation du taux de chômage et la détérioration du pouvoir d’achat, empêchant ainsi une spirale inflationniste entre les prix et les salaires.
Concernant les conditions monétaires, le rapport observe que la baisse de l’inflation a coïncidé avec une augmentation de la circulation de la monnaie de crédit et des besoins croissants des banques en liquidités en 2023, atteignant 111,4 milliards de dirhams en moyenne hebdomadaire, contre 86,7 milliards à la fin de 2022. Cette situation a poussé Bank Al-Maghrib à intensifier l’injection de liquidités.
Le Conseil de la concurrence n’exclut pas que la baisse notable de l’inflation soit liée au ralentissement du taux d’octroi de crédits aux ménages, résultant du resserrement de la politique monétaire. Selon Bank Al-Maghrib, la croissance des crédits est passée de 3,6 % en 2022 à 2 % en 2023.
Pour atténuer l’inflation, le rapport précise que l’État a pris plusieurs mesures politiques visant à réduire l’inflation à des niveaux gérables, tout en évitant la persistance de pressions inflationnistes sur une longue période.
Parmi ces mesures figurent le maintien de la subvention du gaz butane, du sucre et de la farine, ainsi que l’augmentation du salaire minimum dans les secteurs agricoles et non agricoles à partir de septembre 2023. D’autres mesures incluent des exonérations fiscales sur certains produits essentiels tels que les aliments pour bétail et certains médicaments.
Le rapport indique également qu’un budget de 10 milliards de dirhams a été alloué pour soutenir le secteur agricole, incluant une aide sur les prix des aliments importés pour le bétail, des semences et des engrais, afin de réduire les coûts de production des légumes et des fruits. De plus, une aide exceptionnelle a été accordée aux travailleurs du secteur des transports pour atténuer l’impact de la hausse des prix des carburants.
Sur le plan monétaire, Bank Al-Maghrib a adopté une politique prudente visant à ancrer les attentes des acteurs économiques concernant l’inflation. Malgré une augmentation de 150 points de base du taux directeur, le portant à 3 %, la banque a maintenu ce niveau pour assurer la stabilité des prix et éviter des effets néfastes sur l’économie, tout en cherchant à maîtriser l’inflation sans provoquer une hausse excessive des prix.
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