Société

Régions méridionales : les pluies salvatrices ravivent les oasis et redessinent l’avenir agricole

Après des décennies marquées par une sécheresse accablante, ayant mis à rude épreuve les ressources hydriques des régions méridionales et perturbé l’ensemble des secteurs vitaux, en particulier l’agriculture, les récentes pluies diluviennes se présentent comme une bénédiction pour les habitants de ces contrées. Ces précipitations, tant espérées, portent en elles une promesse de renouveau et d’effets bénéfiques sur divers plans, avec des répercussions majeures, notamment dans le domaine agricole.

Parmi les secteurs les plus immédiatement impactés, celui des oasis et de la culture des palmiers-dattiers se distingue. Ces deux piliers de l’économie locale, qui avaient vu leurs rendements chuter sous l’effet de la sécheresse, renaissent grâce à ces pluies salvatrices, redonnant à ces oasis leur éclat verdoyant et renouvelant les perspectives de prospérité.

Les données révèlent que, durant les deux dernières décennies, les nappes phréatiques des oasis ont subi une baisse drastique de 15 à 20 mètres cubes par an, provoquant une réduction de 34 % de la production de dattes.

Les statistiques officielles montrent également que le Maroc a perdu près des deux tiers de ses palmiers au cours du siècle dernier, leur nombre étant passé de 14 millions à un niveau bien inférieur. En outre, près de deux millions de Marocains, soit environ 5 % de la population totale, vivent dans les oasis, qui couvrent 15 % du territoire national.

Dans ce contexte, Riad Ouahtita, expert en sciences agricoles, a déclaré que ces pluies récentes incarnent un souffle d’espoir pour les régions du Sud, longtemps frappées par la sécheresse. Il a précisé que ces précipitations permettront à ces territoires d’échapper à une phase critique de dessèchement des sols. L’expert a souligné que le Maroc a connu, au cours des six dernières années, deux vagues de sécheresse, marquées par un manque de pluies et une baisse inquiétante des nappes phréatiques.

S’agissant des oasis, Ouahtita a indiqué que les plantations récentes bénéficieront directement de ces pluies, stimulant ainsi la croissance des palmiers-dattiers. Cependant, les palmiers déjà en production pourraient être confrontés à des défis en raison de la hausse des températures et du retour des conditions climatiques antérieures, favorisant la prolifération de maladies fongiques dues à l’humidité accrue.

Il a ajouté que ces précipitations participeront à la régénération du couvert végétal et à l’expansion des pâturages, une excellente nouvelle pour les nomades qui, ces dernières années, migraient vers le nord à la recherche de zones verdoyantes.

Ouahtita a également souligné que ces pluies contribueront à la préservation des troupeaux et à la réduction des migrations nomades, ce qui permettra de sauvegarder des races animales essentielles, comme celle du D’man. Par ailleurs, il a mis en exergue que ces précipitations précoces permettront d’anticiper le démarrage de la saison agricole, avec la possibilité de commencer la culture des céréales et autres productions.

Malgré ces bienfaits incontestables, il n’en demeure pas moins que certaines retombées négatives doivent être prises en compte. En effet, ces pluies torrentielles ont provoqué des dommages dans certains vergers, notamment ceux de pommiers, ainsi que dans quelques oasis.

L’expert a également appelé à une réévaluation des infrastructures hydrauliques, en notant que les barrages n’ont pas tiré pleinement parti de ces pluies. Le taux de remplissage des barrages reste encore faible, avoisinant les 27 %.

Ouahtita a exhorté à la généralisation du programme national visant à interconnecter les grands barrages avec des infrastructures de taille moyenne et locale, afin d’optimiser l’usage des précipitations. Il a notamment cité en exemple le succès du barrage El Wahda à Larache, qui a permis de sécuriser l’approvisionnement en eau de Rabat et Casablanca, plaidant pour l’extension de cette politique à d’autres régions, en particulier celles du Sud.

L’expert a également insisté sur la nécessité d’une gestion rigoureuse de ces ressources, notamment en ce qui concerne les cultures à forte consommation d’eau, telles que la pastèque, afin de préserver la durabilité des ressources hydriques.

En outre, la production nationale de dattes a été gravement affectée par les récentes vagues de sécheresse, entraînant une chute de la production à 108 000 tonnes, alors qu’elle oscillait auparavant entre 145 000 et 150 000 tonnes.

Le Maroc se classe au 7e rang mondial pour la production de dattes, avec une moyenne annuelle de 135 000 tonnes réparties sur 453 variétés, selon le ministère de l’Agriculture. Le pays ambitionne d’atteindre une production de 300 000 tonnes de dattes annuellement d’ici à 2030, avec un objectif de plantation d’environ 6 millions de palmiers-dattiers.

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