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Manar Slimi : La décision de la Cour européenne est une déclaration politique, les États de l’Union européenne doivent garantir les accords

Le président du Centre Atlantique d’Études Stratégiques et d’Analyse Sécuritaire, Abderrahim Manar Slimi, a déclaré que le Maroc n’est pas concerné par la décision de la Cour de justice de l’Union européenne, car il n’est pas partie prenante dans ce dossier. Il a souligné que ce qui se passe est avant tout un conflit interne entre les institutions européennes, malgré la propagande algérienne qui tente de présenter cette décision comme une victoire imaginaire pour elle-même et pour ses milices à Tindouf.

Vendredi dernier, la Cour de justice de l’Union européenne a annulé les accords de pêche et de libre-échange agricole signés en 2019 entre l’Union européenne et le Royaume du Maroc, en invoquant le fait que ces accords « ne respectaient pas les principes fondamentaux du droit international », en particulier le principe de « l’autodétermination du peuple du Sahara occidental », selon ses prétentions.

Dans une vidéo publiée sur sa chaîne YouTube, Slimi, professeur de droit international à l’Université Mohammed V de Rabat, a déclaré que cette décision de la Cour n’est qu’une déclaration politique, n’ayant aucun lien avec le droit international. Il a noté que la Cour n’est pas indépendante, contrairement à ce que certains pourraient penser, et qu’elle est instrumentalisée par certains États membres de l’Union européenne pour gérer des équilibres internes.

Il a ajouté que cette décision intervient dans un contexte où de plus en plus d’États reconnaissent la souveraineté marocaine sur le Sahara, et où le Maroc, en tant que puissance régionale émergente, commence à imposer ses conditions depuis une position de force. Cette montée en puissance s’inscrit dans une stratégie marocaine de diversification des partenariats, en écho au discours royal qui a souligné l’importance de la reconnaissance de la marocanité du Sahara dans ses relations avec les autres États.

Slimi a également critiqué l’approche biaisée de la Cour, qui a délibérément omis de mentionner les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, lesquelles sont des règles impératives en droit international. En outre, il a fait remarquer que 19 des États membres de l’Union européenne soutiennent la proposition marocaine et reconnaissent la marocanité du Sahara.

Concernant la consultation du « peuple sahraoui » mentionnée par la Cour, Slimi a souligné que cette institution ne tient pas compte de la réalité, rappelant que des élections sont régulièrement organisées dans les provinces sahariennes du Maroc depuis 1977, et que les élus locaux représentent légitimement les populations sahariennes au sein des institutions marocaines.

En outre, Slimi a réaffirmé que le Maroc n’est en aucun cas concerné par cette décision, et que ce sont les États de l’Union européenne qui doivent garantir la pérennité des accords s’ils souhaitent maintenir des partenariats avec le Royaume. Il a aussi précisé que le Maroc, ayant diversifié ses partenaires, n’attend pas exclusivement l’Europe. De plus, les aspects financiers de ces accords n’étant pas favorables au Maroc, une renégociation pourrait lui offrir l’opportunité d’imposer des conditions plus avantageuses.

Slimi a conclu que les véritables perdants de cette décision sont les pays européens, qui se retrouvent otages d’un verdict pour lequel l’Algérie a dépensé des sommes faramineuses, aux dépens de son propre peuple, dans une tentative de sauver le régime militaire en place dans le pays voisin. Il a souligné que cette décision n’a aucune valeur juridique contraignante, et que seules les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies sont opposables.

Le Maroc a réagi en affirmant qu’il ne se considère pas concerné par cette décision de la Cour de justice européenne. Le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger a précisé que « le Royaume n’a pris part à aucune étape de cette procédure judiciaire ».

Dans un communiqué, le ministère a rappelé que « le Maroc n’est pas partie dans cette affaire, qui concerne d’une part l’Union européenne et d’autre part le Front Polisario, soutenu par l’Algérie », soulignant que « le Maroc n’a participé à aucune phase de ces procédures et ne se considère donc pas concerné par cette décision ».

Le communiqué ajoute que « le contenu de cette décision comporte des erreurs juridiques manifestes et des inexactitudes factuelles troublantes », reflétant « une méconnaissance flagrante des réalités du dossier, ou un parti pris politique évident ».

Le ministère a également souligné que « la Cour a outrepassé les compétences des autorités compétentes des Nations Unies, en se contredisant avec leurs positions bien établies ». Le communiqué a comparé cette décision avec celle de la Cour suprême britannique dans une affaire similaire, en louant l’approche plus équilibrée et objective de cette dernière.

Le Maroc a appelé le Conseil de l’Union européenne, la Commission européenne et les États membres de l’Union à prendre les mesures nécessaires pour respecter leurs engagements internationaux et préserver les acquis du partenariat, tout en assurant la protection juridique que mérite le Maroc en tant que partenaire stratégique.

Le ministère a réitéré la position ferme du Maroc, affirmant qu’il ne signera aucun accord ou instrument juridique qui ne respecte pas son intégrité territoriale et son unité nationale.

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